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Cheval de Troie à l’américaine

Quand l’ordinateur central du Pentagone affiche cette terrible nouvelle, c’est déjà la panique à bord : « The Trojan horse is @rabian ». Et la traduction officielle, « Le cheval de Troie arrive d’@rabie ! », n’a rien de rassurant : phantasme de l’étalon ailé, noir comme la Ka’ba, élancé au grand galop, bondissant de la Mecque à la Maison blanche pour venir se kamikaser au beau milieu du bureau ovale… Plus probablement, on peut imaginer une attaque informatique de cybercriminels barbus en habits sombres, roulant des yeux fanatiques injectés de sang, comme on en voit à la télé ou en premières pages de quotidiens alarmistes.

Comment savoir ? Ici réside tout le raffinement de la philosophie terroriste : plonger l’Autre dans le doute le plus absolu ! Sauf que l’Amerloque n’est pas quelqu’un qui se laisse habiter par le doute, car il se sait investi d’une mission divine : la lutte du Bien contre le Mal qui peut frapper partout et n’importe quand. Et c’est ainsi qu’aux quatre coins des Etats-Unis d’Amérique, l’état de siège est déclaré contre un envahisseur qui n’a pas intérêt à pointer le bout de son nez.

Gare au Malin, l’Américain veille !, jour et nuit, nuit et jour et c’est reparti pour une bonne chasse aux sorcières, bien poilues et bien crochues du bec. On soupçonne alors les Iraniens au regard perçant ; les Libanais chiites en raison d’un supposé cousinage ; les Libanais chrétiens apparemment pas assez whites aux yeux des WASPs ; les méchants Palestiniens qui derrière leurs airs tranquilles se transforment en tueurs sanguinaires à la vue du moindre caillou ; et tout ce qui porte un nom proche d’Oussama. (Consignes strictes ont donc été communiquées à tous les aéroports et à toutes les structures utilisatrices de l’outil informatique, c’est-à-dire 100 % du territoire.) Ainsi, un Jihad Islamiya ou un Ala Akbar serait automatiquement catalogué cependant qu’un Arak Oubama pourrait passer pour arabe ‒ insulte suprême au pays de l’Oncle Tom ‒ et un Bader pour un Baddy, bad boy de l’activisme islamiste.

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Mais le pire reste à venir selon les spécialistes de géostratégie : en effet, un ultimatum vient de tomber sous la forme d’un jeu de mots : « @rabian is the Trojan horse », sans que l’on sache ni les noms ni les revendications des web-terroristes. Face à l’imminence de la menace électro-technologique, Washington mobilise les meilleurs chercheurs en langage informatique, dont le plus imaginatif parvient à identifier le responsable : @ = a l Q a i d a, avec les conséquences que l’on devine. En moins de 24 heures s’installe la guerre civile la plus sanglante de toute l’histoire de l’Humanité, jusqu’à ce troisième message : « The Trojan horse was Greek, you idiots ! »*.

* « Le cheval de Troie était grec, bande d’incultes ! »

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