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Alain Juppé veut « faire confiance » aux responsables d’Ennahda

Ce qu’il y a de prodigieux avec la langue de bois diplomatique, c’est que même lorsque l’on croit en connaître les rudiments, on n’en a jamais exploré toutes les subtilités…Si la Tunisie est considérée comme le laboratoire de la démocratie arabe, la France, de son côté, est en train de rôder son discours officiel, au fur et à mesure que la liberté tunisienne, chèrement acquise, vole de ses propres ailes.

Ainsi, les relents néocolonialistes de « la vigilance », qui fut le premier mot d’ordre d’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, suite à la large victoire d’Ennahda, s’adoucissent dans une tonalité plus positive. Il convient désormais d’entonner une nouvelle antienne : « faire confiance », reprise en choeur par Gérard Longuet, ministre de la Défense, dans l’émission "Mots croisés" sur France 2.

Sur les ondes d’Europe 1, notre ambassadeur en chef, se souvenant subitement que la révolution française ne s’est pas faite en un jour, a déclaré : " Aucune révolution ne se passe dans le calme complet. Il va y avoir des difficultés. Il faut faire confiance ", ajoutant " Quand j’écoute le discours des responsables du parti Ennahda, qui disent nous voulons un pays qui fait référence à l’islam bien entendu, mais qui respecte les principes démocratiques, et nous nous engageons non seulement à ne pas dégrader le statut de la femme mais même à l’améliorer. Pourquoi ne les croirais-je pas ? ".

C’est fou comme la ligne d’horizon s’éclaircit, dès que la France recouvre la mémoire, et qu’elle prend un peu de hauteur en s’écartant de la meute qui crie au danger de l’islamisme ! " Partir du principe que l’islam et la démocratie sont incompatibles, c’est quelque chose d’extraordinaire ! Le fait est qu’en France, nous avons une vision de la laïcité très marquée, mais il y a des tas de pays où l’on fait référence à la religion dans la vie publique ", a renchéri Alain Juppé dans un bel exercice d’autocritique.

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Mais au final, la langue de bois, impériale, l’emportera, et tout en se disant prêt à « travailler » avec le parti dirigé par Rached Ghannouchi, la « vigilance » sera son dernier mot, comme pour finir sur une note plus consensuelle que ne l’était son audacieuse, et non moins louable, remise en cause du dogme laïque…

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