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Une enquête inédite sur les immigrés et leurs descendants

Intégrés, assimilés, quand certains fantasment sur leur transparence, la population immigrée et ses descendants sont souvent désignés, qualifiés, classifiés, mais jamais vraiment photographiés.

L’Institut national d’études démographiques y a remédié, en observant à la loupe les conditions de vie de plus de 20 000 immigrés et descendants d’immigrés, entre 2008 et 2009, dans une enquête, rendue publique le 19 octobre dernier, qui se distingue par la taille de son panel et sa composition, intitulée : “Trajectoires et origines : enquête sur la diversité des populations en France“.

Une photographie inédite d’une population qui fait l’objet de joutes oratoires enflammées, les esprits dits éclairés s’écharpant sur la définition précise de la politique à mettre en œuvre, chacun y allant de sa nuance intégrationniste, assimilationniste, ou régulationniste…

Passant en revue les aspects économiques, sociaux, familiaux et religieux, l’enquête fait état des difficultés particulières qui jalonnent le parcours de vie des immigrés et leurs descendants, notamment sur le plan scolaire : “les sorties sans diplôme du système éducatif sont plus nombreuses chez les descendants d’immigrés (13 % contre 8 % pour la population majoritaire), en particulier chez les personnes originaires de Turquie, du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne. En moyenne, les enfants d’immigrés sont moins souvent diplômés du supérieur que la population majoritaire (29 % contre 34 %), même si les filles tirent globalement mieux leur épingle du jeu“.

Dans cette véritable course d’obstacles, l’emploi et son lot de discriminations sont de loin l’écueil le plus difficilement contournable : “un immigré du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne a deux fois plus de risques d’être au chômage qu’une personne de l’échantillon majoritaire“.

Pour autant, les chercheurs estiment que l’ascenseur social n’est pas totalement en panne, les enfants d’immigrés devenant des ouvriers plus qualifiés que leurs pères, quand ils n’accèdent pas à des fonctions de cadres.

L’épreuve du racisme ne semble affecter que les descendants d’immigrés, et non les immigrés eux-mêmes, “36 % des descendants d’immigrés affirmant avoir subi des propos ou attitudes racistes. La couleur de peau, puis l’origine et la religion constituent les principales sources de stigmatisation“, affirme l’étude.

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Au cœur de tous les débats passionnels, la religion et l’islam ont été abordés par l’étude, le très redouté “retour au religieux” étant jugé “peu crédible“, alors qu’il est de bon ton d’identifier les musulmans de manière manichéenne, les bons et les méchants, ou encore les “modérés” et les “intégristes”.

Parmi la population âgée de 18 à 50 ans (…), près de 45 % de personnes se déclarent agnostiques ou athées, (…) plus des trois quarts des immigrés et de leurs descendants déclarent avoir une religion” stipule l’enquête.

Les proportions de sans-religion sont plus faibles chez les immigrés qui viennent des régions islamisées, mais leurs descendants déclarent plus souvent une référence religieuse que les autres“, poursuit-elle, avant de conclure que : “Le retour au religieux de la deuxième génération semble peu crédible, ou à tout le moins réservé à des fractions extrêmement minoritaires des différentes origines. En effet, les descendants des immigrés de confession musulmane se situent pour la plupart dans la continuité avec le sentiment religieux familial et non pas dans un niveau de religiosité supérieur à celui de leurs parents“.

Sur le plan familial, l’étude fait ressortir que dans 65 % des cas, les descendants se marient avec un Français de souche, établissant là l’importance réelle des couples mixtes, signe de la diversité culturelle française, malgré des pratiques discriminatoires persistantes.

Ainsi, “40 % des immigrés ayant rencontré leur conjoint après la migration vivent en couple avec une personne de la population majoritaire“. C’est particulièrement vrai pour “les immigrés originaires d’Asie du Sud-Est et d’Afrique subsaharienne. Ceux qui choisissent un conjoint descendant d’un immigré issu du même courant migratoire forment une minorité (9 %)”.

La vie citoyenne, le logement, le sentiment national, d’autres données actuellement en cours d’analyse viendront enrichir un ouvrage collectif qui paraîtra en 2012.

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