Par Hocine Kerzazi
Certains acteurs politiques et médiatiques atteints du syndrome « pain au chocolat » surfent sur la peur de l’islam et le manipulent comme un fond de commerce électoraliste. Des personnalités s’autoproclament « experts de l’islam » et servent à l’opinion une religion imaginaire qu’ils agitent comme un épouvantail pour faire peur. Les mêmes voix et les mêmes questions se succèdent en alternance, jusqu’à créer une lancinante rengaine, répétée à satiété. Leur objectif et leur méthode sont simples : avancer des contre-vérités, effrayer par allusion les téléspectateurs et tenter d’établir que le fond du problème est l’islam lui-même.
« Le Coran est-il violent ? », « l’islam est-il compatible avec la démocratie ? » ; « L’islam est-il si différent du djihadisme ? »…
Vos fausses questions surprennent par la concentration de poncifs que vous y amassez. En faisant fi des nuances, vous êtes incapables d’appréhender les problèmes complexes auxquels vous répondez toujours par le simplisme le plus affligeant. Manifestement incapables de penser le problème en profondeur, vos propos peinent à élever le débat au niveau d’idées qui les dépassent. De provocation en provocation, vous soufflez sur les braises avec cette rhétorique fallacieuse de nature à brouiller les neurones.
D’une platitude navrante, votre manque de culture en la matière révèle le degré zéro de votre compétence à étudier l’islam. Sans prendre la peine de vous référer aux spécialistes qui explorent depuis des années ce champ immense de l’islamologie, la cause est entendue, les question se doivent d’être posées et nous, musulmans, sommes sommés d’y répondre.
L’histoire est jonchée de drames provoqués par la surdité et la cécité de ceux qui savent tout… Face à votre légion de “Pompiers pyromanes”, j’observe l’expression d’une profonde surdité sélective doublée d’une confusion contrôlée dans votre approche générale puisque l’on ne sait plus si vous parlez de politique, de religion ou bien d’un monde où tout serait religieux et donc tout viendrait de l’islam. Vous ignorez les spécialistes, vous leur tournez le dos, et vous ne les entendez encore moins, puisque votre surdité est complète.
Vos parallèles avec le djihadisme sont dès lors non seulement simplistes et réducteurs, mais aussi démagogiques. Il est tellement plus commode pour un tel esprit de simplifier à outrance en islamisant tous les paramètres car enfin, tout serait religieux dans votre logique. Il s’agit, au bout du compte, de mettre les musulmans à l’index. Il n’y a donc plus de débat, il ne reste que soupçons et mises en garde.
Vous citez en exemple des journalistes décapités, des églises brûlées, des conquêtes par les armes… pour définir les musulmans que nous sommes. Or, tout réduire, comme vous le faites, à un fondement religieux sans tenir compte de considérations sociales, culturelles et géopolitiques élémentaires vous conduira fatalement à de folles élucubrations. Or, face à des personnes comme vous – qui n’avez manifestement aucune compétence pour parler de ce sujet – se lancent dans une série d’élucubrations ridicules, il n’y a pas d’autre réaction légitime que de les dénoncer :
Non ! Vous ne pouvez pas islamiser tous les paramètres sociaux, culturels et géopolitiques en figeant votre représentation de l’islam dans une vision partiale et souvent caricaturée !
Non ! Vous ne pouvez pas faire mine d’ignorer les réalités historiques qui expliquent l’émergence de courants radicaux et violents se réclamant de l’islam !
Non ! Vous ne pouvez pas tout simplifier à outrance en jugeant les choses du haut de votre notoriété médiatique et de votre arrogance rationnelle !
Ce dont nous avons besoin, à l’heure actuelle, ce ne sont pas les pinaillages démagogiques que vous nous servez à satiété mais d’un front commun contre les extrémismes. L’arbre djihadiste qui tombe sous les haches et les cognées terroristes fait malheureusement oublier la forêt musulmane qui pousse et fructifie chaque jour. Voici pourquoi, je dénonce votre attitude schizophrénique de Pompier Pyromane, cherchant à éteindre un incendie que vous contribuez vous-même à attiser.
(1) Expression empruntée au dernier ouvrage de Pascal Boniface.
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