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Algérie : l’avortement, le “faux tabou” qui prolifère

En Algérie, derrière les portes étanches de certains blocs opératoires, l’un des plus grands tabous est brisé, à l’abri des regards réprobateurs, par des médecins peu scrupuleux et souvent cupides, qui n’hésitent pas à mettre leur mouchoir par-dessus  le serment d’Hippocrate : l’avortement, l’acte immoral par excellence, est pratiqué dans une omerta qui privilégie l’hypocrisie au détriment d’un vrai débat de société.

L’enquête édifiante menée par le site Algérie 36 révèle que l’interruption volontaire de grossesse unanimement condamnée, ne dissuade nullement des patients fortunés d’y avoir recours, et des cliniques de s’en faire une spécialité peu avouable, vouée à la clandestinité et pire encore au charlatanisme.

La loi du silence régit le milieu médical, et c’est à mots  couverts que la standardiste d’une clinique de maladies gynécologiques située dans la banlieue de Boumerdès,  qui avait fait couler beaucoup d’encre dans les années 90 pour un manquement déontologique lié à « un défaut d’agrément », répond à  une femme, chargée par les journalistes du site de se faire passer pour une mère désireuse de faire avorter sa fille : «Je voudrais connaître les conditions pour faire avorter ma fille qui est à son deuxième mois de grossesse illégitime». La phrase choc a fusé, et la réaction subtilement nuancée de la standardiste est
éloquente : « Ce n’est pas une spécialité de la maison, mais passez quand même, nous allons discuter et voir ce que nous pouvons faire en conformité avec la loi et la déontologie».

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En immersion dans la salle d’attente peu accueillante, et presque insalubre, de la clinique, où l’anxiété est palpable, le journaliste et sa complice, entrés dans la peau de leur personnage (des parents en quête d’informations sur l’avortement), approchent une jeune fille de 20 ans, étudiante, célibataire et enceinte, venue subir l’irréparable moyennant « 30 000 DA ».

Masquant sa honte, son visage trahit  une infinie détresse face à l’opération délicate qui en fera une paria. Victime d’un « fonctionnaire puissant » qui a abusé de son innocence, la jeune fille fait le récit de son malheur aux journalistes : ce fonctionnaire « contre lequel je ne peux rien, se trouve être le père de l’enfant que je porte. Certes, c’est lui qui prend en charge les frais de l’avortement, mais moi je me trouve dans une situation embarrassante. Une fois sortie de ce marasme, je ne sais quoi faire» confesse-t-elle, avant d’ajouter : «C’est une de ses connaissances qui a fait les démarches auprès de cette clinique pour un avortement ».
 

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