in

Aubenas, Julia et les autres

La détention de Florence Aubenas, et des autres journalistes et accompagnateurs, ne cesse de nous révolter et de nous interroger. Qui est à l’origine des enlèvements… ? Qui négocie… ? Quels sont les enjeux et les différents niveaux de lecture de cette succession d’enlèvements en Irak… ? Ici, seuls les hypothèses sont de rigueur et nul ne peut prétendre avoir LA réponse. La complexité de la situation impose la prudence.

La Journaliste française a été enlevée alors que ses deux confrères français, Chesnot et Malbrunot venaient d’être libérés. La prise en otage de ces deux journalistes posaient déjà question… Ils étaient connus et célébrés par tous pour leur professionnalisme et leur affection pour le monde arabe qu’ils « couvrent » depuis de longues années. Leur longue détention, suivie d’une fin heureuse (et nous nous en réjouissons), pouvait ressembler à une manipulation à plusieurs niveaux : des « résistants modérés » irakiens kidnappent deux journalistes français. Pourquoi des français… ? Parce que les preneurs d’otages sont manipulés à leur insu par les troupes US sur place qui visent à humilier la France. « Pardonner à la Russie, ignorer l’Allemagne, punir la France ». La négociation de la libération des deux français est une occasion en or de ridiculiser la France. Didier Julia, député français, estime avoir les contacts nécessaires pour obtenir la libération de nos deux confrères… Se propose-t-il d’intervenir où est-il « sollicité » par « ses amis » par ailleurs manipulés ? Nul ne le saura jamais. Il est roulé dans la farine. Parallèlement à son échec, les italiens, qui disposent de troupes en Irak qui se battent aux côtés des américains, obtiennent rapidement la libération de deux jeunes femmes humanitaires… L’humiliation de la France, amie de l’Irak et « ennemi de la guerre en Irak » est consommée… Julia n’obtient donc pas la libération de nos deux concitoyens. Quinze jours après la libération de nos deux confrères, obtenue grâce aux efforts incessants de notre diplomatie et de nos services de renseignement (une équipe de sept hommes présente sur place pendant toute la durée de la négociation), une femme, Florence Aubenas, est à son tour kidnappée… L’humiliation de la France recommence, selon le même procédé. Julia est sommé de ne pas intervenir. Il ne bouge pas… Obtient-il de ses contacts que Florence Aubenas « le sollicite » directement, afin d’être réhabilité… ? C’est risqué et l’effet positif n’est pas assuré… En revanche, ce qui semble probable, c’est que les ravisseurs de Florence Aubenas, que l’on dit, à juste titre, être les mêmes que les ravisseurs de Chesnot et de Malbrunot, se rappellent au bon souvenir de « l’ami Julia »afin qu’il tienne les promesses peut-être faite pour obtenir la libération des deux premiers otages. Promesses jamais tenues par lui puisque la libération a été obtenue par un autre canal que le sien…

Ce qui est certain dans cet enchaînement, c’est que l’Elysée avait connaissance des mouvements de Julia. Il est de notoriété publique que notre ambassadeur à Damas est intervenu pour obtenir qu’un visa soit rapidement délivré par l’ambassade de Syrie en France, au député Julia. Simple courtoisie d’un ambassadeur vis-à-vis d’un élu de la Nation dira-t-on. Certes. Mais cet ambassadeur était conseiller diplomatique du Président de la République, juste avant de prendre son poste à Damas. Intervenir pour un personnage comme Julia, député mais sulfureux, sans en alerter l’Elysée, aurait été jugé comme une faute grave justifiant le remplacement immédiat du fautif… Il n’en a rien été…

Aujourd’hui, où en sommes nous… ? Aucune revendication politique n’accompagne l’enlèvement de Florence Aubenas. Une certitude : la pression augmente à chaque enlèvement. Les services français s’activent, n’en doutons pas un seul instant… Mais si nous retenons que la volonté des preneurs d’otages et de leurs « conseillers » est d’humilier la France, nous devons avoir très peur pour la vie de notre consœur. Cette peur explique peut-être son terrible état psychologique.

Publicité
Publicité
Publicité

· Cet article a été rédigé avant la libération de la journaliste italienne, G. Sgrena. Les blessures reçues au cours de sa libération et les accusations fortes qu’elle porte, au péril de sa vie : “mes geoliers m’indiquaient que les américains ne voulaient pas ma libération ; au début, je ne les croyais pas”, soulignent combien l’hypothèse de de la manipulation US, avec comme conséquence l’humiliation de la France est probable.

Récapitulons : A 700 M de l’aéroport de Bagdad, un patrouille, qui n’appartient pas au dispositif fixe, ouvre le feu… est-ce un commando… ? A 700 M de l’aéroport, personne n’était au courant de l’identité des passagers alors qu’il y a très probablement des check points reliés les uns aux autres par radio au moins à deux ou trois Kms de l’aéroport. Enfin, pour se justifier d’avoir ouvert le feu, la patrouille US indique que “le véhicule roulait à vive allure”… comme s’il n’y avait pas, partout autour de cette zone stratégique qu’est l’aéroport de Bagdad, des “gendrammes couchés” et autres ralentisseurs ou hérissons… La preuve est désormais faite de la volonté américaine de tuer G. Sgrena et l’agent des services secrets italiens, tué lui, parce qu’ils savaient bien avec qui se tenait la négociation… Tout cela ravive également nos inquiètudes pour notre consoeur Florence Aubenas.

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Lettre de soutien critique aux initiateurs de l’appel pour des assises de l’anticolonialisme post-colonial

Le Liban à l’épreuve du feu