Menu
in

Critique des « nouvelles » lectures « critiques » du Coran (1/1)

Là, tapis sous les amas d’inepties qui s’amoncellent sur la question de l’origine du Coran et de son interprétation, sous les auspices de la « critique historique » et de l’ « herméneutique » postmodernistes, git, délaissé, le sujet existentiel de ce siècle : quelle voie donner à l’humanité pour atteindre sa maturité cosmique et l’aider à accoucher d’une civilisation universelle, qui la sauverait de la régression généralisée que lui concocte la domination « néolibérale » fascisante ?
C’est là une question philosophique et religieuse de fond qui attend la « révélation » et l’inspiration de sa réponse. Car il s’agit pour y répondre de dépasser les cadres actuels (modernistes) de la pensée et de l’action vers leur « au-delà », aux « confluents des deux mers », là où religion et philosophie, foi et science, cœur et raison se fondent, s’unissent, se relient et se distinguent (dans les deux sens). Cela, quand le fini se laisse toucher par l’infini en quête de l’Absolu.
Mais quel lien avec le Coran pourrait-on dire ? Les pressés ne saisissent pas, tout comme ceux qui ne veulent pas. Continuons notre propos.
Les impasses de l’ordre établi et leur dépassement coranique-cosmique
La « critique de la modernité » (Alain Touraine) est à la recherche d’une « néo-modernité » (Jacques Généreux) qui prendrait en compte les acquis de la modernité (autonomie de la raison et liberté de l’individu) en les libérant de leurs excès moderniste et postmoderniste (individualisme, destruction des liens sociaux, rationalisme instrumental aveugle, relativisme des valeurs et de la raison, et destruction de l’écosystème environnemental et culturel). Mais cela ne se peut que de par leur insertion dans une vision cosmique (le Coran) qui redonnerait sens à l’aventure humaine, afin de réconcilier ce que le « désenchantement du monde » (Marx Weber, Marcel Gauchet) aujourd’hui délite et dilue, sans pour autant retourner à son « enchantement » tout aussi néfaste.
Mais comment engager ce travail de déconstruction (la révolte légitime) sans vision pour reconstruire (la révolution cosmique) ? Comment dépasser la modernité, critiquer radicalement le modernisme (qui est l’idéologie de la modernité) et son excès postmoderniste sans tomber pour autant dans l’apologie néofasciste et ultra de l’ « ancien » ordre ? Comment dépasser le désenchantement sans retomber dans l’enchantement qui l’a provoqué ? Comment dépasser sans trépasser ? Quelle « voix » pour accéder au chant cosmique transcendant (al-tasbih al-kawniy) ?
Des grimaces s’étirent. Mais quel lien avec le Coran ? Parler de lumière quand les ténèbres s’épaississent ? N’est de cela surpris que ceux qui, assommés par une vie rabougrie sur elle-même, traitent de chimère les rêves d’avenir de l’aurore qui prie.
L’ordre actuel des choses nous bloque l’horizon ainsi que notre imagination en décrétant « la fin de l’histoire » (Francis Fukuyama) ; il nous condamne à soit répéter le présent ou à imiter le passé, mais en tous les cas à nous limiter au scénario « néo-con » sans fin, ni fond du « clash des civilisations » (Bernard Lewis et Samuel Huntington). C’est « l’ère du vide » (Gilles Lypovetsky) où le dogmatisme du rationalisme est remplacé par le dogmatisme du relativisme, dans la nostalgie ressuscitée des clergés asservis et soumis à l’ordre établi : des « ténèbres les uns au-dessus des autres » que ne peut défier et dissiper que la « Lumière sur lumière ».
Mais « quel lien avec le Coran ? » vocifèrent à  « tue-tête » borgnes et aveugles, sous le rythme cadencé des cerveaux (dé) programmés à « pas de canard », au son des sirènes islamophobes de la droite extrême et de la gauche laïcarde, d’ici et de là-bas, que sert avec servilité une certaine islamologie orientaliste et atlantiste, dans l’inconscience consommée des « sciences islamiques » toutes aussi soumises à l’ordre établi. Dans ce contexte, disons le d’emblée,  les « réformistes » sont des conformistes qui se payent de mots.
C’est dur. Mais il est clair, au vu des débats autour du Coran qui ont cours, que l’adoration des sciences sociales et humaines, comme nouvelle théologie de la déconstruction, ainsi que le traditionalisme musulman dans son adoration des anciens et sa science de la conservation frigorifique. Il est clair que ces deux là disions-nous, ne peuvent saisir le fond de notre question. Ils ne l’envisagent même pas. Elle est jugée soit rétrograde (pour nos modernistes sans modernité), soit dangereuse quand ses conséquences se perçoivent (pour nos fondamentalistes sans fondement).
Et pourtant la voici cette question qui s’impose. Écoutons là : le Coran est-il et peut-il être une source d’inspiration universelle et une ressource spirituelle, philosophique et civilisationnelle au service des peuples et de leurs révoltes légitimes, pour le dépassement de l’humanité vers sa maturité cosmique ?
Des « spécialistes » de l’imitation sans créativité
C’est l’enjeu du moment, l’enjeu de toujours. Et si à cette interrogation nous répondons par l’affirmative. Ces deux disciplines, et leurs spécialistes musulmans respectifs s’accordent, dans leurs oppositions idéologiques de « donquichotte », à faire d’un instant (l’expérience occidentale limitée ou l’expérience musulmane médiévale révolue) le moment indépassable de toujours, afin d’y restreindre idéologiquement la portée cosmique et universelle du discours coranique. C’est la raison pour laquelle, vous les voyez chanter en chœur les louanges de l’ordre établi et des choses, souvent contre les aspirations des peuples et/ou de l’esprit, dans les alternatives sans futur qu’ils légitiment : entre un présent bloqué et un passé révolu, sur le tourniquet du vide sans projet. C’est ainsi qu’ils s’évertuent, et c’est là le rôle que se donnent ces drôles, à limiter arbitrairement les orientations universelles et cosmiques du Coran, dans les interprétations traditionnelles qui figent ou les exégèses modernistes et postmodernistes qui diluent, en se pâmant de termes grandiloquents et de noms célèbrent (contemporains ou anciens) pour donner à leur propos un semblant de contenu. La servilité est pathétique, surtout quand elle pense bien servir. Il est temps de sonner le glas de cette propagande qui se donne la toge de la scientificité et de l’objectivité. Déshabillons là !
Tu les repères à leur « tique », leur langage en est rempli : « historico-critique », « herméneutique », « exégétique », « contexte », « interprétation », et d’autres termes empruntés aux sciences sociales et humaines, appliqués à ce à quoi ils ne correspondent pas (le Coran), d’où leurs « critique » et leur « herméneutique » pour de  fait le changer en fond et en forme afin de l’y faire correspondre. Mais cela, ils ne le savent même pas. Car l’utilisation de ces termes par eux (je l’ai vérifié à plusieurs reprises) n’est ni le fruit d’une connaissance profonde de ces disciplines, ni fondée sur l’expérimentation et l’observation profonde du phénomène naturel et humain qu’elles cherchent à comprendre, mais plutôt le résultat d’une absolutisation dogmatique de théories et une imitation aveugle d’un model, en vu de servir une entreprise de domination idéologique et culturelle. C’est une défaite et une capitulation, chez eux, de la pensée créative et autonome. Ils ne sont d’aucune contribution fondamentale ni pour la science, ni pour le sens. Mais tentons d’en comprendre tout de même le fond. (la suite de cette partie 1, très prochainement)
A suivre…

Laissez un commentaire

Quitter la version mobile