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Cosmosens du Hajj d’après la jeunesse pèlerine française

Au cœur de l’actualité, le chœur des médias nationaux déforment et réforment la sémantique du dji’ad pour expliciter des rituels de départs de jeunes musulmans vers la Syrie. Tandis qu’au cœur du Hajj, le chœur de notre jeunesse pèlerine française est rythmée par l’authentique sens du dji’ad pour accomplir des rites de pacification de Soi et en Soi.

Ainsi, les sonorités de la fréquence du besoin  de repères sacrés personnels et le rythme du désir de projets profanes d’amélioration sociétale résonnent puis raisonnent à la même cadence dans l’esprit de la jeunesse pèlerine de France. Sa pérégrination se réalise comme un déménagement de leur demeure profane vers un emménagement dans la maison sacrée, la Kaaba, épiphénomène de La Mecque.

Cependant, l’effervescence de la diversité des pèlerins est tout aussi sacrée que les lieux saints. Ainsi, le pèlerinage  mecquois est le Miraj d’un désert fertile où les fruits exotiques originaires de maintes contrées lointaines mûrissent en harmonie. Cet événement témoigne non seulement d’une identité collective globale la croyance monothéiste, puis d’une appartenance religieuse commune l’Islam, mais également d’une mixité ethnique, transnationale, sociale, sexuelle, et générationnelle convergente, la Oumma,

« La Mecque, c’est plus la lueur du cœur, que la couleur du corps », confie une pèlerine adolescente de France.

Cette expérience est ressentie comme une relation intime au Divin fondée sur le sacrifice de Soi dans un objectif de Pardon et par dessus tout dans l’espoir de la Proximité divine. Le pèlerin quitte sa famille, son pays, sa culture pour mettre, entre les mains de Dieu, sa vie, sa santé, ses espoirs, ses enfants, son statut, son patrimoine. Le pèlerin puise le meilleur au fond de Soi et de l’Autre grâce à la contemplation, la méditation, la retraite, l’invocation, le mimétisme des Prophètes Muhammad, Ibra’im et Adame. La construction absolue de Soi dépasse donc la recherche du Salut comme finalité ultime de pérégrination.

« Je veux me vider humainement de mes défauts pour me remplir divinement des qualités divines», déclareun jeune pèlerin français.

Les principaux lieux de l’itinéraire du Hajj correspondent à l’Histoire héritée de la Civilisation arabo-musulmane au service du Patrimoine cultuel de l’Humanité. Lorsque le pèlerin pratique les rites prescrits du pèlerinage ou la visite facultative de certains lieux, c’est l’histoire du lieu qui donne sens aux pratiques.

« Leur traversée signifie rencontrer les sites universels témoignant d’une Histoire humaine universelle », affirme une pèlerine.

 -Djedda comme la terre de « la Grand-mère » de l’humanité Eve, descendue du Paradis, mais aussi Mère de La Mecque et point de départ vers cette dernière.

Arafa comme symbole du témoignage de l’amour, première « Love Story » de l’humanité entre  Adame et Hawa (Eve), rencontre humaine primaire et primordiale.

-Mina comme métaphore du bas ventre de la femmerassurant les pèlerins puisqu’elle signifie que les deux montagnes de Mina s’élargissent à mesure que les pèlerins affluent.

-La Ka’ba comme l’ancêtre des demeures, ascendants de tout abris humain, le point de départ de l’architecture, toit essentiel de l’homme, empreinte de son existence.

-La Mecque comme Mère des cités, prunelle de l’Islam, œil de cyclone, tension entre le Ciel et la Terre, foyer de l’énergie cosmique terrestre, Rebelle contre le Temps du fait du tawaf circumambulatoire en sens inverse des aiguilles de la montre.

Par ailleurs, La Mecque est une terre dialectique du fait des épreuves parcourues. Chaque année, des incidents ont lieu, la mort  sur les lieux des rites devient idéologiquement banalisée chez les pèlerins les plus âgés se transformant presque en mort rituelle sacrificielle carla mort  naturellement éprouvée par les proches cohabitent avec la mort héroïsée par les institutions locales influentes et référentes, comme ce fut le cas avec les accidents sur place l’an dernier.Un groupe de jeunes pèlerins commente :

« Il y a la naissance et le décès,

la femme et l’homme,

le pèlerin et le guide,

la peur et l’espoir,

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le visible et l’invisible,

Moi et l’Autre,

le différent et le semblable.

seul l’Humain compte pour conter le Divin. ».

Par ailleurs,  pour de nombreux pèlerins l'épanouissement de Soi ne se limite pas à la profondeur du rapport avec Soi, mais il s'étend à la largesse d'esprit entretenue au sein d'un groupe, le hajj comportant une dimension collective, commune, indivisible. Le bien être de chacun est intimement lié au bien commun pendant la pérégrination. Progressivement, émerge une étique diffuse du pèlerinage. Un jeune pèlerin chantait souvent ce poème en huitain titré  « Les 7 merveilles du Hajj »:

« Nous sommes, Elle et Lui, égaux malgré notre égo.

Nous assistons l'Autre autant que je me protège Moi.

Nous c’est Moi et Moi c’est l'Autre.

Je respecte la différence sans faire de différends.

Les déserts sont froids ou chauds mais leur source lumineuse est une.

La Kaaba est un aimant, pour être l’amante de ses hôtes.

Le pèlerinage comme Origine exceptionnelle,

dans une Histoire sans origines plurielles »

 

Doctorante en Sciences Politiques EHESS

Thèse « Politisation du Pèlerinage à La Mecque, sous la Direction d’Olivier Roy

Enseignante en Sciences Economiques Sociales et Juridiques

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