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Des Marocaines vivant à l’étranger réfoulées à l’entrée d’un bar-restaurant de Casablanca

Quatre jeunes femmes, dont une arbore un voile, à qui l’accès au bar-restaurant d’un hôtel est refusé sans autre forme de procès, c’est une scène particulièrement choquante, quel que soit l’endroit du monde où cet ostracisme à peine voilé frappe, mais quand elle a pour cadre une terre musulmane, en l’occurrence le Maroc, elle sidère et laisse sans voix…

Cette impensable discrimination s’est abattue, jeudi dernier, sur quatre Marocaines abasourdies qui résident en France, Belgique et Espagne, au terme de vacances ensoleillées passées au pays. Les quatre amies peinent aujourd’hui à se remettre de l’incroyable, et non moins insupportable humiliation qui a gâché l’une de leurs dernières soirées à Casablanca.

"Quand nous sommes arrivées, l’homme de l’accueil nous a prévenues que nous n’aurions pas accès au Skybar. Mais, nous n’y avons pas fait attention, parce que nous ne comprenions pas pourquoi il nous disait cela", a relaté Sanaa au site Yabiladi, l’une des infortunées Marocaines qui n’était pas au bout de ses surprises…

Une fois à l’entrée du Skybar, les choses se sont corsées et l’inimaginable s’est produit : "Le gars nous a d’abord dit qu’on ne pouvait pas entrer parce qu’on n’avait pas réservé. Je lui ai expliqué qu’on était attendues par un ami actuellement logé à la Villa Blanca. Ce dernier nous a d’ailleurs rejointes à l’entrée. C’est alors que le vigile nous a dit qu’on ne pouvait pas entrer à cause de l’une de nous qui est voilée", a-t-elle poursuivi.

Les mots étaient lâchés, l’incroyable justification invoquée, digne de nos contrées où l’islamophobie fait rage, stupéfiant les jeunes femmes  "Je lui ai demandé s'ils avaient peur du terrorisme. Il m’a alors répondu que les clients allaient se sentir mal. Le fait d’avoir une personne d’apparence pieuse alors qu’ils boivent de l’alcool pourrait les déranger’’, rapporte Sanaa qui a finalement franchi, seule, le seuil du Skybar, pour voir de ses propres yeux l’ambiance qui y régnait, tandis que ses trois autres amies sont allées consommer ailleurs.

"Il n’y avait rien de plus normal. C’est comme tous les bars d’hôtel, à la seule différence qu’il y a de la musique avec un volume un peu élevé. J’ai pris un Coca et j’ai vu d’autres personnes consommer des boissons non alcoolisées", a-t-elle précisé, avant de s’indigner : "Pour nous, c’est de la pure discrimination et c’est hyper négatif pour le Maroc ! Si c’est pour le foulard, je ne comprends pas. Si ça avait été un coin chaud où les gens se baladent à moitié nus, ok ! Mais nous vivons en Europe, nous avons toutes l’habitude de voir les gens boire de l’alcool."

Du côté du Skybar, son tenancier reconnaît sans difficultés refouler les femmes voilées, mais uniquement, selon ses dires, pour des raisons liées à la vente d'alcool. Du côté de la législation marocaine, la nuance, qui lui a manifestement échappé, est de taille, car s’il est « interdit de vendre ou d’offrir des boissons alcoolisées à des marocains musulmans », l’accès aux établissements qui en font commerce n’est pas limité à une certaine catégorie de personnes, ou de touristes… Ceci est considéré comme de la discrimination au regard du Code Pénal marocain, comme l’a indiqué Me Abd El Atif Hatmi, avocat au barreau de Casablanca.

Une discrimination pure et dure aux yeux des quatre malheureuses amies marocaines vivant sous d'autres cieux, dont elles pensaient la croisade anti-voile inexportable au royaume de l'Atlas, qui ont bouclé leurs bagages le cœur bien lourd, le doux souvenir des premiers jours étant effacé par celui plein d’amertume de la fin de leur séjour.

 

 

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