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Sarkozy préfère sauver le soldat Shalit plutôt que de faire libérer Salah Hamouri

Courrier du cœur. Samedi, le chef de l’Etat a adressé « avec affection » une lettre de soutien au militaire franco-israélien Gilad Shalit, emprisonné à Gaza depuis cinq ans. Ue faveur à laquelle n’a pas eu droit Salah Hamouri, étudiant franco-palestinien incarcéré en Israel depuis 2005 pour délit d’opinion.

Hier après-midi, à Jérusalem, l’ambassadeur de France était le porteur d’une missive exceptionnelle : celle rédigée par le président Sarkozy à destination de Noam et Aviva Shalit, parents d’un prisonnier de guerre capturé par des organisations paramilitaires palestiniennes le 25 juin 2006. Engagé comme tankiste dans l’armée israélienne, Gilad est également détenteur de la nationalité française. Extraits du document officiel publié samedi sur le site de l’Elysée :

« Cher Gilad, c’est à vous aujourd’hui que je souhaite m’adresser directement car je n’accepte pas cet isolement que vos geôliers vous imposent depuis cinq ans en violation de toutes les normes de droit international et des plus élémentaires principes d’humanité. Malgré cet insupportable enfermement, vous avez le courage de tenir (…) Face à la solidarité internationale –et, sachez-le, de vos compatriotes français-, j’exhorte ceux qui vous emprisonnent à mettre fin au sort si injuste qui vous est fait (…) ».

Avant de conclure « avec autant de conviction que d’affection » en lui prodiguant toute son « amitié », Nicolas Sarkozy condamne sa « séquestration indéfinie, inadmissible et révoltante ». Des termes qui pourraient précisément s’appliquer à la détention de Salah Hamouri  : depuis mars 2005, cet étudiant et miltant politique franco-palestinien, alors inscrit en sociologie à l’université de Béthléem, a été accusé d’avoir voulu attenter à la vie de Ovadia Yossef, chef du parti ultra-orthodoxe Shas. Malgré l’absence de preuves, reconnue le 31 mars par le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, la France rechigne toujours à faire pression sur le gouvernement israélien pour obtenir sa libération. Dans un récent entretien avec Oumma, la mère de Salah, Denise Hamouri, qualifiait d’ « injustice » le « deux poids deux mesures flagrant » des autorités dans leur activisme à l’égard des otages et prisonniers politiques français à travers le monde.

Le Hamas, « gang des barbares » par procuration

Flashback : en 2006, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, s’était particulièrement engagé aux côtés de la famille d’Ilan Halimi, victime emblématique du « gang des barbares ». Celui qui briguait l’investiture présidentielle avait instrumentalisé cet abject fait divers en soutenant notamment la manifestation organisée par le CRIF pour condamner ce qui apparaissait alors comme un crime motivé par l’antisémitisme. Aujourd’hui, alors que le CRIF continue de se mobiliser pour la libération de Gilad Shalit et et de soutenir la thèse de la culpabilité pour Salah Hamouri, le chef de l’Etat récupère, à la veille de sa nouvelle campagne électorale, le désarroi de la famille Shalit -préoccupée de ne pas pouvoir communiquer avec l’un des siens en captivité- en jouant la carte d’une solidarité préférentielle. Écarté de la bienveillance du chef de l’Etat : Salah Hamouri, un citoyen également français mais dont la rentabilité électorale est de toute évidence moins assurée.

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Même indifférence du gratin culturel parisien : à part le soutien détonnant de l’acteur François Cluzet, le Franco-Palestinien n’a pas encore bénéficié, par exemple, d’un court-métrage collectif en sa faveur comme celui réalisé par Elie Chouraqui pour Gilad Shalit.

Depuis sa prison de Guilboa, le jeune homme continue quant à lui de se soucier du sort du peuple palestinien : le 13 juin, il adressait une lettre à ses sympathisants, soucieux du sort de la Palestine davantage que de sa propre incarcération : « Si le peuple palestinien est acculé et n’a plus aucun choix, le désespoir pourrait amener à une explosion dans le pays. Je veux remercier au nom de mes camarades tous les amis du peuple palestinien, en France ou ailleurs. Je ne vous répeterai jamais assez que pour nous, vous êtes une porte sur l’espoir ». La crainte de « l’explosion » du  « désespoir » mais, surtout, la promesse d’un chemin possible vers « l’espoir »  : nulle clémence à solliciter, Salah Hamouri n’a que faire de Nicolas Sarkozy.


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