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Une voilée et un barbu

Ce titre qui relie une femme et un homme musulmans, en réponse à l’article de Farah Zahidi Moazzam, La confession d’une « hijabi » est inspiré de cet article qui mentionne que l’expérience vécue par cet auteur féminin est aussi celle de ses « homologues masculins qui portent la barbe ou s’habillent de manière traditionnelle ». Farah nous invite à les comprendre.

Tous deux s’affirment en effet religieux. En France, dans l’Église catholique, les Filles de la Charité portaient des coiffes blanches empesées sur leurs têtes et les prêtres des robes noires (des soutanes) avec autour du cou un petit morceau de col blanc. Ils se manifestaient ainsi et certains suivent encore cette voie religieuse. Comme certaines hijabi, ils se vêtaient ainsi chaque jour, fiers de leur appartenance. Les sœurs de Saint Vincent de Paul ont évolué. Il y a à nouveau des prêtres en robe noire avec un petit morceau de col blanc. Tous qu’ils soient musulmans ou catholiques font partie du genre humain et attestent leur foi. Chacun peut donc les comprendre.

Il est certes étonnant que dans l’islam, une religion sans prêtre, où la « shahada », l’attestation de foi, est si simple, des hommes et des femmes musulmans aient besoin de tels signes de reconnaissance. Farah indique de plus que sa décision dépend de sa lecture du Coran. Ne devons-nous pas prendre conscience que l’exégèse coranique évolue sans rien perdre de sa spiritualité et que la rectification des erreurs du passé est source de progrès ?

Une femme voilée et un homme barbu nous disent pourtant quelque chose, à savoir que les civilisations ne sont pas pures et qu’ils aspirent à la pureté voulue par Dieu, à l’époque de la mondialisation. En tant que minoritaires, ils rendent visible leur minorité et renoncent volontairement au monde laïc qui se gausse parfois de leur tentative de purification.

La laïcité a pourtant ses arguments. Les ordres religieux, puisque l’union fait la force, ont souvent exercé des pressions politiques, à l’image d’une armée triomphante. Ils éduquaient la jeunesse et la mettaient en mouvement. Ils soignaient les malades et présidaient aux mariages et aux enterrements, sous le regard de Dieu mais aussi sous l’autorité d’hommes et de femmes religieux et puissants, utiles sans aucun doute mais capables de plus de nuire au pouvoir en place. Toute armée vit d’ailleurs la même ambiguïté. Elle est en uniforme et l’obéissance requise est sa force. Sa qualité dépend alors de celle de ses chefs. La laïcité se souvient de plus des guerres de religion. Ces dernières levaient des troupes en uniforme et obéissantes pour tuer leurs ennemis.

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Une bonne question pourrait faciliter notre compréhension. Elle porte sur l’autorité dans les pays multiconfessionnels. Comment le dirigeant d’une religion donnée va-t-il accueillir les autres religieux ? La laïcité ne devrait-elle pas permettre d’éviter cet écueil ? Qui veut une guerre de religion ? Qui imagine une armée composée de voilées et de barbus ? Pas même sans doute les voilées et les barbus de France !

Les apparences sont trompeuses. Les arguments s’affrontent, opposant des libertés individuelles et des pouvoirs politiques et sociaux. Chacun désire développer sa puissance mais qui ne redoute pas les guerres de religions ? Qui ignore que la seule autorité vient de Dieu et non des religions ? Dieu n’a-t-il pas créé l’homme libre, invitant le genre humain au « dévoilement » et à la coupe des cheveux et des barbes en signe de purification ?

Les voiles et les barbes, non plus que les coiffes et les soutanes ne sont pas redoutables, surtout lorsqu’ils expriment la vraie foi. Ils le deviennent lorsqu’ils constituent des forces armées. Ils visent alors davantage la puissance que le service du bien commun et oublient la fraternité de tous les êtres humains.

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