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Désigné comme juré, un Britannique musulman ne souhaite pas juger d’autres hommes

Prendre part à la justice des hommes ou s’en remettre à la justice divine, c’est à un vrai cas de conscience qu’a été récemment confronté un citoyen britannique de confession musulmane, au risque de passer du banc des jurés, où il avait l’obligation de siéger, à celui, très inconfortable, du banc des accusés, passible d’une amende prohibitive. Son délit ? Refuser de représenter la société et de faire appliquer la loi dans l’enceinte de la Haute Cour criminelle de Londres, le Old Bailey.

Sa requête formulée par écrit, aux élans de sincérité indéniables, a été considérée comme irrecevable par le juge Timothy Pontius QC, même si ce dernier a parfaitement perçu le cruel dilemme intérieur qui tourmentait ce justiciable, au point de se mettre en délicatesse avec la loi.

"En tant que musulman, je crois que l’on ne devrait pas juger quelqu'un et décider de son sort. Je ne peux pas prendre la responsabilité de juger une personne et de statuer en faveur de son innocente ou de sa culpabilité. Je crois que nous sommes jugés après notre mort et je déteste l'idée qu’une personne innocente puisse souffrir de ma décision", a-t-il argumenté, en plaidant vainement sa cause pour se soustraire à ce devoir civique lourd de conséquences pour le fervent croyant qu’il est.

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Mais le juge Timothy Pontius QC, habitué à trancher au coup sec de son maillet,  ne l’a pas entendu de cette oreille, s’opposant à l’octroi d’une dérogation exceptionnelle. "Nombre de jurés sont des croyants très pieux, de toutes obédiences. Certains ont, comme cet homme, leur foi profondément ancrée en eux, et pourtant ils assument leurs responsabilités civiques et acceptent de juger leurs concitoyens en conscience et en accord avec leur croyance", a-t-il répondu en justifiant sa fin de non recevoir. Et de poursuivre, en faisant montre de compréhension : "Je ne doute pas un instant de la force de vos convictions religieuses, mais pour les raisons que je viens d'énoncer, je suis au regret de ne pouvoir accéder à votre demande et vous dispenser d’accomplir votre devoir de juré".

Devant ce veto irrévocable, le sujet musulman de la Couronne britannique s’est finalement rangé du côté de la loi des hommes, certes à contrecoeur, reconnaissant toutefois que si famille était victime d’un dangereux assassin, il souhaiterait, lui aussi, que son crime ne reste pas impuni. "Je vis dans ce pays et je me dois me soumettre à ses lois. Si vous m’ordonnez d’accomplir mon devoir civique, alors je n'ai d'autre choix que de m'y résoudre" , a-t-il fait savoir, avant d’attendre le jour fatidique où il pénétrera dans le tribunal pour rendre la justice.

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