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Vers la “réforme islamique”

Les deux précédentes réflexions, « Réformer le Coran ?! » et « L’islam est-il parfait ? », fondaient respectivement en raison deux concepts complémentaires : la “réforme” coranique et la “réforme” islamique. La synthèse se pourrait ainsi formuler : « réformer notre lecture du Coran pour réformer notre être par le Coran et réformer notre lecture de l’islam pour réformer notre être par l’islam.

Bien évidemment, l’on aura compris que “réforme coranique” ne signifiait pas réformer le Coran et que “réforme islamique” ne signifiait pas réformer l’islam. Les guillemets, comme la mise en italique, ont ici toute leur importance, cherchant à palier aux obligations et limites de toute expression. Malgré tout, et c’est sans doute leur raison d’être, de tels énoncés et formules soulèvent de nombreuses questions auxquelles il convient d’apporter quelques éclaircissements.

• Pourquoi le musulman doit-il se réformer ?

Nous pouvons retrouver Malek Bennabi en la conclusion de l’analyse de son syllogisme post-almohade : « La vérité peut même devenir néfaste, en tant que facteur sociologique, lorsqu’elle n’inspire plus l’action et la paralyse, lorsqu’elle ne coïncide plus avec les mobiles de la transformation, mais avec les alibis de la stagnation individuelle et sociale. »

Cependant, à bien lire, Bennabi admet que la vérité, ici l’islam, peut conditionner le déclin des musulmans, ce qui n’est pas satisfaisant. Ayant postulé en ses prémisses que l’islam était parfait, il ne pouvait concevoir que l’on doive et l’on puisse le réformer. Ainsi, pour lui, la réforme de l’homme musulman devait donc être menée sans celle de l’islam. Nous l’avons montré, sur la base de ce faux raisonnement syllogistique aucun mouvement réformiste n’a réussi depuis 1000 ans à stopper la dégression des musulmans, même erreur pour mêmes échecs.

Plus pragmatiquement – et cela est particulièrement vrai pour les musulmans vivant en Occident, mais pas uniquement du fait de la mondialisation des valeurs – les musulmans, lorsqu’ils éprouvent des difficultés en le monde où ils vivent, sont en droit de se demander ce qui génère ces points de blocage. Ceci, attendu que l’islam tel qu’ils le conçoivent devrait leur permettre de vivre en tout lieu et tout temps, l’on n’attend pas moins d’une religion universelle et intemporelle. A moins de penser que le monde occidental soit le seul responsable de ces situations d’achoppement, il est légitime que nous nous interrogions quant à la pertinence de certaines de nos pratiques et la persistance de certaines de nos mentalités. Tout clivage nécessite une résolution avant que de provoquer rupture. Dès lors que nous percevons cette problématique, une réforme s’impose, d’autant plus que le croyant ne doit pas attendre que le bien vienne de l’autre, il doit chercher en être le premier vecteur.

• En quoi le musulman doit-il se reformer ?

Le syllogisme de Malek Bennabi dénonçait la boucle de la perfection : « L’islam est parfait, je suis musulman, donc je suis parfait ». Contrairement au présupposé de Bennabi, à partir d’une critique rationnelle de ce sophisme et d’une analyse historique objective, nous avons mis en évidence la perfectibilité de l’islam. Tout aussi logiquement, du fait de l’inadaptation de l’islam historique, la réforme de l’homme musulman, dès lors que l’on voudrait l’accomplir sans celle de l’islam, ne pourrait se réaliser que sans l’islam. Il s’agit alors d’un processus de sécularisation, et ce n’est point notre propos.

Nous avons démontré que ce n’était point l’islam en tant que vérité, c’est-à-dire le Message révélé, qui fut cause et facteur de l’arrêt civilisationnel, mais l’islam historique en tant que construction relative et perfectible qui, à un moment donné, devint par fixisme un frein à l’évolution et au développement. L’inadéquation de l’islam historique était déjà patente il y a dix siècles, il n’y a guère à douter qu’elle le soit de nos jours. Du fait que nos propres mentalités sont issues de cet islam historique, dont nous sommes les héritiers conscients comme inconscients, réformer l’un permet de réformer les autres et inversement. La reconnaissance et la connaissance de cette boucle de l’imperfection sont un élément essentiel à l’idée de “réforme” islamique.

Conséquemment, l’homme musulman devra mener conjointement la réforme de son être et la “réforme” islamique, car le seul retour à une entité nommée indistinctement « islam » ne parviendra pas à triompher de nos mentalités et, conséquemment, du présent.

• Faut-il réformer l’islam ?

Il est essentiel de distinguer entre “réformer” l’islam et réaliser la “réforme” islamique. Bien que l’on ne sache pas ce que recouvre précisément l’expression, la première proposition indiquerait implicitement que l’on veuille unilatéralement réformer l’islam en tant que religion. L’islam que nous connaissons est un tout, et le réformer sous-entendrait qu’il faille changer ce que l’islam est. Une telle réforme aboutirait à formuler un autre islam et, alors, comme il en fut par exemple de la réforme protestante, ceci ne pourrait qu’engendrer une scission au sein des musulmans. Un islam réformé serait obligatoirement cause de division. Les critères d’une réforme de l’islam seraient nécessairement arbitraires, puisque dépendant des événements et du temps, et ce processus non maitrisé pourrait par cascade inductive mener à la sortie du fait religieux islam. Nous avons déjà signalé que réformer l’islam pouvait au mieux conduire à la sécularisation, elle serait ici précipitée et déstructurante.

• Qu’est-ce que la “réforme islamique” ?

La “réforme islamique” repose sur un principe différent, elle admet comme postulat que l’islam historique doit être conservé en tant qu’entité globale. La “réforme islamique” s’opère donc à l’intérieur de l’islam en veillant à ne pas déconstruire ou déstructurer. Elle vise à rendre l’islam historique compatible aux musulmans actuels et non plus à ce que les musulmans deviennent compatibles avec cet islam comme nous le proposent les mouvements dits réformateurs, quels qu’ils soient au demeurant. La “réforme islamique” ne doit ni diviser ni provoquer de scission, elle est une réforme de l’intérieur. A chaque pas, elle doit veiller par la qualité et la rationalité de ses arguments, de ses démonstrations, à ce que l’ensemble de la Communauté puisse rester cohérent. La “réforme islamique” mène ainsi ses réflexions en fonction de processus connus et admis de tous les musulmans, principalement la méthodologie classique d’élaboration islamique des différents types de pensée et de production. La “réforme islamique” n’est donc pas un « Je pense que » ou un « Il n’y a qu’à », ce n’est pas un discours politique.

En son aspect essentiel, c’est-à-dire appliqué, la “réforme islamique” est de modifier notre rapport à l’islam comme la “réforme coranique” est de réformer notre rapport au Coran. S’agissant du Coran, le sujet est clairement délimité, son contenu est indiscutablement définitif, et seules les lectures qui en sont faites peuvent être discutées ainsi que la méthodologie de lecture à mettre en œuvre, non plus pour le relire, mais pour le lire vraiment. Par contre, s’agissant de la “réforme islamique”, l’objet, l’islam, dont les contours admis sont connus, est de contenu plus vaste, mais aussi plus diffus.

Cet islam historique appartient de principe au temps et, ce faisant, a en son giron accumulé des notions disparates. Nous savons tous que l’islam est composite et comporte une part coranique, une part prophétique, une part provenant des hommes. La réforme intérieure islamique sera donc de distinguer entre ces divers constituants et éléments. Chercher à établir chaque fois que nécessaire ce qui relève de l’intangible et du contingent, de l’absolu et du relatif, du fondamental et de l’accessoire, de l’intemporel et du temporel, de l’accepté et de l’inacceptable, du toléré et de l’intolérable, du sûr et du probable, du vrai et du faux, du constant et du modulable, du principal et du secondaire.

Point capital, la “réforme islamique” ne propose à aucun moment que tel ou tel point de « réforme » soit entériné ou adopté. Du reste, en islam, il n’existe pas réellement d’instance à même de réaliser des validations s’imposant à la Communauté des musulmans. Mais, cette “réforme ” doit offrir aux musulmans eux-mêmes les moyens de réfléchir sur tel ou tel point et de se déterminer en leur âme et conscience de manière éclairée et rationnelle. La “réforme islamique” n’est ni productrice de fatwas ni donneuse de leçons, elle ne tend qu’à la réforme de l’homme musulman par lui-même, pour reprendre la si belle expression de Bennabi.

• Quelle méthodologie pour la “réforme islamique” ?

L’islam est forme et fond. Le fond est par nous considéré comme révélé dans le Coran. La forme, elle, a une origine tripartite : le Coran, la Sunna, les traditions ; le tout ayant été lié par l’effort conceptuel et rédactionnel des ulémas des quatre premiers siècles. Il s’agit bien d’un islam historique, l’islam constitutif de notre religion n’est pas en soi révélé, mais est le fruit d’une élaboration complexe et séculaire. Le premier axe de “réforme islamique” est donc le nécessaire tri en ces données sources de valeurs diverses et inégales. Les outils traditionnels de repérages et d’authentification sont connus, ils peuvent être optimisés en les couplant avec ceux de l’analyse critique moderne.

De chacune des trois sources de l’islam, quoique différemment, l’on se doit d’envisager la pertinence. La réforme islamique propose une comparaison systématique de méthodes et de résultats : pour le Coran, exégèse traditionnellement admise versus analyse littérale ; pour la Sunna, valeur technique de la transmission versus analyse de texte et test de conformité aux énoncés coraniques essentiels ; pour la tradition, suivisme culturel versus usage éclairé.

Autre axe méthodologique essentiel : réexaminer le champ d’application de l’islam historique. En effet, de par le concept fourre-tout de sharia, les limites catégorielles s’estompent et sont mis sur un même plan d’égalité les volets relevant de cultuel, du statut personnel, du juridique, du culturel, etc. Il est indispensable de sectoriser l’ensemble de ces textes et propos afin que l’art des ablutions et le statut de l’apostat ne soient pas considérés à l’identique et confondus en importance, valeur, et signifiance.

Par cet immense chantier d’analyse des sources, la “réforme islamique” vise ainsi à réduire la part des variables pour resserrer et recentrer l’islam sur son noyau originel, l’invariant. Ce faisant, cette démarche permet une grande adaptabilité aux temps sans pour autant sacrifier les musulmans, et encore moins l’islam, à l’autel de la modernitude.

• Quel référentiel pour la “réforme islamique” ?

Le référentiel absolu en islam est le Coran, cela ne signifie qu’il ait été celui de l’islam ou le soit encore, mais implique qu’il le soit pour la “réforme islamique”. Non seulement chaque musulman peut, mais doit prendre le Coran comme référentiel ; le révélé est le fond comme le ferment de qui nous unit à Dieu c’est-à-dire l’Islam, cette fois avec une majuscule. Concrètement, le Coran est à la fois cadre éthique et cadre technique, rien ne peut s’admettre ou s’imposer qui ne soit en concordance avec ces deux domaines. Le Coran est ainsi le critère à l’aune duquel tout point de l’islam historique peut être mesuré lors des processus d’analyse ci-dessus exposés. D’où, dans la démarche globale de “réforme islamique”, est priorité à établir une lecture du Coran qui ne dépende pas des faisceaux de sens que l’islam historique projette rétrospectivement sur le texte coranique.

Ceci relève de notre point de vue d’une méthode d’analyse littérale, outil d’organisation rationnelle de lecture ouvrant la voie d’accès au sens coranique en court-circuitant la mise sous tutelle du Coran, le Coran par le Coran. Ainsi, éclairer l’islam par le Coran et non pas le Coran pas l’islam. Seul, cet étalon textuel constituera une grille de lecture critique de l’ensemble des éléments constitutifs organisés et hiérarchisés comme nous l’avons précédemment exposé. Une étude comparée de compatibilité permettra alors de tracer une ligne de démarcation entre l’Islam et l’islam.

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• L’Islam vrai existe-t-il ?

Cet Islam que nous prenons toujours soin de majusculer ne serait-il pas comme un saint Graal qu’il nous faudrait quêter. Si, à l’évidence, l’Islam est le Message révélé dans le Coran, la “réforme islamique” ne postule en aucune manière que nous devions remplacer le modèle d’islam historique par l’Islam coranique. En effet, l’histoire des religions laisse apparaître un hiatus parfois important entre une Révélation donnée et le système religieux qui en a découlé et, pas plus qu’il n’existe de religion conforme à la Révélation, il n’existe de religion révélée. La Révélation et son Message ne sont que l’impulsion de la dynamique de synthèse des religions, l’apport d’énergie exogène nécessaire à la réaction, pour reprendre une terminologie propre à la thermodynamique de l’Histoire. Nous touchons là, et nous en sommes fort conscient, un point d’achoppement majeur en la croyance simplifiée des musulmans à qui une conception millénaire a su faire admettre que l’islam qu’ils suivaient était identique à l’Islam révélé…

Ceci étant, en ce qui concerne la “réforme islamique”, il serait incorrect et surtout vain de prétendre par ce mouvement de recherche revenir à l’Islam coranique, ou à l’Islam vrai, ou à l’Islam pur. Il s’agit là d’une fiction, de nature toxique, car toute religion est un moyen terme historique, la fille d’une rencontre entre le Ciel et la Terre. Ainsi, toute tentative de ce type aboutirait à terme à la mise au monde d’un autre islam historique et serait donc aussi déconstructive que la prétention à réformer l’islam. Qui combat par l’épée périra par l’épée, l’on ne chasse une orthodoxie que par une autre. L’existence en la longue et tumultueuse histoire de l’islam de centaines de mouvements, comme autant de variantes possibles supposées, et dont le principal restant est le shiisme, montre que d’autres « systèmes religion » purent être envisagés à partir d’une même et unique Révélation, la Révélation coranique.

L’Islam vrai, plus encore qu’une utopie, est une illusion. La “reforme islamique” impose de conserver l’islam historique en tant que référent, structure essentielle, comme elle impose d’en étudier le contenu rationnellement selon les process d’une analyse critique et sans dogmatisme aucun. En définitive, il s’agit d’exercer la raison en un domaine qui, en réalité, ne relève de la foi que pour une part déterminée.

Ainsi, l’islam, ou islam historique, demeure le référentiel de la “réforme islamique”, et le Coran, porteur du Message ou Islam, est à son tour le référentiel permettant de mener la réforme du premier par le second sans qu’il soit pour autant possible comme souhaitable de réduire notre islam à cet Islam.

• La “réforme islamique” est-elle coraniste ?

L’on aura compris de ce qui précède qu’il ne s’agissait nullement de souhaiter passer de l’islam historique à un Islam théorique. Attendu que l’Islam ne se trouve avec certitude que dans les strictes définitions délivrées par la Révélation, le Coran, plusieurs mouvements réformistes ont commis l’erreur méthodologique de prôner le seul retour à cet Islam, ils ont été qualifiés de manière assez inappropriée de coranistes. Pas plus que la totalité de l’islam ne découle du Coran, pas plus le Coran ne saurait suffire à construire une « religion Islam ». Nous l’avons montré, d’une part, une religion nécessite un processus d’élaboration historique à partir d’une Révélation donnée et, d’autre part, le contenu du Coran n’est en rien suffisant à constituer une religion.

En prétendant revenir à l’Islam originel seulement défini par le Coran, ces sectateurs ne peuvent échapper à l’arbitraire de certains de leur choix ou non-choix et s’imaginer pratiquer un « Islam coranique » est s’installer peu ou prou dans la virtualité. Le Coran n’est en aucune manière l’expression de la vraie « religion révélée » par Dieu qui se nommerait Islam, il n’y a pas de religion coranique. L’on ne doit pas confondre le Message Islam relevant pour l’essentiel de l’ordre du credo et de l’éthique, et une « religion Islam » qui consisterait à n’appliquer que les éléments cultuels indiqués dans le Coran.

Répétons-le, quand bien même le Coran doit être le premier et le principal référent de la “réforme islamique”, celle-ci s’exerce pour autant à l’intérieur de l’islam historique en cherchant à trier et hiérarchiser la masse de ses données constituantes sans avoir pour objectif de parvenir ou revenir à une autre religion islam. En cela, elle diffère radicalement de la voie desdits coranistes.

• Que sont les acteurs de la réforme ?

En ces temps agités, l’interpellation actuelle est une opportunité à saisir, remettre en question nos trop vieilles certitudes, nos encore plus usées habitudes, nos mentalités. Or, tout discours de « réforme » a été jusqu’à présent le fait et le mot d’ordre de « réformateurs » sans que l’on sache toujours précisément ce que ces deux termes recouvrent. Nous distinguons :

Les réformateurs. Deux catégories : les réformateurs moraux et les réformateurs techniques. Les premiers considèrent à l’instar de Bennabi – nous avons largement discuté de l’inexactitude théorique de ce raisonnement – que l’islam étant parfait il s’agit uniquement de réformer les musulmans. Ce sont les penseurs socio-moralistes et/ou politiques. Les seconds, pour qui l’islam est tout aussi parfait, envisagent d’adapter cet islam qui, de par sa perfection, possède en lui-même les outils et les données pratiques permettant son intégration aux mondes actuels. Ce sont les canonistes, les muftis. Les deux coopèrent, puisque le musulman que l’on désire ainsi reformer ne peut fonctionner sans cet islam adapté.

Les fondamentalistes. Pour eux, l’islam est plus que parfait et ils prétendent que par un retour à une stricte observance littéraliste figée le musulman accomplira sa réforme. Ce faisant, ce retour en arrière le découple de la réalité, ne pouvant changer le monde il change de monde. Nous avons parlé du dernier avatar de ce pseudo néosalafisme conservateur et des affinités non paradoxales qu’il présente avec les réformateurs. De fait, le discours des réformateurs ne s’appliquant qu’envers les musulmans au nom d’un islam imperfectible, il est cohérent qu’une telle démarche aboutisse aux fondamentalismes.

Les sécularistes. Ils militent pour la sécularisation intensive afin que l’islam ne concerne plus que la stricte sphère privée. Cela sous-entendrait que l’espace public, dit laïque, soit areligieux ou le lieu d’expression d’un dogmatisme laïciste. De plus, en ce discours, il n’est jamais spécifié quelle part d’islam l’on nous proposerait d’ainsi vivre sous séquestre.

Les négationnistes. Ils représentent une frange extrémiste voulant dissoudre l’islam et l’islamité dans l’acide fort d’une hyper-laïcité européenne. La haine et la bêtise comme constituant identitaires.

Les transformistes. Ils souhaitent redéfinir l’islam en fonction de critères externes, généralement en fonction de deux fictions sélectives : les Droits de l’homme et les Lumières, en quelque sorte une mise aux normes européennes de l’islam.

Ainsi, aucune de ces catégories d’acteurs n’agit réellement dans le cadre de la “réforme islamique” telle que nous l’avons à présent définie. Il convient toutefois de parvenir à spécifier, c’est-à-dire nommer, le musulman qui participe à ce mouvement et, à cette fin, tout à fait conscient de la limitation que la sémantique nous impose, nous retiendrons sélectivement le seul terme encore disponible en langue française : réformistes. Cet adjectif, calque de l’anglais, qualifie ceux qui œuvrent dans le respect à l’intérieur d’un système afin de l’améliorer pour plus de justice. S’agissant de la “réforme islamique”, il faudrait donc pour être exact et rigoureux employer la locution « réformistes islamiques ».

Au final, à bien l’entendre et le comprendre, ni coraniste ni réformateur, mais “réformiste”.

• Qui sont les “réformistes islamiques” ?

1400 ans de dialectique ne se défont pas, ils se négocient, c’est mener la “réforme islamique” sans réformer l’islam ou le déconstruire. Quelle folie serait-ce que de vouloir prétendre changer l’islam d’un coup de baguette exégétique ! Cela changerait-il les musulmans par la même occasion ?! Parce qu’elle postule que les musulmans comme l’islam sont amendables, la “réforme islamique” implique de tous une participation interactive. Par un travail sur soi-même réformer son être, ses mentalités, et exercer de ce fait une réflexion positive sur l’islam au sein de l’islam lui-même. La “réforme islamique” a pour principe premier de créer un flux d’échange permanent entre les musulmans et leur islam, l’islam. Se produit ainsi une homéostasie, un équilibre : l’islam est le vecteur comme le support de la “réforme islamique” et la “réforme islamique” est l’inducteur des rectifications nécessaires aux musulmans.

En ce contexte, aucune élite n’est en capacité d’agir au nom des autres, nous devons tous être des “réformistes islamiques”. Ce n’est donc pas l’apanage de quelques savants, mais bien la somme des énergies et de la foi de tous les chercheurs, c’est-à-dire de tout homme et femme de bien en quête d’équilibre, de respect et de bel-agir, la somme et la synthèse des efforts de pensée et de réforme des mentalités, réforme des êtres, qui feront la “réforme islamique”.

Enfin, subtilement, la “réforme islamique” ne devrait jamais aboutir, ce serait ne pas en avoir saisi ni l’essence ni le sens, car elle est par définition aussi vivante que l’islam qu’elle revivifie et elle ne devrait cesser avant que ne cesse le temps, la mort est cessation du mouvement.

• Vers la “réforme islamique” ?

Il n’y aura donc pas de réforme possible de l’homme musulman et de la femme musulmane sans “réforme islamique”, comme il n’y aura pas de “réforme islamique” sans “réforme coranique”, et ces deux agents ne seraient fonctionner sans l’énergie de la réforme de l’être. Cette étroite intercompréhension et interpénétration est la clef de la réussite, l’espoir d’un monde renouvelé de foi et de lumière.

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