A peine sorti de l’hôpital, Raaft Maglad, le muezzin de la Mosquée centrale de Londres, la plus emblématique de la capitale, a puisé dans ses maigres forces pour accomplir un acte d’une grande noblesse de cœur. Devant les caméras, il a pardonné à l’homme de 29 ans qui, jeudi dernier, s’est jeté sur lui pour le poignarder au cou, à l’intérieur de la salle de prière, à la stupeur générale.
« Je lui pardonne, et je dirais même que je suis tellement désolé pour lui », a déclaré l’imam originaire du Soudan, en insistant sur le fait que l’islam invite au pardon, à cette démarche si difficile mais salutaire, car libérant de tout puissant ressentiment.
« Nous étions en train de prier lorsque j’ai senti que quelqu’un me frappait par derrière. Mon agresseur n’a pas dit un mot. J’ai senti du sang couler de mon cou. Autour de moi, la sidération a laissé place à l’affolement. Le visage du jeune homme m’était familier, il était déjà venu prier à la mosquée. Il a été très vite maîtrisé par les fidèles, pendant que d’autres se sont précipités vers moi. Tout est allé très vite, et je me suis retrouvé à l’hôpital », a relaté Raaft Maglad, visiblement bouleversé.
Assurant qu’il n’avait aucune haine dans son cœur, mais ressentait de la commisération envers son assaillant, emporté par une pulsion meurtrière qu’il n’a pas qualifiée « d’islamophobe », le muezzin de la Mosquée de Regent’s Park, impressionnant de dignité, a rappelé l’importance de la prière en islam, notamment de la salat Al–Jumu’ah. La grande prière collective qui, ce vendredi 28 février, sera sans nul doute chargée d’émotion près des rives de la Tamise.
Du côté de Shaukat Warraich, le directeur général de l’association Faith Associates, la colère mêlée d’inquiétude est le sentiment qui prévaut quatre jours après cette agression odieuse qui aurait pu être tragique. « Les mosquées sont des cibles faciles. La plupart ne sont équipées d’aucun dispositif de sécurité, en dehors de quelques caméras de vidéosurveillance », déplore-t-il grandement.
« Malheureusement, nous assistons actuellement à un changement de comportement de la part des fidèles, provoqué par la peur. Les femmes et les enfants se font plus rares à la mosquée ou ont carrément renoncé à s’y rendre, les hommes leur recommandant de ne pas venir prier le soir, car tous craignent d’être attaqués en chemin » , se désole-t-il, renchérissant : « Depuis ce jeudi funeste, les fidèles regardent désormais par-dessus leurs épaules ».
Grande noblesse de ce Muezzin pourtant encore convalescent qui symbolise parfaitement le fait que l’Islam invite au Pardon et à la commisération …