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Dieudonné – Entretien à cœur ouvert

Un bouquin d’entretien, un de plus ! Sur un humoriste qui, en moins de deux minutes, en direct à la télé, a déclenché plusieurs mois de polémique incendiaire dont les braises rougeoient encore. Pour beaucoup, l’affaire semble entendue : chacun a le droit de bouffer selon les plans marketing qu’il se dégote. Y compris un obscur journaliste de Belgique. Comme toujours, la réalité est plus subtile.

Ce qui m’a décidé à solliciter Dieudonné pour qu’il accepte ce long entretien, c’est d’abord la richesse du bonhomme. Humoriste, comédien, citoyen engagé, humaniste et républicain. Ça court plus vraiment les plateaux télé. Fini le bon temps des Coluche, Desproges et Le Luron. Reste Bedos qui, l’âge aidant, met davantage d’eau que de vin dans son verre. Puiser au cœur de la réalité socio-politique pour faire marrer puis cogiter, ce n’est plus « bankable », messieurs-dames…

Ensuite, le procès médiatico-politique en antisémitisme. A charge uniquement, d’une violence inouïe et sous la houlette d’un terrorisme intellectuel et financier, assez dissuasif pour ne pas oser défendre publiquement l’artiste. Dans ce climat délétère, force est de constater qu’une nébuleuse extrémiste sioniste a pu déployer toute sa capacité de nuisance et d’influence : une dizaine de spectacles de l’humoriste annulés – dont l’Olympia – par craintes de troubles à l’ordre public, deux spectateurs blessés à Lyon, boycotté par France Télévisions et procès en « diffamation raciale » sur injonction du ministre de la Justice…

Première question : est-ce Dieudonné et son humour corrosif qui se révèlent dangereux ou un contexte qui permet une telle déferlante de haine sans arbitrage ni protection des autorités de la République ?

A travers ce livre, j’ai voulu donner la possibilité à Dieudonné de développer ses convictions et ses prises de position. Sous les auspices de la liberté d’expression. A l’abri d’une certaine désinformation médiatique observée à plusieurs reprises (exemple parmi d’autres : certains journaux ont dit, écrit et répété que l’humoriste avait conclu son sketch par « Heil Israël ! ». Ce qui est faux). Lui renvoyer ensuite les principales critiques et craintes qu’il a suscité. Tenter de tracer quelques perspectives en m’appuyant sur plusieurs notes et annexes. Le tout, sous une forme accessible et ramassée. Bref, un travail journalistique, certes humainement engagé contre tous les amalgames, mais respectant l’exactitude des faits. Seconde question : pourquoi aucun journaliste français n’a eu l’idée ou la possibilité de réaliser ce boulot ?

La chape de plomb demeure épaisse. Or, qui peut soutenir que le fondamentalisme religieux n’existe que chez les Chrétiens et les Musulmans ? Qui peut soutenir, quel que soit le pays, qu’il n’existe aucun lien objectif entre l’intégrisme religieux et l’extrême droite ? Enoncer ces vérités, par le biais de l’humour, ne fait évidemment pas de vous un antisémite, de même que fustiger les intégristes musulmans ou l’extrême droite ne vous enferme pas dans le costume d’un islamophobe ou d’un antifrançais.

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En revenant à ce fameux sketch « nauséabond » que la Justice a jugé exempt de toute forme de racisme, on peut également se pencher sur cette phrase : « Monsieur Fogiel, vous avez invité sur votre plateau l’humoriste musulman Jamel Debbouze…Bravo, de mieux en mieux, le service public ! A l’heure ou le terrorisme, monsieur, international, menace nos femmes et nos enfants, vous trouvez judicieux d’offrir la parole à ce Moudjahidine du rire ». Puis celle-ci : « Avez-vous seulement pris la précaution de le fouiller avant qu’il ne rentre sur ce plateau ? (…) Mais qui vous dit qu’il ne cache pas sous son blouson je ne sais quelle…bombe artisanale ? Imaginez qu’il se fasse sauter en direct ?  ». Ou encore celle-là : « La présence de Jamel Debbouze sur ce plateau est une provocation insupportable, un acte antisémite auquel il vous faudra répondre, monsieur Fogiel ».

Ces paroles n’ont précisément déclenché ni scandale ni hurlements. Aucun islamiste furieux n’a tenté de saboter la tournée de Dieudonné ou d’agresser ses spectateurs. Sur cette partie du sketch, le ministre Perben n’a pas jugé utile d’en découdre devant les tribunaux. Et c’est tant mieux ! Mais cela souligne l’indignation sélective de certains Français de type caucasien. Tous les bronzés de France, eux, savent ce que signifie la persistance du « deux poids deux mesures » en République. En matière d’emploi, de logement, de criminalité, d’apparition dans les médias et, aujourd’hui, de communautarisme à combattre…

En « taquinant » si précisément le réel, les propos du personnage interprété par Dieudonné ont fait exploser ce qu’il restait du tabou communautaire juif. On doit à l’artiste de l’avoir courageusement mis en lumière et à la justice française d’avoir reconnu en sa charge humoristique une critique politique et non raciale. Mais « l’Eglise cathodique » ne tire pas les mêmes conclusions. Tourner en dérision les terroristes du 11 septembre 2001, « ça, c’était très drôle ! », souligne l’animateur Ariel Wizman (Canal +). Ridiculiser un colon israélien et par extension la politique de l’Etat d’Israël, « ça », ce n’est plus de l’humour. C’est indubitablement un « dérapage antisémite » assènent les marquis médiatiques qui s’asseyent sur les décisions judiciaires non conformes à leurs préjugés.

Dieudonné, Entretien à cœur ouvert, éditions EPO, 10 euros

Adresse internet des Editions EPO  : http://www.epo.be/editions/presentation.php ?isbn=2-87262-217-9

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