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Arabie saoudite : des signes de changement pour les femmes

« L’Arabie saoudite n’est pas encore prête à voir les femmes participer aux élections municipales du 23 avril prochain. » Le chef de la commission électorale a fait cette déclaration audacieuse à la fin du mois dernier, se référant à la fois au rôle d’électrice et de candidate des femmes. Pourtant, il y a deux ans une femme était nommée ministre déléguée pour la première fois et en 2005 des fonctionnaires du ministère des Affaires municipales promettaient la participation des femmes aux élections de 2011.

Ce type de comportement qui se caractérise par « un pas en avant, deux pas en arrière » montre que les citoyennes saoudiennes se voient toujours refuser les pleins droits. Il y a d’importants signes de changement et d’espoir concernant la situation des femmes en Arabie saoudite mais la réforme, motivée par des impératifs économiques et des modifications législatives, ne suffit pas. L’Arabie saoudite doit porter un nouveau regard sur les femmes.

Il y a deux ans, l’annonce par le roi de réformes – telles que la codification et la normalisation des lois, la création des tribunaux des affaires familiales et la reconnaissance du droit aux avocates de représenter leurs clientes – dans le système judiciaire était un signe encourageant. Aujourd’hui, avec le manque de transparence et de débat public, nous ignorons qui met en application ces réformes et ce qui fait l’objet d’une réforme exactement.

Plusieurs organismes financés par le gouvernement comme le centre Khadija bint Khowailid pour les femmes à la chambre de commerce de Jeddah fournissent d’importantes études et recommandations qui viennent soutenir et guider le processus de réforme, surtout dans le domaine de l’autonomisation des femmes grâce à la formation et aux possibilités d’emploi. En faisant du lobbying dans les ministères concernés, ces organismes changent les règles qui limitent les opportunités d’emploi pour les femmes. C’est ainsi qu’ils ont ouvert la porte au travail des femmes dans les commerces de détail et les usines.

Cependant, des problèmes subsistent dont les objections sociales à la mixité sur le lieu de travail, le type et le niveau d’emploi que les femmes peuvent occuper et l’obligation pour la femme d’avoir l’accord de son tuteur pour travailler.

Pour quelle raison l’Arabie saoudite persiste-t-elle à traiter les femmes comme des citoyennes de seconde classe ?

Les déclarations selon lesquelles les restrictions imposées aux femmes sont d’origine islamique, notamment le pouvoir conféré à une autorité masculine sur chaque aspect de leur vie, sont fausses. Aux premières heures de l’islam, les femmes ont joué un rôle de premier plan en soutenant le prophète Mohamed, en le conseillant et en répandant son message. Sa femme, Khadija, gérait son propre commerce et fut la première à croire en son message. Bien d’autres femmes très respectées ont eu des rôles prééminents au sein du gouvernement, de la politique et de la société tout au long de l’histoire de l’islam.

Le problème réside dans les traditions conservatrices et l’interprétation étroite des textes religieux qui n’autorisent pas les opinions divergentes.

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Le but, pour de nombreux religieux conservateurs, est de garder les femmes en dehors de la sphère publique. Cependant, l’idée selon laquelle la simple présence d’une femme est une menace et peut conduire les hommes au péché insulte et avilit les femmes. Les femmes sont plus qu’un corps. Ce sont des êtres humains qui peuvent mentalement et intellectuellement rivaliser avec les plus grands hommes.

Non seulement les femmes doivent faire partie de la main d’oeuvre mais elles doivent aussi occuper des postes décisionnels.

Avec l’agitation en cours dans le monde arabe, les hommes et les femmes qui prennent d’assaut les rues pour réclamer la démocratie, la justice, l’égalité et la liberté d’expression, il est ridicule de continuer à se demander si les femmes devraient être autorisées à conduire, à voyager seules et à décider seules.

Pendant trop longtemps, l’interprétation extrêmement étroite de la loi et des traditions islamiques a entravé l’ascension des femmes. Une révision majeure du système éducatif saoudien – de l’école primaire à l’université – est donc nécessaire. Très tôt, le jeune garçon saoudien apprend qu’il est privilégié simplement parce qu’il est de sexe masculin. En revanche, on enseigne à la fillette qu’elle est de moindre importance parce qu’elle est de sexe féminin. Un programme scolaire semblable à celui réservé aux garçons donnerait aux filles les mêmes compétences, le même savoir. Un programme d’histoire religieuse et islamique qui souligne le rôle et l’apport des femmes ainsi que leurs droits en accord avec l’islam sensibiliserait les consciences et améliorerait le comportement de la société à l’égard des femmes et la manière dont elle les traiterait.

En outre, une vaste campagne de sensibilisation sur l’égalité des droits basée sur la charia (principes islamiques) est essentielle. Informer la société sur les droits des femmes relatifs à l’éducation, au mariage, à la garde des enfants, à la succession, à la propriété, aux affaires et autres choses est indispensable pour créer une société qui peut vraiment prétendre adhérer aux principes de l’islam.

Tant que l’Arabie saoudite ne mettra pas en application ce renouveau fondamental soutenu par une réforme de l’éducation et du système judiciaire, elle connaîtra cette dichotomie entre infrastructures modernes et apathie mentale.

En partenariat avec le CGNews

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