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Bruxelles : une association caritative musulmane entravée dans son action auprès des SDF

Le terrain de la bienfaisance peut s’avérer miné et les soupes populaires avoir un arrière-goût amer, à l’instar de la gare centrale de Bruxelles devenue la chasse gardée de la très active association ASBL "opération Thermos" qui, forte de ses 27 années d’existence, perçoit la présence sur le terrain d'une association musulmane comme une invasion marquée du sceau de la concurrence déloyale…

Pourtant, face à la misère que rien n’endigue, l’union devrait faire la force et non les ennemis irréductibles, et la distribution de repas aux plus nécessiteux devrait créer des synergies et non de l’hostilité, dans le hall d’une gare transformé en théâtre d’une querelle de chapelle pas très glorieuse, dont l’association Egalité Sans Guillemets (ESG) fait les frais.

En effet, depuis plus d’un an, tous les mercredis soirs, entre 19h et 20h, la vingtaine de bénévoles musulmans dressent des tables pour distribuer des repas chauds et des colis aux SDF, sans distinction quant à leurs origines et confessions. Une action hebdomadaire pour la bonne cause, mais qui est vécue comme une insupportable incursion par les responsables de l’association rivale, lesquels ont fait des couloirs de la grande gare de Bruxelles leur pré carré au quotidien.

"Chaque semaine, nous distribuons 300 repas : des soupes, des plats chauds, du café… Et ce, toute l’année. Eté comme hiver", indique Sarah Dahnin, 25 ans, une des responsables d’ESG qui se désole de la tournure des événements, voyant des doigts accusateurs tournés vers son association au lieu de mains tendues, quand ce n’est pas la police qui est appelée en renfort pour les déloger, comme ce fut le cas à trois reprises : "On nous a expliqué que l’Opération Thermos avait un accord avec la Ville de Bruxelles et la Stib et qu’elle avait donc priorité sur le terrain. On nous a aussi reproché de ne pas être au planning mais on ne nous y a pas conviés", souligne-t-elle.

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Accusée d’empiéter sans feu vert officiel sur les plates-bandes de l’opération Thermos, l’association ESG explique qu’une demande d'autorisation a été soumise à la municipalité et demeure pour l’heure sans réponse, ses responsables étant pleinement conscients qu’en cas de veto ils seront contraints de quitter les lieux, au détriment des plus démunis avec lesquels ils ont tissé des liens d’amitié.

Alors que l’incompréhension, mêlée de tristesse, prédomine du côté des jeunes membres musulmans de l’association ESG, dont les mamans sont mises à contribution pour concocter de savoureux plats faits maison, une question taraude les esprits : est-ce que toute cette controverse pourrait être liée au halal et à leur islamité ? En tout cas, sa nature épidermique et disproportionnée peut le faire craindre, obligeant Sarah Dahnin à se justifier à ce sujet : "Par habitude, nos mèresutilisent de la viande halal mais ce n’est pas essentiel pour nous. Même s’il est vrai que beaucoup de démunis sont musulmans", insiste-t-elle.

"On ne comprend pas pourquoi ils ont une telle réaction par rapport à notre présence. Nous pourrions travailler ensemble, mais ils le refusent", déplore-t-elle vivement, en lançant l'appel de la dernière chance aux responsables de l’opération Thermos : "Nous avons un but commun. Celui d’apporter un peu de chaleur aux plus démunis. La concurrence a-t-elle vraiment sa place ici ? Ne serait-il pas plus intelligent de travailler main dans la main ?" exhorte-t-elle. Mais la raison finira-t-elle par l’emporter dans cette guéguerre caritative, pleine de non-dits, qui est cruellement dépourvue de grandeur d’âme ?

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