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Considérations sur la guerre du Liban de l’été 2006

En ce début d’été, je me trouvais à Beyrouth où je devais rester jusqu’à la fin du mois d’août. J’ai donc assisté pendant une dizaine de jours environ à la destruction du pays. J’ai pu constater la volonté de l’armée israélienne d’anéantir un Etat et de perpétrer un génocide sans que personne ne s’insurge véritablement. Le silence de l’Union Européenne a d’ailleurs été éloquent les premiers temps de même que celui des Etats arabes.

Ma première réaction au moment de l’offensive israélienne a été de savoir de quel côté la France se rangeait et à mon plus grand étonnement, je me suis rendu compte que si elle condamnait cette agression, en aucun cas, elle n’avait envisagé de rappeler au moins son ambassadeur en Israël…

Il est inadmissible que les autorités du pays des droits de l’homme puissent laisser croire qu’il s’agit d’une guerre ethnique alors qu’il s’agit d’une guerre coloniale. Comme l’a dit le ministre Georges Corm, ce n’est pas le peuple israélien qui est menacé, même si des illuminés souhaitent sa disparition, ce sont les peuples libanais et palestinien. Je veux faire part de mon indignation suite au choix du gouvernement de s’allier aux Etats-Unis dans l’élaboration d’une résolution censée mettre fin à la guerre. Il me semble que la France s’honorerait dans le monde arabe et en premier lieu, auprès des Libanais si elle se détachait complètement de la politique des Etats-Unis qui ont pour objectif de remodeler le Moyen-Orient conformément à leurs intérêts.

A l’origine de la résolution 1701, la France et les Etats-Unis, comme à l’origine d’autres résolutions telles que la 1559, qui demandait notamment que la Syrie cesse son ingérence au Liban. Pourquoi a-t-on imposé à la Syrie d’évacuer alors même qu’Israël n’a jamais quitté le Sud du Liban comme il aurait du le faire en 2000 conformément à la résolution onusienne ? A aucun moment, ce comportement d’ingérence n’a suscité de réaction de gouvernements qui prétendent se fonder sur la démocratie et la liberté. Israël a toujours refusé d’évacuer les hameaux de Chebaa, car situés à proximité du Litani, ils sont un endroit stratégique.

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Mais aucune voix de l’Union Européenne et même des pays arabes ne s’est élevée pour contester cette résolution. L’armée israélienne n’a cessé de survoler le Liban et en particulier Beyrouth et aucune des mesures de rétorsion (économique ou de dénonciation pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre) que l’on prend à l’encontre d’autres pays, n’est appliquée à Israël. Israël laisse un pays exsangue, vidé de ses populations, une nation traumatisée et désarticulée sans qu’il y ait une seule condamnation internationale de ceux qui se prétendent défenseurs de la liberté face au fondamentalisme islamique. En fait, aucun Etat occidental et même arabe n’envisage et ne veut envisager que le gouvernement sioniste soit traduit devant un tribunal international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Israël a intérêt à ce que la guerre perdure et compte sur la méfiance éventuelle des Libanais restants, à l’égard de leur gouvernement. Il compte également, et plus que jamais, sur une guerre civile opposant les différentes communautés religieuses. Sa véritable crainte est que le Liban ne devienne un Etat laïque comme cela est prévu dans le préambule de sa constitution : « l’abolition du confessionnalisme politique est un objectif national essentiel et il convient de travailler à sa réalisation au moyen d’un plan par étapes » ou comme le prônent le parti syrien national social et le parti communiste. Georges Corm le dit bien, le régime communautaire, tel que pratiqué depuis 160 ans (1845), est un obstacle majeur à l’exercice de la pleine souveraineté. Car l’organisation du multiconfessionnalisme relève d’habitudes et de traditions consacrées par un consensus même si le Liban ne se présente pas officiellement comme un Etat confessionnel. Ce système a permis la coexistence pacifique de groupes qui s’étaient affronté dans les siècles passés en divers épisodes sanglants. Il a montré ses limites en déraillant pendant les quinze années de guerre civile de 1975 à 1990, montrant qu’il n’instituait qu’un équilibre fragile.

Il est inacceptable que la France participe à la déstabilisation du pays surtout quand c’est le pays qu’elle a créé quelques années plus tôt en amputant la Syrie d’une partie de son territoire…

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