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Algérie : le dérapage du responsable du Salon du livre au sujet des violences faites aux femmes

Assénée avec un soi-disant humour des plus discutables, la phrase banalisant la violence domestique à l’encontre des femmes prononcée par Hamidou Messaoud, le responsable du Salon international du livre d’Alger (SILA), a fait l’effet d’un coup de massue en Algérie, et pour cause !

Les réseaux sociaux algériens, fortement commotionnés depuis mercredi, bruissent encore de cette justification inqualifiable de la violence faite aux femmes dans l’intimité des foyers, avec une émotion d’autant plus forte qu’elle émane d’une personnalité occupant de hautes fonctions.

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Invité de l’émission « Kahwa w journane » (Un café et un journal), sur la chaîne de télévision privée Ennahar TV, Hamidou Messaoud, déplorant la polémique provoquée l’an passé par le livre « Comment frapper sa femme », totalement infondée à ses yeux, a brusquement dérapé en direct live, après avoir affirmé que ce « petit livre » interdit de salon, s’il était utilisé comme un mode d’emploi, s’avérerait « utile aux Algériens. Parce que nous, on utilise parfois la violence. »
A ces mots malheureux, Billel Kebache, l’animateur interloqué de l’émission, lui a aussitôt lancé « Hamidou, cela ne nous concerne pas ». Mais c’était peine perdue, puisque le commissaire du prestigieux Salon du livre d’Alger, se sentant très en verve, a renchéri de plus belle, en dévoilant le fond de sa pensée.
« Parce que parfois, le mec frappe sa femme, et quand tu la vois après, on dirait qu’un camion lui est rentré dedans. Au moins quand il frappe, qu’il frappe avec un peu de gentillesse », a-t-il poursuivi, avec une prétendue pointe d’ironie qui a heurté bien des oreilles…
Parmi les personnes qui se sont offusquées à juste titre, Nadia Aït Zaï, avocate et directrice du Centre d’information sur les droits de l’enfant et de la femme (CIDDEF) à Alger, lui a reproché vertement de « banaliser la violence » et pire encore : « Il la justifie en reconnaissant que les Algériens sont un peu violents et que ce livre peut être un mode d’emploi pour eux », condamne-t-elle. « Son rôle de commissaire du SILA l’appelait à plus de réserve et non pas à afficher ses sentiments. C’est grave pour quelqu’un qui représente l’État et non pas ses humeurs », a-t-elle grandement déploré.
Alors que selon l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), plus de 7 000 femmes ont été victimes de violences en 2016 – un chiffre qui ne reflète pas la réalité, compte tenu du refus de nombreuses femmes de porter plainte contre un membre de leur famille – les propos de Hamidou Messaoud en ont choqué plus d’un en Algérie. Toutefois, certains ont préféré en rire, percevant un humour corrosif là où la plupart des internautes ont décelé des accents de sincérité.

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