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Canada : la disparition de Husain Bhayat, mort du coronavirus, affecte profondément la communauté musulmane

Reflet de son âme pure et pleine de bonté, le sourire ineffable de Husain Bhayat, 83 ans, qui avait l’art de réchauffer les cœurs de tous ceux à qui il s’adressait ou qui l’apercevaient, n’éclairera plus son doux visage épargné par les flétrissures du temps.
Les yeux de cette figure de l’islam, lumineuse et attachante, se sont à jamais refermés au Canada, sa terre d’adoption depuis près de 50 ans, au terme du combat inégal et désespéré livré contre le virus planétaire qui s’abat implacablement sur les plus faibles.
Ce défenseur bien-aimé et dévoué de la communauté musulmane, qui avait vu le jour en 1937 dans une Inde sous domination britannique, s’est éteint seul, lundi 13 avril, sur son lit d’hôpital à Mississauga, dans la banlieue de Toronto. Il laisse derrière lui une épouse et deux enfants, Muhammad Iqbal et Zarina, accablés de chagrin, d’autant plus qu’il leur aura été impossible de l’accompagner dans ses derniers instants, et des milliers de ses coreligionnaires, qu’ils vivent au pays de l’érable ou sous d’autres cieux, très affectés.
Le souvenir de cet enseignant de formation et pédagogue dans l’âme, qui fut le premier de sa famille à poursuivre des études supérieures, de ce bénévole infatigable qui s’investit sans compter dans des causes humanitaires sur le sol canadien ou par-delà ses frontières, de ce véritable pilier de la minorité musulmane qui s’imposa naturellement comme tel, sans en tirer aucune gloire, de cet immigré qui creusa son sillon avec intelligence, humilité et persévérance, restera gravé dans les mémoires.

Husain Bhayat aux côtés de son épouse et entouré de ses deux enfants Muhammad et Zarina ( Muhammad Iqbal Bhayat Facebook)

Le décès de son père tendrement chéri, dans la froideur d’une chambre aseptisée et sans qu’elle ait pu être à son chevet pour l’envelopper de tout son amour, bouleverse Zarina Bhayat. « On n’avait pas le droit de l’approcher, de le toucher. On n’a pas pu lui dire adieu et lui témoigner toute notre affection. Il était certes inconscient, mais ce fut tellement difficile de ne pas pouvoir être à ses côtés et lui tenir la main jusqu’à son dernier soupir », a-t-elle relaté au micro de CBC News, la voix étranglée par les larmes.
Dans ce deuil cruel qui la frappe et cause en elle une douleur de plus en plus aiguë, après une cérémonie d’obsèques qui s’est déroulée dans la plus stricte intimité, presque en catimini, la fille de Husain Bhayat puise toutefois une source de réconfort dans la dernière conversation qu’elle a eue avec son père, la considérant comme une vraie chance, une pure bénédiction.
« Sa principale préoccupation était de transmettre tout son amour à ses petits-enfants », a-t-elle confié submergée par l’émotion, ajoutant : « Je pense qu’il avait un peu peur, mais il n’a rien montré. Il avait toujours son beau sourire, si bienveillant, il restait confiant, c’était ainsi qu’était mon père ».
Tout comme son frère Muhammad Iqbal, Zarina Bhayat a été très touchée par la décision de diffuser en direct son inhumation, sur Youtube où elle a été suivie par des milliers de personnes.
Parmi les centaines de ses coreligionnaires qui, depuis l’Inde, le Canada, les Etats-Unis et l’Afrique du Sud, lui ont rendu un hommage poignant en ligne, à travers une visio-conférence qui leur a permis de s’épancher et de se réconforter mutuellement, de partager leur tristesse ainsi que des anecdotes à la fois émouvantes et savoureuses, Shireen Ahmed, une auteure qui réside à Toronto, se souviendra toujours du regretté Husain Bhayat comme d’une « lumière » jaillissant de l’intérieur de son être et irradiant tout autour de lui.

« Toutes celles et ceux d’entre nous qui ont eu le plaisir et le privilège de le connaître, de croiser son chemin, savent déjà à quel point sa merveilleuse personnalité, son attitude courtoise et son sourire si bienveillant manqueront à tous », a écrit la direction de la Fondation internationale de développement et de secours (IDRF) sur sa page Facebook, en qualifiant Husain Bhayat de « champion infatigable des causes caritatives au Canada et à l’étranger ».
Et pour mieux saluer la mémoire de cet homme de cœur, dont la foi en Dieu a toujours guidé les pas, quelques-unes de ses grandes actions humanitaires ont été énumérées : « Une collecte de fonds pour l’hôpital William Osler à Brampton, différents projets de santé et d’éducation menés en Inde, au Pakistan et au Bangladesh, des projets d’eau potable conduits au Moyen-Orient et dans les Caraïbes, sans oublier le parrainage de réfugiés syriens au Canada ».
« Ce qui honorerait vraiment sa mémoire et ce qu’il aimerait, c’est que son exemple puisse être une source d’inspiration pour les musulmans, jeunes et moins jeunes, et favorise l’émergence de nouvelles personnalités, de nouveaux talents », ont souligné Muhammad Iqbal et Zarina Bhayat, ses deux enfants inconsolables.

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