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Comprendre le Coran : Historicité, littéralisme et littéralité (partie 1)

HISTORICITÉ & CIRCONSTANCES DE RÉVÉLATION OU ASBÂBU-N-NUZÛL

Problématique :

Le Coran est, bien évidemment, au cœur de la vie du musulman, il est aussi le Cœur de son coeur, l’Esprit de son esprit, la pulpe de sa moelle. L’image du Coran est, bien évidemment, notre Prophète, SBSL. Dans le contexte de plus en plus délétère que notre temps sécrète, où la bêtise le dispute à l’incompréhension, il n’est donc pas étonnant que le Coran et la noble figure du Prophète, SBSL, soient les cibles répétées d’attaques de tout feu.

L’insulte ne salit que celui qui la professe, mais, au delà des caricatures, force est de constater que le Coran fait tout particulièrement l’objet de campagnes de dénigrement. Depuis Quraysh et les Gens du Livre de Médine, en passant par les bas Moyen-Âge et la stratégie colonialiste, les arguments sont, à peu de choses près, toujours les mêmes. Nous n’aurons pas à faire ce rappel historique, car l’actualité islamophobique ne fait en la matière preuve d’aucune originalité. Nous aurions pu citer Noedelke au XIXème siècle et son « Histoire du Coran », père fondateur moderne de l’hyper critique du Coran.

Mais point ne sera nécessaire. Pas un jour qu’un « spécialiste », ou un « journaliste », un politique, une « star » en mal d’audience, un « écrivain » à la recherche du best-seller, syndrome de Rushdie s’il en est, ne viennent nous en rappeler les poncifs : Le Coran est un plagiat de la Bible, il a été écrit par des rabbins, des lettrés syriaques, des chrétiens convertis à l’Islam, etc. L’embarras du choix, calomniez il en restera toujours quelque chose semblent dire ces éternels Machiavels. Mais, dès lors que l’on se prétend historien ou spécialiste de l’islam, de tels propos ne sont qu’escroquerie intellectuelle, nous excuserons les autres de leur ignorance…

Rien ne vaut la surenchère : Le Coran a été écrit par « mahomet » qui, tout en ayant lu l’ensemble des sources scripturaires de l’époque écrits en diverses langues, aura réussi l’exploit d’en réaliser une refonte et une synthèse selon un concept propre à l’Islam, le pur monothéisme transcendant, le tawhîd. Paradoxe, s’il en est, cet illettré aurait eu bien du génie et un don exceptionnel pour moult langues tout en étant qualifié par ces accusateurs de fort mauvais écrivain.

 C’est qu’en effet, le Coran n’est qu’un texte obscur, sans plan, sans composition, prose indigeste et pour le moins déroutante ; au mieux, une approximation hétéroclite des écrits bibliques. Plus encore, preuves à la main, on exhibe aussi les versets indiquant que le Coran suit en réalité les désirs de ce caravanier Arabe ; en politique comme en amour, ou justifiant sa guerre sans merci contre les infidèles de tout bord.

Il y a mieux encore, ces derniers temps fleurissent des thèses originales, l’inconscience des nouveaux printemps sans doute : Le Coran n’a pas était écrit en arabe, mais arabo-syriaque ou araméo-syriaque[1], au choix, mais on nous propose aussi une lecture hébraïque[2], voire hellénistique.[3]

Il semble que le défaut des Arabes ait été de ne parler que l’arabe. Ils n’auraient alors rien compris au texte et l’auraient vulgairement déformé. Cela vous semble improbable, voire loufoque. Ne riez pas, ce sont « d’éminents islamologues » ou autres linguistes qui se font un nom avec ces chimères. Vous n’y croyez pas, qu’à cela ne tienne, on a toujours l’article qu’il vous faut : Le Coran a été écrit au 2ème ou 3ème voire au 4ème siècle de l’Hégire[4], voila qui nous rajeunit drôlement. 

On le voit, l’attaque est lourde, mais l’on peut légitimement penser qu’elle s’effondrera sous la masse de sa propre vacuité.

Nous disposons de preuves historiques quant à l’authenticité du Coran. Parallèlement, il est aisé d’invalider les arguments et hypothèses de l’hyper critique, leurs sources ne sont que marécages, nous ne souhaitons pas ici en faire la démonstration. Le musulman avant tout, et essentiellement, croit en la Révélation sans qu’il lui soit nécessaire de prouver la véracité de sa croyance. La foi n’est pas ici affaire de raison.

La raison du musulman est par contre impérative lorsqu’il s’agit de rendre vivante la lettre de son Texte de référence. « Je crois donc je pense », exprime le rapport éclairé que je dois avoir avec la Révélation, le Coran. Je crois en la Révélation, et je réfléchis de pleine raison le message coranique.

Plaise à Dieu, notre objectif en cette série d’articles intitulée « Comprendre le Coran » sera donc d’expliciter certains mécanismes essentiels nécessaire à la compréhension du Coran, tout en faisant une critique rationnelle des principales escroqueries intellectuelles relatives aux « penseurs du Coran ».[5]

En premier lieu l’on aura remarqué dans le catalogue ci-dessus feuilleté que le point commun de ces prétentions est l’historisation du Coran. Deux axes ; d’une part l’histoire du Coran, l’origine et la datation du document. D’autre part, le Coran et l’Histoire, les liens du texte coranique avec le lieu et le temps où il fut révélé.

Ce dernier point est de grande importance pour l’intelligence du Coran, ainsi devrons-nous lui consacrer quelques articles.

HISTORICITÉ, CIRCONSTANCES DE RÉVÉLATION, ASBÂBU-N-NUZÛL.

Bien avant le Coran, dès que l’homme doué de raison foula cette terre, Dieu, par la Révélation, s’adresse à l’Humanité. En cette longue histoire, cette marche en avant vers le devenir, chaque prophète suscité délivra adéquatement la communication de Dieu. Ils le firent chacun selon la langue de leur peuple avec des mots parfaitement intelligibles. Un message ainsi transmis par un homme, un Messager, rasûl, n’aurait donc aucune utilité s’il ne pouvait être pleinement compris. Les différentes Révélations n’auraient été alors que non-communication. 

Pour les musulmans, le Coran est l’ultime Révélation adressée à tous les hommes (S34.V28),[6] et Muhammad est le Sceau des Prophètes (S33.V40)[7]. En découle trois principes :

  Le message divin se doit d’être clair et intelligible. (S42.V2-3)[8]

  Le sens délivré doit pouvoir être accessible à toutes les cultures. (S30.V58)[9]

  Le sens vaut pour tous les temps. (S25.V1.)[10]

A bien considérer, sont ainsi posés les fondements de toute exégèse, soit le rapport à la « Parole de Dieu » de l’intellect. C’est-à-dire la conjonction entre le signifiant, le texte coranique, et le signifié, le sens voulu que le lecteur doit rechercher. Toute lecture du Coran se fait donc à l’interface de la Révélation. Comprendre le Coran c’est donc chercher à accéder au sens délivré par Dieu.

Parallèlement cette Révélation propose à l’homme trois défis :

– La conservation du texte.

– L’appropriation du texte.

– La compréhension du texte.

– La conservation du Coran et sa transmission sont du domaine de l’Histoire et, en la matière, les sources historiques sont assez nombreuses, de valeurs inégales et parfois contradictoires. L’origine du Coran quant à elle relève uniquement de la foi. Nous travaillons à la finalisation d’une « Histoire du Coran », en quatre volumes, prenant en compte rigoureusement l’ensemble des données historiques, les arguments forts et faibles des musulmans, et les prétentions de la frange dure des orientalistes.

– L’appropriation du texte est sa mise en œuvre. Ce n’est point le présent sujet, du moins techniquement parlant. Comprendre le Coran pour un musulman n’a qu’un seul but ; rappelons seulement un hadîth authentifié rapporté par Ahmad ibn Hanbal, il détermine la nature et l’absolu du principe : L’on demanda à Aïcha comment était le Prophète, elle répondit : « Tout son comportement était Coran. »[11]

– La compréhension du texte nous ramène à notre thématique : comment lire le Coran. Si nous disions « comment le comprendre aujourd’hui » cela impliquerait pour le moins qu’il y ait eu une lecture passée. Comprendre le Coran aujourd’hui est cependant une des formules, des credo, de tous les « nouveaux penseurs » et, si l’on ne précise pas correctement le sens de cette expression, elle peut s’avérer ontologiquement incorrecte et recéler des propositions inacceptables.

De Muhammad, SBSL, au dernier homme sur cette terre qui, en son dernier souffle, lira le Coran, le rapport à la Révélation est en réalité le même. Tous, depuis l’origine jusqu’à nos jours, lisons le Coran pour y découvrir les moyens de nous guider et de cultiver notre piété, c’est-à-dire notre rapport à Dieu à travers Sa Révélation ; ce que d’emblée spécifia le Coran : « Tel est le Livre sans nul doute guidée pour ceux qui craignent pieusement Dieu ».[12]

Autrement dit, lorsque je lis le Coran je suis exactement dans la même position que mes prédécesseurs et mes successeurs. Le Coran est un et constant, le rapport au texte est, pareillement, un et constant. La relation au texte est similaire car, dans la rencontre entre un texte et un être, c’est l’être qui donne vie à la lettre puis, en retour, le sens de la lettre nourrit l’être. De tous temps, la lecture ou le penser du Coran a été d’aujourd’hui. Ce qui me différencie de mes devanciers c’est le temps où je vis, je pense, j’aime, je souffre et m’éteint. Ce faisant, je suis un homme différent, non pas en sa nature intrinsèque, mais en sa réalité temporelle. Le Coran me délivrera par conséquent un message à deux niveaux :

– Le premier est constant et universel, nous l’avons dit, il s’adresse à l’âme.

– Le second parle à mon être présent, il éclaire mes choix et la compréhension de ma réalité.

A cette approche il semblerait correspondre, mais ce n’est qu’une illusion trompeuse, une démarche très en vogue sur le « penser le Coran ». Nous la sytématiserons selon trois types de discours, trois propositions de lecture du Coran.

La lecture dite historique.

La lecture dite littéraliste.

La lecture du libre penseur.

Ceci justifie qu’en cette série d’articles, « Comprendre le Coran », nous calquerons notre plan à cette classification. Nous expliciterons ainsi les limites et les dangers de ces trois approches, de ces trois définitions de lecture qui actuellement se disputent, pour des raisons diverses, la primeur de l’exégèse du Coran. Primeur toute « intellectuelle » et théorique, puisque au delà des discours d’intention il n’est jamais en réalité proposé concrètement d’exégèse. Certains sociologues du Coran ont réussi l’exploit de publier plus de 30 ans, toute une carrière universitaire, sans jamais produire la moindre interprétation du Coran !

Parallèlement à la discussion de ces trois lectures, nous mettrons en évidence un certain nombre de règles de lectures positives permettant de « Comprendre le Coran ».

De même, cette étude permettra d’avancer le concept exégétique de littéralité que nous devrons pas confondre d’avec le littéralisme. Nous le démontrerons, il s’agit là, de notre point de vue, de la seule démarche exégétique complète et équilibrée permettant une lecture contemporaine[13] tout en respectant au plus strict la lettre du Texte.

1- LA LECTURE HISTORIQUE.

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Le concept flou de lecture historique du Coran est très en vogue et fait l’objet de nombreuses publications. En fonction de ses différents aspects nous la dénommerons aussi lecture historisante, ou historisation du Coran. L’on soutient ainsi que de nombreux versets ne peuvent se comprendre qu’à l’éclairage des faits historiques auxquels ils sont liés. Dans la perspective apologétique occidentale sont essentiellement visés là les versets dits Médinois, la Cité musulmane faisant l’objet de toutes les convoitises politiques. Se faisant c’est aussi le pan dit législatif que l’on voudrait bien reléguer aux oubliettes de l’Histoire. 

En d’autres termes, la Révélation serait tributaire des tribulations de Muhammad, voire de ses Compagnons, elle ne serait pas absolue mais contingente. Les lois promulguées alors seraient périmées, attardées, nul besoin de les conserver. Jugés sur ce péremptoire promontoire, les promoteurs de cette « méthode » voient à l’horizon le déclassement de quelques centaines de versets qui ne concerneraient que le temps historique de Muhammad et seraient donc obsolètes.

Plus concrètement, cette approche historisante procède aussi à l’inverse et, ne craignant pas la contradiction, donne plus de crédit qu’ils ne peuvent en avoir à des versets prétendument jihadistes et expansionnistes. A cette fin, ils accréditent la thèse d’une Révélation tout à la solde de l’esprit guerrier de Muhammad et de ses successeurs, le Coran en tant que serviteur de l’Histoire. Les enjeux sont tels, qu’au-delà d’un rejet de cœur, il est nécessaire de comprendre quelles « méthodes » prétendent suivre réellement les partisans de cette imposture pseudo-rationnelle et quelles méthodes suivent-ils en réalité. 

Mais, nous dirions-nous, il est indéniable que certains versets accompagnent, expliquent, ou exposent des évènements de la vie du Prophète ou de sa Communauté. Très tôt les commentateurs avaient perçu l’importance de cette constatation en terme d’exégèse. L’on peut donc se demander ce qui distingue la lecture historisante de la traditionnelle étude des asbâbu-n-nuzûl, les « circonstances de révélation ». Ce, d’autant plus que les tenants de cette historisation du Coran utilisent principalement pour leur démonstration ces mêmes asbâbu-n-nuzûl.

Il conviendra donc en premier temps de définir ce domaine, non pas tant formellement, mais bien plus en fonction de ses implications exégétiques. Le rapport à l’histoire de certains versets étant un des nœuds de notre problématique : Comprendre le Coran.

Les circonstances de révélation ou asbâbu-n-nuzûl. 

Classiquement, il existe des définitions plus ou moins élargies du concept de « circonstances de révélation ». Nous retiendrons, et nous allons la justifier, la plus stricte et la plus fonctionnelle en terme exégétique : « Il s’agit de l’établissement d’un fait circonstanciel en rapport direct avec la révélation d’un verset »

Afin de comprendre l’utilité informative et l’usage exégétique que l’on peut faire de ces asbâbu-n-nuzûl, il convient de préciser quelques aspects essentiels du principe[14] même des « circonstances de révélation ». Nous allons voir que l’on ne peut dire « circonstances de la Révélation[15] » pas plus que « causes de la révélation »[16] comme on le lit fréquemment. Ce dernier lapsus révélateur, si j’ose dire, impose d’établir plusieurs distinguos théologiques et exégétiques :

Si l’on admet que des faits matériels aient entraîné une révélation, l’on asservit alors la « Parole de Dieu » aux contingences humaines, ce qui ne se peut. Ainsi :

– Si cette « Parole » était tributaire d’un fait et d’un temps donné, l’on ne pourrait admette que cette même « Parole » puisse exprimer un sens éternel, ou que l’on puisse y lire des règles, des principes généraux, valables en tout temps et en tout lieu, li kulli makân wa li kulli zamân.

– Dieu est Omnipotent et Omniscient, aucun événement qui ne dépende de Son acte créateur et qui ne soit connu par avance de Sa Science.

  S’il advient qu’une révélation semble être en lien avec un événement particulier, ce n’est alors qu’une simple superposition entre deux actes créateurs, l’événement créé et la volonté de Dieu quant à Sa Révélation.

  La Révélation est un « nuzûl », une descente opérative, un mouvement ontologique de Dieu vers les hommes, l’on ne peut par contre concevoir une « remontée » de nos contingences vers Dieu lui imposant alors une révélation. La Révélation ne connaît d’autre agent causal, d’autre cause, que la volonté de Dieu. La Révélation « descend » mais jamais ne s’abaisse.

-Par « circonstances » on comprend donc que Dieu a révélé au sujet des contingences mais librement et indépendamment, et de toute éternité de par Sa science infinie. Il aurait pu ne pas le faire, et Il ne l’a d’ailleurs pas fait pour l’ensemble de la vie de Son Prophète et de ses Compagnons.

– Ainsi, la « Parole de Dieu », la Révélation, ne se trouve en aucune manière limitée par le temps et les vicissitudes, pas plus qu’elle n’y est astreinte. Dès lors, le message ou la règle alors révélés ne connaissent qu’un rapport indirect avec leur dites « circonstances ». Elles ne constituent qu’une illustration d’ici-bas d’un Message ou d’une « Loi » de caractère intemporel et universel.

– La « coïncidence » entre la Révélation, en son sens absolu, et une réalité historique n’est donc qu’apparente, purement formelle, les éléments de cette rencontre étant tous assujettis à la volonté pré-existentiatrice de Dieu. 

Ceci étant précisé, l’on discerne mieux le champ d’application des « asbâbu-n-nuzûl ». Certes, la connaissance des « circonstances de révélation » permet de comprendre le contexte de révélation de tel message. Cela ne signifie pas pour autant que ce contexte ait eu une incidence sur la révélation de ce message, c’est-à-dire sur la portée de son sens. En d’autres termes, la connaissance des « circonstances » n’implique en rien la limitation ou la particularisation du principe présidant antérieurement à la Révélation. L’universalisme et l’intemporalité transmis par le message délivré priment donc sur sa projection en un temps donné.

Techniquement, la connaissance d’un évènement particulier permettra donc de vérifier un cas d’application du sens général, indépendant de la « circonstance », et délivré par le signifié du verset concerné.

 D’un point de vue méthodologique cela revient à dire que même dans le cas de l’étude du sens d’un verset associé à un sabab, la première étape exégétique consiste à déterminer le sens de l’énoncé, littéralement. Puis, en un deuxième mouvement de lecture, il s’agira de vérifier pour le cas particulier indiqué par le sabab, la concordance, et donc la cohérence, de ce que nous avions compris de par le texte lui-même. Le cas général, obvie, doit pouvoir expliquer le cas particulier, explicite, sans subir de modification ou d’adaptation.[17] Aussi, le sens littéral du verset sera-t-il vérifié a posteriori sous l’angle du sabab avec lequel il doit rester parfaitement cohérent et compatible, et inversement.

Sous cet aspect, la science des « circonstances de Révélation » participe non pas à l’exclusion du sens par l’histoire, mais à l’intégration des données particularisées dans le temps à une analyse du sens à portée intemporelle. Elle ne limite donc pas le sens à son seul contexte historique. C’est dire, nous le verrons, que l’historisation du Coran dépasse largement le cadre ontologique et méthodologique des « asbâbu-n-nuzûl », les « circonstances de révélation ». De même, en fournissant un moyen de vérification du sens que l’exégète décèle dans le texte du verset, la science des asbâb contribue efficacement à une compréhension juste du Coran, selon cette angle elle participe de la littéralité et évite le littéralisme. [18]

Cette approche peut sembler théorique, mais elle est impérative et essentielle quant à la juste compréhension de la fonction exégétique des « circonstances de révélation ». Au prochain volet, à partir d’exemples concrets, nous envisagerons les possibles et les limites de ces « circonstances ». 



[1] Théorie de C. Luxenberg.

[2] Théorie de H. Bar-Zeev.

[3] Théorie de Y. Seddik.

[4] Théorie, entre autres, de A-L. De Prémare.

[5] Nous parlerons tout particulièrement de : « penser le Coran » de messieurs Mahmoud Hussein, dont la particularité est d’avoir outré les prétentions des partisans de la dilution du Coran dans l’Histoire. 

[6] « Nous t’avons suscité afin que tu sois annonciateur et avertisseur pour l’humanité entière… » S34.V28.

[7] « Muhammad…est le sceau des Prophètes… » S33.V40.

[8] « Nous en avons fait de ce Livre explicite une lecture arabe afin que vous puissiez le comprendre. » S43. V2-3.

[9] « Nous avons en ce Coran donné des exemples pour tous les hommes… » S30.V58.

[10] « Béni soit Celui qui a révélé à Son serviteur le Discernement afin qu’il soit pour tous les mondes avertissement. » S25.V1. En ce verset à portée universelle, le Coran n’est pas désigné par son nom mais par son contenu « un message permettant de discerner le vrai de l’erreur, un critère, le Discernement. » Ainsi ramené à son essence, l’expression « pour tous les mondes » s’applique à tous les temps puisque sont concernés tous les hommes qui pourront tirer bénéfice de leur méditation de ce critère permanent.

[11] Indiquons qu’est très fréquemment mentionné un autre hadîth selon là aussi Aïcha où, à la même question, elle fit cette réponse : « Le Prophète était un Coran en marche. » La formule, magnifique, a fait fortune, mais il ne s’agit pas d’un hadîth. Ce propos n’est répertorié en aucun des sunan, les six ou neuf recueils de hadîths admis.

[12] S2.V2. C’est délibérément que le texte est sans ponctuation conformément à l’original en arabe.

[13] Ne signifie pas moderne. Nous l’entendons au sens étymologique : « qui est du même temps que ». Certains par crainte d’être taxés de modernistes utilisent la notion de « contemporanéité », c’est un emploi fautif car ce terme signifie « qui se produit dans le même temps » ce qui, appliqué à l’Islam ou à l’exégèse, signifierait que la compréhension actuelle de ces domaines serait du même temps que celui ayant vu se produire la Révélation, ce qui est un non sens.

[14] Rappelons que ce concept n’est nullement défini par le Coran ou la Sunna. Si le Coran fut révélé dans son temps, il ne contient aucune indication imposant d’y demeurer ou de s’y projeter rétrospectivement. Les « asbâb » ne sont purement qu’un outil exégétique né des observations et réflexions établies en premier lieu par les Compagnons qui, par la suite, fut conceptualisé par les exégètes. Nous aurons l’occasion, plaise à Dieu, d’étudier certains propos de Compagnons à ce sujet. Il ne s’agit nullement de remonter le temps, mais bien de comprendre le verset à partir d’évènements contemporains de la Révélation mais dont la seule finalité est de participer à la prise de sens au temps présent. C’est en réalité ce que faisaient les contemporains de la Révélation. Nous verrons à propos de l’historisation, de la libre pensée mais aussi du littéralisme, les conséquences malheureuses d’une mauvaise compréhension de cette problématique. 

[15] La Révélation avec une majuscule désigne le principe même de l’acte révélatoire ou ses mécanismes. En un autre usage, on entend par là l’ensemble du révélé, le Coran.

[16] Etymologiquement sabab, au pluriel asbâb, signifie « cause » mais, appliqué à ce concept, ce terme prit, notamment sous l’influence de l’école Mutazilite, le sens technique de « circonstance ». De plus, nous le démontrons, l’on ne peut concevoir qu’un évènement soit causal, c’est-à-dire détermine et déclenche une révélation. Evènement circonstanciel serait une expression juste.

[17] Précisons que nous excluons de cette discussion la démarche inverse consistant à rechercher la loi générale présidant à un énoncé restreint afin de pouvoir déterminer des cas d’extension de la Loi. Ce procédé théorisé par Ash-Shâfi’î est un moteur important dans la production du Droit musulman, le Fiqh, mais ne concerne pas l’exégèse à strictement la définir.

[18] Nous développerons plus avant ces deux concepts.

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