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Calendrier lunaire : le guide du musulman perplexe (1/2)

A Rachida Benchemsi

Introduction

Chaque année, au soir du 29 chaâbane du calendrier islamique, les musulmans attendent fébrilement de savoir si la nouvelle lune a été observée en cette « nuit du doute » ou si le mois de jeûne du ramadan ne débutera dans leur communauté que le surlendemain. La même séquence se déroule à l’identique le soir du 29 ramadan pour savoir quand s’achèvera le mois de jeûne.
Pourtant, depuis une vingtaine d’années, des théologiens éminents et des leaders reconnus de la communauté essaient de promouvoir une méthode alternative de détermination du début des mois lunaires, basée sur l’utilisation du calcul astronomique. Ils expliquent que cette approche est parfaitement licite et conforme aux enseignements de la charia, tout en répondant mieux aux besoins d’une société musulmane moderne, en ce début du 21è siècle.
Ainsi, en France, après des années de débats, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a-t-il officiellement adopté en mai 2013 le calendrier lunaire basé sur le calcul pour déterminer les dates associées à toutes les grandes manifestations religieuses de l’année musulmane, dont le début et la fin du mois de ramadan.
Mais, la nouvelle direction du CFCM , élue immédiatement après l’adoption de cette décision, a décidé de l’ignorer et de continuer de se baser sur la traditionnelle méthode d’observation de la nouvelle lune pour déterminer le début et la fin du mois de ramadan 2013.
Elle a agi de même en 2014, annonçant que le CFCM tiendra une réunion le 27 juin 2014 (correspondant au 29 chaâbane 1435) à l’occasion de la « nuit du doute », pour déterminer à quel jour de la semaine correspondra le 1er ramadan 1435, sur la base des observations de la nouvelle lune qui seront effectuées.
Confronté à de telles situations, le musulman perplexe ne sait plus qui écouter parmi les leaders de la communauté, ni quelle voie suivre. Il est clair que le CFCM n’aurait pas adopté une méthode illicite, (ce que la nouvelle direction ne conteste pas, puisqu’elle veut simplement s’en tenir au respect des traditions). Mais, si les deux méthodes sont également licites, quel serait alors le choix le plus judicieux pour la communauté ?

La détermination du début des mois lunaires sur la base de l’observation de la nouvelle lune

Le Coran n’impose pas aux musulmans, au titre des obligations religieuses, d’observer la nouvelle lune pour déterminer le début ou la fin du mois de ramadan. Il dit simplement :  « Quiconque parmi vous aura pris connaissance de ce mois devra commencer le jeûne… » (Coran 2.185) Le Prophète non plus n’a pas imposé la méthode d’observation. Quand les fidèles l’interrogèrent sur la méthode à appliquer pour connaître le début et la fin du mois de ramadan, il leur a simplement dit de commencer le jeûne avec l’apparition de la nouvelle lune (au soir du 29è jour du mois de chaâbane) et d’arrêter le jeûne avec l’apparition de la nouvelle lune (du mois de chawwal). « Si le croissant n’est pas visible (à cause des nuages) comptez jusqu’à 30 jours. » Le Prophète ne faisait ainsi que les conforter dans leurs habitudes ancestrales.

Les musulmans n’étaient pas tenus de voir la lune chacun pour soi, mais simplement d’apprendre de source crédible que la nouvelle lune avait été observée. Une fois une telle observation annoncée (ou validée) par des sources autorisées, elle s’imposait à tous ceux qui en prenaient connaissance. Comme l’information ne pouvait pas se transmettre bien loin au temps de la Révélation, les différentes communautés procédaient chacune à ses propres observations. Mais il était entendu que le mois avait la même durée pour tous.

Il faut noter dans ce contexte que la nouvelle lune ne devient généralement visible que quelque 17 h (au mieux!) après la “conjonction” mensuelle, qui marque le début du mois lunaire (quand la Lune se trouve située sur une ligne droite entre la Terre et le Soleil). Encore faut-il que soient réunies au site d’observation une panoplie de conditions favorables concernant des facteurs tels que le lieu où l’on procède à l’observation ; le nombre d’heures écoulées depuis la conjonction ; les positions relatives du soleil, du croissant lunaire et de l’observateur ; l’angle formé avec le soleil au moment du coucher ; l’altitude de la lune au coucher du soleil ; les conditions d’observation (pollution, humidité, température de l’air, altitude) ; la limite de détection de l’œil humain ; etc…

Si la “conjonction” se produit tôt dans la journée, la nouvelle lune sera peut-être visible, le même soir, après le coucher du soleil, dans des régions déterminées du globe terrestre où des conditions favorables d’observation seront réunies. D’un mois à l’autre, ces conditions favorables existeront dans des sites différents du globe terrestre. Sinon, dès le deuxième soir après la “conjonction”, la nouvelle lune pourra être observée facilement à partir de nombreuses régions du globe.

Les différents Etats et communautés du monde musulman débutent ainsi, souvent, le nouveau mois lunaire en des jours différents, avec un décalage de 24 h les uns par rapport aux autres, au cours des 48 h qui suivent la “conjonction”.

Il faut ajouter que les observations de la nouvelle lune sont régulièrement entachées d’erreurs, comme en témoignent les études sur cette question publiées par les astronomes algériens Karim Meziane et Nidhal Guessoum, l’astronome saoudien Kordi et de nombreux autres auteurs ayant effectué des recherches sur cette question dans d’autres pays. « Eid al mawlid annabawi » (anniversaire de la naissance du Prophète) ou « Laylat al Qadr » (nuit du destin) sont ainsi régulièrement célébrés en des jours différents dans différents pays musulmans (parfois avec un écart de deux ou même trois jours).

Pour toutes ces raisons, dans le souci d’affiner leurs procédures (et d’affirmer leur souveraineté), de nombreux Etats musulmans ont adopté, au cours des dernières décennies, chacun pour son propre usage, les méthodes les plus diverses pour déterminer le début des mois lunaires. Certaines de ces méthodes continuent de relever de l’observation visuelle, alors que d’autres s’apparentent à une observation « virtuelle » ou simple « prise de connaissance » de l’apparition de la nouvelle lune.

  • Ainsi, en Egypte, le nouveau mois débute après la conjonction, lorsque la nouvelle lune se couche 5 minutes au moins après le coucher du soleil.
  • En Indonésie, en Malaisie et à Brunei, il débute après la conjonction, lorsque l’âge de la nouvelle lune est supérieur à 8 h, l’altitude < 2° et l’élongation > 3 ° .
  • En Turquie, il débute après la conjonction, quand la nouvelle lune forme un angle de 8° au moins avec le soleil, à une altitude d’au moins 5 ° .
  • En Libye, sous l’ancien régime de Kaddhafi, le nouveau mois débutait si la conjonction se produisait avant l’aube (« fajr »), heure locale.

Il va de soi qu’un calendrier qui dépend chaque mois de l’observation de la nouvelle lune pour démarrer le décompte des jours du mois ne peut être d’aucune utilité pour planifier des activités au-delà du mois en cours, en associant des dates à des jours déterminés. Les difficultés d’utilisation d’un tel calendrier s’aggravent, quand les dates du calendrier sont associées à des jours différents dans différents Etats musulmans. Peut-on même continuer de parler de « calendrier » (au sens strict du terme) dans une telle situation ?

Par conséquent, nul ne songe, de nos jours, à dater un contrat, à faire des réservations de billets d’avion ou de chambres d’hôtel, ou à programmer une conférence internationale sur la base des données de ce calendrier. Le calendrier musulman a ainsi été relégué à un simple rôle de protocole et de figuration, qu’il assume essentiellement à l’occasion des dates associées à des célébrations religieuses telles que le début ou la fin du mois de jeûne du ramadan ou le début du mois de dhul hijja, au cours duquel se déroule le pélerinage à la Mecque.

Pour gérer toutes leurs activités « séculières », les individus comme les Etats musulmans utilisent, depuis le 19è s. au moins, le calendrier grégorien ou, comme c’est le cas de l’Arabie Saoudite, un calendrier lunaire basé sur le calcul astronomique. L’Etat saoudien souligne cependant, dans ce contexte, qu’il se base uniquement sur l’observation de la nouvelle lune pour connaître le début des mois associés aux célébrations religieuses.

Comme il ressort clairement des exemples donnés ci-dessus, aussi bien les individus musulmans que les Etats sont unanimes à considérer que le calendrier musulman basé sur l’observation de la nouvelle lune n’est guère capable de répondre aux besoins des sociétés musulmanes des temps modernes, en remplissant les fonctions usuelles qu’on attend d’un calendrier. Cette incapacité provient du fait qu’il a été déconnecté de ses fondements conceptuels et méthodologiques astronomiques, ce qui rend caduques ses fonctions calendaires.

La question doit donc être posée : « Quand le Prophète a indiqué à ses Compagnons d’observer la nouvelle lune pour connaître le début des mois de ramadan et de chawwal, a-t-il simplement donné une réponse appropriée à la question qui lui était posée ? Ou bien a-t-il eu l’intention de poser les bases méthodologiques immuables d’un calendrier musulman? »
Dans les deux hadiths les plus fréquemment cités à ce sujet, il semble que le Prophète ait simplement répondu à la question qui lui était posée. Il a d’abord noté que les Arabes de son époque étaient « illettrés », ne sachant « ni écrire, ni compter. » Sur la base de ce constat, il leur a indiqué une procédure à utiliser pour connaître le début des mois de ramadan et de chawwal. De fait, le Prophète ne fit que les confirmer dans la pratique courante de leur époque, consistant à « observer la nouvelle lune pour connaître le début du mois ».

Bien plus, on peut logiquement déduire de l’observation du Prophète que si les Arabes n’avaient pas été « illettrés », ne sachant « ni écrire, ni compter », une autre procédure aurait été possible. Laquelle ?

La détermination du début des mois lunaires sur la base du calcul astronomique

Compte tenu des faiblesses avérées et des limites du calendrier musulman, de nombreux maîtres à penser modernes estiment qu’il est temps, en ce début du 21è siècle, de procéder à un réexamen et à une réadaptation de ce calendrier, en le basant sur le calcul astronomique, pour lui permettre de remplir les fonctions qu’on en attend.

Ils soulignent, à cet égard, que le Coran n’interdit pas l’utilisation du calcul astronomique, sous quelque forme que ce soit, dans quelque contexte que ce soit. En matière de calendrier, il indique simplement que le nombre des mois dans l’année s’élève à 12 (chacun d’eux pouvant avoir, comme l’a noté le Prophète, 29 ou 30 j).

Ils pensent qu’il est approprié de revoir, aujourd’hui, l’interprétation donnée par la majorité des oulémas au hadith du Prophète sur cette question. A leur avis, le Prophète a simplement recommandé aux fidèles une procédure pour déterminer le début d’un nouveau mois. Il ne s’agissait que d’un simple moyen, et non pas d’une fin en soi, d’un acte d’adoration (‘ibada). Le hadith relatif à l’observation n’établissait donc pas une règle immuable, pas plus qu’il n’interdisait l’utilisation du calendrier astronomique.

Le cadi égyptien Ahmad Muhammad Shakir est probablement le ‘alem le plus connu qui a défendu cette thèse. Il s’agit d’un juriste éminent de la première moitié du XXè s., qui occupa en fin de carrière les fonctions de président de la Cour suprême de la charia d’Égypte (tout comme son père avait occupé la même fonction au Soudan). Il reste, de nos jours encore, un auteur de référence en matière de sciences du hadith.

Il a publié, en 1939, une étude importante et originale axée sur le côté juridique de la problématique du calendrier islamique, sous le titre : « Le début des mois arabes … la charia permet-elle de le déterminer en utilisant le calcul astronomique ? ». D’après lui, les arguments théologiques couramment présentés à l’appui du rejet du calcul ne se justifient plus, dans les temps modernes, même s’ils se sont justifiés dans le passé.

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Shakir observe que le Prophète a tenu compte du fait que la communauté musulmane de son époque était « illettrée, ne sachant ni écrire ni compter », avant d’enjoindre à ses membres de se baser sur l’observation de la nouvelle lune pour accomplir leurs obligations religieuses du jeûne et du hajj.

Mais, la communauté musulmane a évolué de manière considérable au cours des siècles suivants. Certains de ses membres sont même devenus des experts et des innovateurs en matière d’astronomie. Les savants musulmans ont fait, pendant des siècles, la réputation scientifique et culturelle des Etats auxquels ils appartenaient. En vertu du principe de droit musulman selon lequel « une règle ne s’applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d’exister », la recommandation du Prophète ne s’applique plus aux musulmans, une fois qu’ils ont appris « à écrire et à compter » et ont cessé d’être « illettrés ».

De plus, Shakir rappelle le principe de droit musulman selon lequel « ce qui est relatif ne peut réfuter l’absolu, et ne saurait lui être préféré, selon le consensus des savants. ». Or, la vision de la nouvelle lune par des témoins oculaires est relative, pouvant être entachée d’erreurs, alors que la connaissance du début du mois lunaire basée sur le calcul astronomique est absolue, relevant du domaine du certain.

Il ajoute que de nombreux juristes musulmans de grande renommée ont pris en compte les données du calcul astronomique dans leurs décisions, citant à titre d’exemples Cheikh Al-Mraghi, président de la Cour suprême de la charia d’Égypte ; Taqiddine Assoubki et Takiddine bin Daqiq al-Eid.

Shakir souligne, en conclusion, que rien ne s’oppose, au niveau de la charia, à l’utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires et ce, en toutes circonstances, et non à titre d’exception seulement, comme l’avaient recommandé certains oulémas.

Il observe, par ailleurs, qu’il ne peut exister qu’un seul mois lunaire pour tous les pays de la Terre, basé sur le calcul, ce qui exclut la possibilité que le début des mois diffère d’un pays à l’autre. L’utilisation du calendrier basé sur le calcul rendra possible la célébration le même jour, dans toutes les communautés musulmanes de la planète, d’événements à caractère hautement symbolique sur le plan religieux, tels que le 1er muharram, le 1er ramadan, l’aïd al fitr, l’aïd al adha ou le jour de Arafat, lors du hajj.

Cette analyse juridique du cadi Shakir n’a jamais été réfutée par les experts en droit musulman, trois-quarts de siècle après sa publication. Le professeur Yusuf al-Qaradawi s’est récemment rallié formellement à la thèse du cadi Shakir. Dans une importante étude publiée en 2004, intitulée : « Calcul astronomique et détermination du début des mois », al-Qaradawi prône pour la première fois, vigoureusement et ouvertement, l’utilisation du calcul pour l’établissement du calendrier islamique, une question sur laquelle il avait maintenu une réserve prudente jusque-là. Il cite à cet effet avec approbation de larges extraits de l’étude de Shakir.

Le silence des oulémas au sujet des arguments développés par le cadi Shakir dans son opinion juridique de 1939 témoigne du malaise qu’ils ressentent quand ils sont confrontés à certains paradoxes dans l’interprétation et l’application des règles applicables à cette question. On peut relever à cet égard les points suivants :

  • Pourquoi serait-il licite pour les musulmans (y compris les oulémas) d’utiliser le calendrier grégorien basé sur le calcul astronomique pour répondre à tous leurs besoins, tandis que l’utilisation du calendrier musulman fondé sur le même calcul serait illicite?
  • De plus, comment les musulmans procèderaient-ils pour gérer toutes leurs activités, s’il leur était interdit d’utiliser le calendrier grégorien ? Pourraient-ils se passer totalement de calendrier ?
  • La même situation peut être observée au niveau des États musulmans. Déjà au XIXè s., l’Empire Ottoman, bien qu’utilisant officiellement le calendrier lunaire, avait également recours au calendrier solaire Julien (le prédecesseur du calendrier grégorien) pour gérer la comptabilité de l’administration et la paie des fonctionnaires et des soldats.
  • Similairement, l’Arabie Saoudite utilise, aujourd’hui, deux calendriers pour gérer ses différentes activités : l’un basé sur l’observation mensuelle de la nouvelle lune pour connaître le début des mois associés à des célébrations religieuses ; l’autre basé sur le calcul pour gérer ses affaires administratives, budgétaires, financières, etc. Comment le calendrier musulman basé sur le calcul peut-il être parfaitement licite pour gérer les activités normales de l’Etat, pendant neuf mois sur douze chaque année, et devenir d’un usage illicite pendant les trois mois restants, quand il s’agit de déterminer le début des mois associés à des célébrations religieuses (début et fin du ramadan, hajj…) ?
  • Pourquoi les horaires des prières sont-ils déterminés sur la base de calculs astronomiques, sans que personne ne doute de leur conformité avec la charia, mais les mêmes théologiens musulmans rejettent l’utilisation du calcul pour la détermination du début des mois lunaires islamiques ?

Sur la base de telles considérations, de nombreux Etats et communautés musulmanes à travers le monde ont commencé à utiliser un calendrier lunaire basé sur le calcul astronomique en substitution à la traditionnelle méthode d’observation de la nouvelle lune pour déterminer le début des mois lunaires.

Au niveau des pays pratiquant l’islam sunnite, la Turquie a franchi le pas d’utilisation du calendrier basé sur le calcul depuis plusieurs décennies. Ainsi, depuis 1 Muharram 1400 AH (21 Novembre 1979), la présidence turque des affaires religieuses (Diyanet Isleri Baskanligi) prépare périodiquement un « calendrier lunaire turc » basé sur la règle suivante: « Le mois lunaire est supposé commencer le soir où, quelque part sur Terre, le centre calculé de la nouvelle lune au coucher du soleil local est de plus de 5 ° au-dessus de l’horizon et l’élongation de plus de 8 °. » Ce calendrier postule dans ses spécifications qu’il doit y avoir la possibilité d’observer la nouvelle lune à l’oeil nu ou à l’aide d’un télescope en un endroit quelconque de la Terre. Il est calculé des années à l’avance (actuellement jusqu’à 1437 AH/2015 CE.)

Le Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (CFAN), qui s’est senti depuis des années interpelé par cette question, a annoncé, pour sa part, au mois d’août 2006 sa décision mûrement réfléchie d’adopter désormais un calendrier islamique basé sur le calcul. Il utilise depuis quelques années la Mecque comme le site au niveau duquel les calculs astronomiques doivent être effectués, la « conjonction » devant avoir lieu avant le coucher du soleil à La Mecque et la lune devant se coucher après le soleil.

Le Conseil européen pour la Fatwa et la Recherche (CEFR), qui est basé à Dublin, a également commencé à utiliser depuis quelques années un calendrier lunaire basé sur le calcul astronomique. Il fonde ses conclusions « sur des critères de calcul postulant qu’il doit y avoir la possibilité d’observer le croissant à l’oeil nu ou à l’aide d’un télescope en un endroit quelconque de la Terre. »

En France, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a annoncé le 9 mai 2013 sa décision d’utiliser désormais un calendrier musulman basé sur le calcul astronomique en substitution aux méthodes utilisées jusque-là, qui se basaient sur l’observation de la nouvelle lune soit en France, soit dans les pays du Maghreb ou du Moyen Orient. Ce calendrier basé sur le calcul tient compte de la possibilité d’observation de la nouvelle lune où que ce soit sur Terre, au soir du 29è jour du mois lunaire.

Résumé et conclusions :

La méthode de détermination du début des mois lunaires basée sur l’observation visuelle de la nouvelle lune n’est imposée ni par le Coran, ni par le Prophète. Elle était parfaitement adaptée à la culture du pays, au temps de la Révélation en Arabie, mais elle ne peut plus répondre aux besoins d’une société moderne.
Elle souffre de faiblesses et de limites considérables, puisque l’observation de la nouvelle lune doit être refaite chaque mois, dans des conditions difficiles et entourées d’incertitudes. Dans la mesure où les données sont établies à la dernière minute, ne sont valables que pour un mois, et diffèrent d’un pays à l’autre, aucune programmation ne peut être faite au-delà du mois en cours ni en-dehors des frontières de l’Etat où l’observation a été faite. Une telle méthode ne permet pas d’établir un « calendrier » au sens strict du terme. Elle subsiste essentiellement au titre du respect des traditions.
A l’inverse, la méthode basée sur le calcul jouit d’atouts considérables. Elle est parfaitement licite, puisque ni le Coran ni le Prophète n’interdisent son utilisation, et qu’aussi bien les Etats que les individus musulmans utilisent depuis des siècles des calendriers basés sur le calcul sans la moindre peur d’enfreindre les règles de la charia.
Etant donné que le calendrier basé sur le calcul est préparé par des astronomes professionnels, il est valable dans le monde entier, et toutes ses données sont établies avec la plus grande précision des années à l’avance.

Cette méthode de détermination du début des mois lunaires finira probablement par se généraliser, avec le passage du temps, une fois que l’ensemble de la population musulmane aura compris qu’elle est compatible avec la charia et est conforme à ses enseignements. Mais, elle rencontre actuellement, et continuera de rencontrer longtemps encore, des obstacles considérables liés aux traditions, aux intérêts établis des gouvernants dans chaque pays, aux considérations de souveraineté nationale et de politique interne et régionale, etc.

Remerciements

Je tiens à exprimer mes remerciements les plus vifs à M. Said Branine et au site Oumma.com.

Ouvrages et documents utilisés
En français

En arabe

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Un commentaire

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  1. Cet article est riche, je tiens à souligner certains points, j’ai fait des études en astronomie à l’observatoire de Paris il y a trés longtemps.
    L’année est définie à partir d’une étoile (le soleil), le mois à partir d’un satellite (la lune) , le jour à partir d’une planète (la terre) et la seconde à partir de l’infiniment petit. La même grandeur le temps est définie à partir de quatre phénomènes différents.
    Problème : Le temps n’a toujours aucune définition, on a voulu surmonter ce problème en disant que le temps doit etre en phase avec le ciel.
    Tout cet article est basé sur une hypothèse que pratiquement tout le monde reconnait : Le ciel est de loin mieux décrit par une étoile q’une planète et son satellite. C’est en réalité l’unique chose à mes yeux qui recale le calendrier lunaire, vu que la lune soit en retard du ciel décrit par une étoile (le soleil), 10 jours chaque année, soit un retard d’une année tout les 36 ans. Notre problème est donc d’etre en harmonie avec le ciel défini par une étoile.
    Le Coran parle des phénomènes physiques, soleil énergie, les saisons , la nuit et la journée et 12 mois, nullement des normes humaines. Le mouvement orbital de la terre autour du soleil décrit les saisons (chose cyclique), pas forcément L’année du calendrier. L’année solaire est une norme vu que le soleil soit une étoile.
    Le mouvement de la lune décrit forcement le mois du calendrier, je n’en vois pas d’autres explications.
    Le rotation de la terre décrit la journée et la nuit , pas forcement le jour du calendrier. Ce que l’on sait physiquement, les saisons influent sur la longueur de la journée et de la nuit.
    Les anciens, pour compter leur age, ils ne parlaient pas en nombre d’années mais en nombre de saisons, il avait 40 étés, ils se base sur les phénomènes physique, rarement sur la norme, il n y avait pas de normes.
    Le véritable problème de l’homme est l’habitude, on change rarement d’habitude, l’administration est grégorienne, tant que le ciel soit défini par une étoile.
    Je ne sais pas, peut etre que j’ai tore.

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