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Des Houris & des hommes (1/2)

• Pendant que d’aucuns, ivres de pouvoirs, « troussent des soubrettes » ici-bas, d’autres rêvent de déflorer à la chaine de jeunes vierges en l’Au-delà !

Le Paradis devient ainsi un immense lupanar pour priapiques, une infinie orgie céleste entièrement dédiée au plaisir des sens ! Ceux qui attentaient la contemplation de la « Face de Dieu » sont priés de changer de lieu ! Toutes jeunes, toutes vierges, les Houris sont condamnées à subir les assauts virils des bienheureux satyres et, pire encore – l’imagination clinique de nos exégètes est ici sanglante – à se voir nanties d’un hymen éternellement régénéré. Tout orgueil méditerranéen bu, la défloration n’a jamais été un plaisir, ni pour l’homme ni pour la femme. Ce passage initiatique primitif, ce marquage archaïque des femelles fait-il sens pour un homme et une femme actuels ?

• Le Paradis, dont nous conviendrons tous qu’il est l’image hyperbolique de la réalité, serait-il réduit à de pauvres phantasmes ? Ne serait-il que satisfaction jamais épuisée des sens et de la chair ? Plus encore, serait-il l’expression infinie des déséquilibres et injustices d’ici-bas ? Ferait-il de l’homme c’est éternel dominateur, et de la femme son éternelle soumise ?! 

La condition de ces Houris du Paradis ne serait-elle alors que le reflet idéalisé de celle des femmes ici-bas ! Il ne s’agit point pour nous de grivoiserie exégétique, mais ces orientales gauloiseries reflètent de notre point de vue l’iniquité des croyances sociales et la connivence entre l’exégèse et les cultures des hommes. Le Coran aurait-il vraiment magnifié la phallocratie ? Dieu serait-Il phallocrate ? Ou bien seraient-ce les interprétations de la révélation qui témoigneraient de ce travers masculin ?

Ces questions ne sont donc en rien déplacées, mais s’inscrivent dans  le droit fil de la série d’articles que nous avons publiée au sujet de l’égalité plénière et foncière entre l’homme et la femme selon le message coranique initial.[i] Ainsi, ce qui pourrait ne relever que de la psychologie, de l’ethnographie ou de l’étude de mœurs, nous permettra-t-il,  à nouveau, de démystifier les herméneutiques, de démasquer les interprétations ; entre nous et le Coran s’interposent le corps exégétique et ses nombreux voiles. Précisons enfin que l’ensemble de cette étude ciblée ne prendra pas en compte un autre aspect de la discussion : la signification coranique des concepts Paradis et Enfer.[ii]  

• Ensuite, comprendre le Coran est comprendre un texte, linguistiquement cette démarche repose sur trois questions simples, mais essentielles : – Quels sont les sens des mots ? Quel est le sens des phrases impliquées ? Quel est contextuellement le sens voulu ? Concernant notre sujet : 1– Quel est le sens du mot Houri ? 2– Quel est le sens apparent des 4 versets concernés ? 3– Quelle signification coranique en déduire ? Démarche cohérente qui, concernant le Coran, est rendue délicate du fait des fort nombreuses sur-constructions ou surinterprétations dont il est l’objet, mais ce constat a de positif qu’il impose à qui veut comprendre le texte coranique de suivre des voies de démonstration rigoureuses.     

1 – Quel est le sens du mot Houri ?

Plus un terme est rendu évident par l’usage et moins il nous parait nécessaire d’en examiner le sens, la magie des cercles herméneutiques repose pour partie sur ce principe. D’une part, le mot houriest passé en français ce qui n’est pas sans favoriser une certaine confusion lexicale et, d’autre part, le terme arabe hûrest étymologiquement bien attesté ce qui rend encore possible d’en explorer les sens.[iii] Il dérive de la racine verbale hâr  qui indique initialement l’idée de revenirà l’origine

Mouvement de retour qui fut par suite lié à l’idée de puretéexactement comme l’idée de retour originel en français. De là, on qualifia ainsi un blanc pur, puis par extension l’action de blanchir par le lavaged’où le pluriel hawâriyyûn qui signifie blanchisseursou lavandierset qui dans le Coran désigne les disciples de Jésus, probablement du fait qu’ils pratiquèrent le baptême par immersion afin de purifier des péchés, blanchir les cœurs. Ainsi, hawar vint à désigner un œil parfaitement blancet, par contraste, à l’iris noir profond, l’œil de la gazelle, mais le sens général de ce mot connote toujours la notion de pureté.

La forme superlative ahwar qualifie donc celui ou celle qui aurait de tels yeux ce que la culture arabe considère être un critère de beauté. Le terme coranique hûr est le pluriel de ahwar, pluriel mixte qui désigne aussi bien des femmesque des hommesaux beaux yeux noirs, métonymie signifiant qu’ils sont d’une beauté pure. De plus, sur les quatre mentions du mot hûrdans le Coran, trois forment une expression composée : hûr ‘în, où le mot ‘în, pluriel de a‘yanet ‘aynâ’,  qualifie déjà celui qui a une grande prunelle noire de telle sorte qu’en cette expression coranique le mot hûr connote préférentiellement la notion de pureté. La traduction rigoureuse de l’expression hûr‘în sera donc : êtres purs aux yeux d’une grande beauté,  et pour l’usage isolé de hûren S55.V72uniquement : des êtres purs

Nous constaterons donc dès à présent que les traductions, ou les images mentales que ce mot suscite en nos imaginaires, telles que vierges célestesou vierges aux yeux noirs… sont largement surinterprétées. De même, il est tout à fait incorrect d’user dans les traductions du Coran de la forme francisée houri[iv]puisque ce serait transformer à tort un adjectif coranique en un nom propre et que de plus la définition moyenne des dictionnaires en est : vierge céleste d’une gran
de beauté promise par le Coran aux fidèles dans le Paradis d’Allah
. Nous le verrons, en dehors même de cette mainmise exégétique lexicalement inacceptable, la réalité coranique est bien différente.

Par ailleurs, si le mot hûr est mixte, il appert que dans le Coran il concerne des êtres féminins.[v] En effet, en sourate ar-Rahmân, après avoir expressément mentionné ce terme au v72, il est explicitement et littéralement précisé à leur sujet : « que n’ont déflorées auparavant[qabla-hum] ni homme ni djinn » v74, concernant sa signification exacte nous retrouverons plus avant ce verset. S’agissant d’êtres féminins, il est alors tout fait possible de traduire le mot hûr, lorsqu’il est à l’état isolé, par l’adjectif « Pures », nous lisons alors : « Parmi elles, de nobles élues de vertueuse beauté  – Mais quel bienfait de votre Seigneur nierez-vous donc ; vous deux ! – des Pures[hûrun], retirées[vi]sous les tentes. » S55.V72.

Ceci étant acquis, à moins que d’y projeter les histoires brodées par l’exégèse, le sens du mot hûr, Pures, ou par conséquent celui de l’expression hûr ‘înpures aux yeux d’une grande beauté, ne nous indique pas la nature et la fonction de ces êtres féminins. Pour les déterminer, deuxième étape, nous devons examiner les versets en faisant mention.

2– Quel est le sens apparent des versets concernés ?

Quatre versets mentionnent expressément les « houris » et fournissent les lignes de sens principales, nous les étudierons prioritairement. Quelques autres sont complémentaires, ils seront envisagés au point 3 de notre analyse.

– Les deux premiers délivrent une même information : «  Ils seront accoudés sur des divans alignéset Nous les unirons à des Pures aux yeux d’une grande beauté [wa zawwajnâhum bi-hûri ‘în]. » S52.V20,et : « Ils revêtiront des habits de fine soie et de brocart, se faisant face ; ainsi, et Nous les unirons à des Pures aux yeux d’une grande beauté. » S44.V54.Ces deux versets sont sans ambigüité à condition d’en bien comprendre le sens du verbe unirpour zawwâja.

En effet, puisque nanti de la particule « bi », [bi-hûrin], ce verbe signifie uniquement joindre deux choses ou deux personnes pour en faire une paire, un couple.De fait, le verbe zawwâja prend le sens de accouplerau sens du mariage seulement lorsqu’il est employé avec la préposition « min », l’on imaginerait l’incongruité de la chose puisque Dieu est ici le sujet du verbe zawwâja, unir ! Aussi, en cette scène deux fois répétée, les « houris » ne sont-elles donc que les compagnes des hôtes du Paradis et, plus encore, le verbe zawwâja suppose qu’elles sont leurs équivalents ou symétriques, c'est-à-dire elles aussi les hôtes du Paradis et non pas des créatures paradisiaques. En conséquence, rien n’indique présentement qu’elles soient à la mâle disposition des élus, bien au contraire.

– Le troisième verset est repéré en sourate « ar-Rahmân », les « houris » y apparaissent isolées en leur superbe pureté : « Parmi elles, de nobles élues de vertueuse beauté […]des Pures[hûrun], retirées sous les tentes. », S55.V70-72. Le terme « élues », khaiyrât, attire notre attention, car le pluriel khaiyrât est ici souvent traduit par vertueusesou bonnes, mais s’agissant de qualifier une créature du Paradis, soit cela ne fait pas sens – le Paradis n’étant pas censé receler des êtres impurs et/ou mauvais –  soit il s’agit d’un truisme !

Or, la racine khara d’où dérive l’adjectif khaiyr [khaiyrât en est le féminin pluriel] signifie obtenir ce qui est bon, favorable, mais aussi surpasser en qualité, choisir ce qui est de meilleur. Par ailleurs, l’Arabe utilise l’adjectif khayren lieu et place du superlatif akhyar, de telle sorte qu’il n’y a aucune difficulté à comprendre que par khaiyrât l’on puisse désigner les femmes élues du Paradis, d’où notre « élues ».

Le Coran fournit la preuve formelle de cette compréhension puisque le v70 : « Parmi elles, de nobles élues de vertueuse beauté » commence par « Parmi elles [fîhinna]», indication précieuse que les commentateurs et les traductions à leur suite occultent plus ou moins efficacement.[vii] En effet, fîhinna signifie littéralement « en[] elles[hinna] », c'est-à-dire « parmi elles », le pronom hinnaqualifiant préférentiellement le féminin pluriel d’êtres vivants. Mais, la tradition exégétique a préféré considérer que ce pronom se réfère aux « jardins » régulièrement mentionnés en sourate « ar-Rahmân », d’où par exemple la traduction explicitée de M. Chiadmi : « Deux Jardins habités par des houris aussi belles que vertueuses », traduction aussi loin du texte arabe qu’aventureuse.[viii] En effet, si en théorie, en arabe ancien le pronom hinna/hunna peut être en lien avec un pluriel de choses et non pas d’êtres vivants, comme
le Coran en témoigne par exemple en S5.V120ou S17.V44, dans le contexte de cette sourate ceci est impossible, quoique l’exégèse ait voulu le contraire. Tout d’abord, il est constamment fait mention en cette sourate de « deux jardins », jannatân, cas duel,  et non pas « de jardins » au pluriel, jannât,  et le pronom du cas duel est humâ/ himâet non pas hinna/hunna.

De plus, et ceci lève toute ambiguïté grammaticale, en ce passage coranique il est constamment usé du pronom du duel lorsqu’il s’agit de désigner ce que contiennent les « deux jardins », ex : « En lesquels[fîhimâ] coulent deux sources jaillissantes », v66 ; « En lesquels[fîhimâ] il y a des fruits, des palmiers et des grenadiers », v68, etc. Mais, lorsqu’il est fait référence aux  « houris » il est employé fîhinna et non plus fîhimâ, et ce, à deux reprises, v70 et v56. Cette rigueur de construction indique clairement que l’usage pronominal désigne ici des personnes et non des objets, il n’y a alors qu’une seule signification possible pour notre complexe pronominal : « Parmi elles [fîhinna], de nobles élues… », v70, et « Parmi elles[fîhinna], celles aux chastes regards… », v56.

Le sens est donc très différent de ce que la volonté exégétique classique impose puisque ces deux versets nous enseignent que parmi des femmes du Paradis certaines sont ainsi hautement distinguées. Qui sont-elles ?

Le Coran le spécifie, et en cette même sourate il est dit au sujet de ces élues : « La récompense de la vertu [alihsân]n’est-elle pas la perfection [al ihsân] ? » v60. Les traductions données de ce bref mais flamboyant verset sont assez pauvres puisque bloquées par l’idée exégétique d’une prime à la houri pour les heureux hommes du Paradis. On lit donc généralement : « le bien [alihsân] n’est-il pas la récompense du bien [alihsân] ? » ce qui signifierait que les houris, alors bien de consommation s’il en est, serait de factola récompense des hommes de bien.

Mais, puisqu’il vient d’être dit que « parmi elles », c'est-à-dire les femmes admises aux Paradis, il y avait des  élues élevées au rang de Houris, alors, logiquement, ce verset les concerne et donne la raison expliquant cette élection. Par ailleurs, les sens du mot ihsân sont connus : bien, bonté, mais aussi excellence, perfection, beauté morale.

Ainsi est-il dit que la récompense pour les femmes les plus vertueuses d’ici-bas sera d’être élevées au rang de houris au Paradis, c'est-à-dire de « Pures », ce que nos traductions mettaient exactement en lumière : «Parmi elles [les femmes du Paradis], celles aux chastes regards […]Parmi elles, de nobles élues […] La récompense de la vertu [alihsân]n’est-elle pas l’excellence [al ihsân] ? » L’indication est précieuse : les Houris sont des femmes élues du Paradis au même titre que certains hommes, c'est-à-dire en fonction de l’élévation réelle de leur piété.

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En fonction de l’analyse convergente de ces versets clefs, il apparait donc que par le mot hûr, les Pures, le Coran ne désigne pas une catégorie de créatures paradisiaques, mais qualifie celles qui parmi les femmes vertueuses entrées au Paradis appartiennent à une certaine élite.

Ainsi, les retrouvons-nous en compagnie de leurs alter ego de la gent masculine en S56, sourate considérée comme explicitant sourate « ar-Rahmân »[ix] : « Ceux-là sont les Rapprochés, aux jardins de la Félicité,[…] sur des divans tressés, accoudés, se faisant face […] Et[là seront] desPures aux yeux d’une grande beauté [hûrun ‘în]. » S56.V11-22.

L’image est la même qu’en : «  Ils seront accoudés sur des divans alignéset Nous les unirons à des Pures aux yeux d’une grande beauté. » S52.V20,et « Ils revêtiront des habits de fine soie et de brocart, se faisant face ; ainsi, et Nous les unirons à des Pures aux yeux d’une grande beauté. » S44.V54, versets que nous avons précédemment expliqués. Face à face, unis par paires, il est clair que les Puressont l’équivalent féminin des Rapprochés, almuqarrabûn.

– Le quatrième  et dernier verset mentionnant les « Houris » est une des clefs de la fiction exégétique permettant de transmuter les plus vertueuses des femmes admises au Paradis en créatures libidinales de luxe. Nous venons de citer partiellement ce passage de S56, nous le reprenons in extenso selon une ligne de traduction moyenne : « Parmi eux[les rapprochés] circuleront des garçons éternels avec des coupes, des aiguières,et des verres d’une limpide boisson dont ils ne seront ni indisposés ni enivrés. De même [ils circuleront]avec des fruits qu’ils choisiront et de la chair d’oiseaux qu’ils désireront. Et “ils auront” des houris aux grands yeux telles des perles cachées en récompense de ce qu’ils œuvr&egr
ave;rent. 
»S56.V17-24. 

Ce type de traduction standardisée reflète parfaitement ce que l’exégèse a voulu : « Et ils auront des Houris aux grands yeux telles des perles cachées en récompense de ce qu’ils œuvrèrent. » Le message serait explicite, et parmi les plaisirs paradisiaques proposés à la consommation, les heureux élus se verraient offrir des Houris, il serait de plus précisé qu’il s’agira là d’une récompense, une prime à la vertu en quelque sorte. Si tel était le propos coranique, nous devrions nous incliner et accepter l’offre, contraints à trouver des échappatoires symboliques si cet état de fornication édénique ne correspondait pas à nos attentes spirituelles.

Mais, en réalité, le Coran est ici finement dévié. Comme bien souvent, la démonstration, quoique grammaticale, et assez simple si l’on veut bien lire le texte pour ce qu’il dit et non pour ce que nous pensons qu’il devrait dire. En introduction de ce passage nous lisons donc : « circuleront des garçons éternels avec des coupes… » le « avec » traduisant ici la préposition « bi » de bi-akwâbin : avec des coupes. L’emploi de la préposition « bi » impose que tous les termes qui seront sous sa dépendance grammaticale soient marqués par la désinence « in », ex : akwâbin.

Nous retrouvons donc logiquement ce fait grammatical concernant tout ce que ces serviteurs offrent aux élus : ka’sin, verres, fâkihatin, fruits, lahmitayrin, chair d’oiseaux, et si les « houris » faisaient partie de ces présents nous devrions lire wa hûrin ‘înin, ce qui signifierait bien alors : « et ils auront des houris aux grands yeux », la préposition « bi » initiale pouvant effectivement être rendue par l’idée de possession : « et ils auront », comme au demeurant les traductions et interprétations courantes nous le proposent.

Or, le texte coranique exact est : wa hûrun ‘înun, l’absence de la désinence « in » indique formellement que les « houris » ne font pas partie des biens proposés aux élus, et la présence de la marque du cas sujet « un » [hûrun ‘înun] signale qu’ici débute une phrase incidente dont le sens est mot-à-mot le suivant : « et des “houris” aux grands yeux », ce qui se comprend comme signifiant : « et [là seront] des“houris”aux grands yeux », c'est-à-dire qu’à l’instar des Rapprochés mentionnés au vs 11-12de cette même sourate elles bénéficieront elles aussi de ce festin de Dieu.[x]

Reprenant notre traduction plus précise du terme hûr, ce passage se comprend et se traduit alors comme suit : « Ceux-là sont les Rapprochés, aux jardins de la Félicité.Parmi euxcirculeront des garçons éternels avec des coupes, des aiguières […] Et[là seront] desPures aux yeux d’une grande beauté. » Rien ne permet donc littéralement de valider le viril projet exégétique classiquement imposé au texte coranique. Le propos du Coran est de signifier que les pieux parmi les croyants, hommes et femmes, bénéficieront les uns comme les autres de la même félicité.

• L’on pourrait vouloir nous opposer que le Coran précise pourtant que les « houris » sont la récompense des croyants puisque ce même passage le mentionne explicitement : « des houris aux grands yeux telles des perles cachées en récompense de ce qu’ils œuvrèrent » v24. Nonobstant qu’il faille être nanti d’une mentalité culturelle assez archaïque pour ainsi considérer les choses, nous venons de démontrer qu’il était parfaitement erroné d’affirmer que les « houris » appartenaient à la liste des biens de consommation proposés par les serviteurs du Paradis.

C’est donc que ce qui est donné en récompense vaut uniquement pour l’ensemble des biens distribués précédemment par les serviteurs édéniques, soit : « circuleront des garçons éternelsavec des coupes, des aiguières,et des verres d’une limpide boisson dont ils ne seront ni indisposés ni enivrés. De même des fruits qu’ils choisiront et de la chair d’oiseaux qu’ils désireront »et ceci sera offert aussi bien aux vertueux qu’aux vertueuses, les « Pures aux yeux d’une grande beauté ».

• Au final, ce premier volet d’étude aura permis de déterminer le sens du terme-clef « hûri ». Cet adjectif n’est pas  le nom propre de créatures célestes promises au dépucelage éternel, mais il signifie « Pures », et le syntagme hûrun ‘în se traduira par : Pures aux yeux d’une grande beauté.

Par ailleurs, l’analyse littérale des quatre versets centraux aura montré que par le terme-concept hûriil était fait allusion à une élite parmi les croyantes, élite dont le statut spirituel sera particulièrement élevé au Paradis, nous le confirmerons par la suite. Conséquemment, l’existence d’une catégorie de créatures particulières mises à disposition des hôtes du Paradis, « les Houris », relève ni plus ni moins du phantasme exégétique. Comment en ces conditions littérales comprendre que l’on ait pu dégrader ces saintes élues du Paradis au rang de onsen geishas délurées?! C’est ce que nous attacherons à décrypter au prochain article.

Notes:


[i]Cf. notamment
sur Oumma : « Égalité des  hommes & des femmes3/3 » ; « Frapper sa femme avec le Coran » 2/2 ; « L’héritage dans le Coran »  3/3.

[ii] L’on peut consulter à ce sujet la question consacrée à ce sujet en notre ouvrage « Que dit vraiment le Coran » est l’étude des trois niveaux Paradis Enfer présentés dans le Coran. Le cas présent cela ne modifie pas la problématique, quelle que soit l’idée que l’on se fait du Paradis, il reste une image, une représentation, mathal, que nous ne pouvons établir qu’à partir de notre interprétation des conceptions des réalités d’ici-bas, nous ne sommes pas en capacité de produire du sens et des images sans qu’elles soient instruites à partir de données formelles issues de ce que nous concevons être notre réalité ou nos réalités.

[iii]N’en déplaise à un humoriste libanais, le Père Luxenberg, qui a confondre l’arabe et le syriaque  a prétendu échanger nos « houris » contre du « raisin blanc », marché de dupe que nous ne saurions raisonnablement accepter !

[iv]Le mot Houri n’existe pas réellement en arabe, il s’agit en réalité d’une forme figée d’origine persane et bien évidemment postérieure au Coran. Ce n’est donc que par convention que nous l’utiliserons en cet article.

[v]L’on ne peut par conséquent défendre au-delà de sa valeur indicative la thèse soutenue par Muhammad Asad quant à l’ambivalence sexuelle des « houris » paradisiaques, signalons que son objectif était de vouloir ainsi rétablir le déséquilibre institutionnalisé par l’exégèse classique.

[vi]L’accord de maqsûrâtun, retiréesmarque effectivement un féminin pluriel de personnes. Rq : le participemaqsûrâtun signifie retiréesou cloîtrées, mais l’on est cependant difficilement cloîtré dans une tente. Néanmoins,  pour conserver l’image fantasmée, bien des traducteurs ont forcé le sens de l’arabe khiyâm et ont rendu ce terme qui ne peut que signifier tentepar : « pavillon » ou « demeure ».

[vii]Je citerais M. Hamidullah : «  Partout, des houris, bonnes, belles » ;  R. Blachère : « Dans ces jardins seront des[vierges] bonnes, belles » ; J. Berque : « et dans tous il est de très bonnes et très belles » ; A. Kazimirski : « là, il ya aura des vierges jeunes et belles ».

[viii]En ce type de traduction est rajouté au texte coranique le segment « deux jardins », le verbe « habiter » et le mot « houris ».

[ix]Si l’on tient compte de la chronologie traditionnellement proposée, S56est immédiatement antérieure à S55, sourate « ar-Rahmân » qui en constitue alors comme un résumé.

[x]Signalons, pour être tout à fait rigoureux, qu’il existe ici une « variante de lecture », qirâ’a, qui illustre à elle seule la mainmise de l’exégèse sur la transmission du texte coranique, sujet épineux qui n’est guère connu du commun des lecteurs. En effet, il est recensé selon la transmission de Hamza et celle de al Kisâ’î  la lecture hûrin ‘înin. Nous constatons que la désinence en « un » qui rendait en réalité impossible de comprendre que les « houris » faisaient partie des biens offerts aux hommes a été remplacée par la désinence en « in » qui place alors ces termes sous la dépendance de la préposition « bi » comme  le reste des biens mentionnés en ces versets. Cette discrète et subtile modification permet ainsi de faire dire au Coran exactement ce que l’on voulait qu’il dise : les « houris » font partie des biens consommables ! Nous aurons bien compris que l’on ne pouvait raisonnablement pas attribuer au Prophète deux variantes de lectures soutenant un point de vue radicalement opposé…

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