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Des Américains musulmans font naître l’inspiration à l’Apollo

Alors que je scrutais la scène, du niveau inférieur de la corbeille de la célèbre salle Apollo, je savais que j’assistais à l’histoire. Le village de Harlem a été un haut lieu d’inspiration pour les artistes tout au long du XXème siècle ; romanciers, poètes, musiciens et acteurs y ont trouvé refuge pour s’exprimer à travers différentes disciplines artistiques comme la musique et le théâtre. Le 23 janvier dernier, une culture américano-musulmane en plein essor s’est également exprimée sur la scène historique de l’Apollo.

L’Inner City Muslim Action Network (IMAN) a organisé une édition spéciale de Café communautaire, qui habituellement se tient à Chicago, ville d’origine de l’IMAN. Cet événement, qui a eu lieu sur initiative musulmane, visait à offrir un espace aux personnes préoccupées par les questions sociales pour célébrer les différentes formes d’expression artistiques et prendre une part active dans celles-ci. Des musulmans de tous bords ont montré leurs talents incroyables et ont fait voler en éclats les limites qui se sont imposées d’elles-mêmes face aux races, aux sexes, aux sectes et aux vues progressistes. Une salle comble a acclamé la créativité d’artistes tels que le chanteur et acteur Mos Def, le comique Aasif Mandvi, Progress Theater, le musicien Amir Sulaiman et les ReMINDers.

L’élément le plus saisissant et mémorable de la soirée n’a pas été l’interprétation de l’un des artistes mais l’impact des interprétations sur les spectateurs. La cohésion sociale suscitée par l’événement s’est prolongée au-delà de l’Apollo, se répercutant dans tout le paysage américain à mesure que les participants rentraient chez eux. Avec les événements dramatiques survenus récemment en Haïti qui ont lourdement affecté les artistes, ce fut une soirée sous le signe de la responsabilité sociale, du partage artistique et du soutien.

Cet événement n’aurait pas pu mieux tomber pour l’expérience américano-musulmane. Notre identité continue d’être façonnée par notre diversité, par la réaction aux événements du monde et parfois par les stéréotypes à l’intérieur de nos communautés et en dehors de celles-ci. Néanmoins, les américains musulmans construisent proactivement leur propre et unique identité en participant de façon significative à la société en s’engageant dans des causes qui leur tiennent vraiment à cœur.

Il y a, par exemple, la femme qui obtient son doctorat en psychologie pour attirer l’attention sur les troubles mentaux souvent considérés comme illégitimes dans bon nombre de nos communautés. Il y a l’homme qui fait voler en éclats les idées fausses sur la masculinité en luttant contre les problèmes de violence conjugale. Il y a la peintre qui fait don de ses gains aux victimes du séisme en Haïti.

Ce sont des gens ordinaires. Ils ne sont pas sous les feux de la rampe. Ils n’ont pas de contrat avec une maison d’édition ou une société de production. Ils vivent leur vie, font du bon travail, un travail authentique, car ils vivent dedans. Oui, ils sont musulmans et bien plus encore.

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Bien souvent, les médias mettent en avant les marginaux pour être les seuls à confronter les expressions uniques de l’islam. Les autres, au centre, passent inaperçus parce qu’ils ne sont pas aussi séduisants, pas aussi exubérants ou parce qu’ils ne cherchent pas à attirer l’attention. Si les premières manifestations sont une pièce de tissu sur un édredon qui fait la nature dynamique de la communauté américano-musulmane, elles ne devraient pas bénéficier d’une attention démesurée. L’espoir que nous devrions avoir en commun pour la société c’est celui d’un niveau de conscience plus élevé mais cela ne se produira pas si l’on se contente de regarder ceux qui sont en marge de la société, ceux qui sont les plus visibles.

S’intéresser aux personnes ordinaires à la place peut nous conférer un sens plus grand de la cohésion sociale. Ces personnes nous apportent quelque chose d’intangible mais d’extrêmement précieux. Elles sont durablement calmes, leur cœur continue de battre même lorsqu’elles passent inaperçues. Ces personnes contribuent à créer un récit américano-musulman basé sur la connaissance de Dieu en confirmant la foi dans le bon travail, l’engagement dans la communauté et un but qui va au-delà de leur existence.

Tandis que j’étais assis là-bas à l’Apollo et que j’écoutais, impressionné, la magnifique voix d’opéra de Sumaya, une Afro-américaine portant un hijab (foulard islamique) rose et de Zeeshan, l’Andrea Bocelli américano-bangladais, je savais que j’étais chez moi. Ils partageaient une part d’eux-mêmes avec moi tout en faisant tomber les obstacles, les uns après les autres.

L’art vient du plus profond de nous, d’un endroit qui souvent se développe avec la quiétude mentale et la présence. Quand l’art est partagé, il a le pouvoir d’inspirer, de construire des ponts dans des lieux inexplorés et de guérir les blessures. A mesure que nous poursuivons l’écriture de notre histoire, souvenons-nous de ce qui est essentiel en nous et de la façon dont nous sommes tous reliés à des amis de confessions différentes, à la terre et à nos communautés – d’un lieu de complétude.

En partenariat avec le CGNews

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