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Réponse au Dr Abdallah

Cher Docteur Abdallah Thomas MILCENT

J’ai lu avec beaucoup d’attention votre intervention devant l’Assemblée Nationale, telle que reproduite sur le site “oumma.com”.

Vos propos mesurés et dignes vous honorent. Ils honorent les musulmans et les jeunes voilées que vous défendez.

Je suis né en terre d’islam et j’ai été élevé dans cette foi. Même si, personnellement, je ne suis pas pour le port du foulard, je ne peux que vous soutenir dans la défense du droit à la différence. La démocratie n’est pas le règne des fourmis.

Mais je voudrais immédiatement mettre un bémol à ce soutien : je suis prêt à vous suivre dans votre raisonnement à l’intérieur même des écoles religieuses mais je m’arrêterai, par respect, à la porte de l’école laïque. Ne mélangeons pas les genres ! C’est ce qui fait le plus de tort aux musulmans.

S’il y a un lieu où l’on enseigne l’égalité et le respect de l’autre, qu’il soit drapé, en maillot dans un gymnase ou tout nu sur une plage…, c’est bien l’école laïque. Je ne sais pas s’il en va de même dans les écoles religieuses. L’école laïque nous apprend à nous dépouiller de nos cultures particulières que nos parents et fratrie sont tout naturellement enclins à nous transmettre. Cela ne veut pas dire que les parents et fratrie ne passent pas de vraies valeurs aux enfants. Je dirais même plus : il faut absolument continuer à transmettre des valeurs.

Mais c’est bien à l’école laïque qu’il faudra que la République continue à forger sereinement des citoyens capables de se dépasser et de se libérer de nos propres cultures ancestrales. Oui, il faut toujours et toujours aider nos enfants à se libérer du poids des parents, de la famille et des patriarches. Il faut entretenir la dynamique de “culture ouverte” contre “culture communautaire”. Ce n’est pas le combat des lumières contre les ténèbres. Ce combat est dépassé et il n’y a que les “laïcards”, comme vous les désignez, qui soutiendraient cette thèse. Je crois que c’est un combat digne auquel tous les citoyens peuvent souscrire. C’est un combat juste qui n’a pas besoin de faire appel aux ancêtres ni à une puissance particulière à chaque communauté, laquelle puissance est située hors de notre espace et de notre temps. Les valeurs laïques fondamentales que sont la liberté, l’égalité et la fraternité font appel uniquement au sens du respect réciproque que l’on doit à l’homme et à la femme. Je pense que c’est là la raison principale qu’il ne faudra pas perdre de vue : éviter que les élèves ne fassent pression sur les professeurs laïques. Les unes à l’aide de foulards, les autres coiffés de kippas ou une majorité arborant une croix bien voyante. Nous devons ce respect aux autres élèves et aux professeurs de la République avant que chacun ne sorte son “étendard”.

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Que diriez vous d’un appel au sens de la citoyenneté de nos jeunes filles. Il faut simplement leur rappeler que la République leur garantit des droits mais qu’elle attend d’elles un certain respect. Nous avons tous le devoir de respecter la neutralité de l’école laïque. Je suis persuadé qu’il est facile d’éduquer nos filles et leurs parents (si nécessaire) à ce respect. Focalisons nos énergies sur cette noble tâche au lieu de les dissiper dans des confrontations nocives, inutiles et forcément sectaires. Dédramatisons le bout de tissu et formulons autrement notre demande : ôter symboliquement son foulard est un acte de politesse comme on ôte sa casquette. Voilà comment dépassionner le débat et même le rendre sans objet. Les citoyennes et les citoyens musulmans gagneront en respect aux yeux de la communauté nationale et en respect pour l’école laïque.

Celles pour qui porter le foulard ou la coiffe est une nécessité impérieuse, peuvent choisir d’aller chez les religieuses de leur confession. La République laisse toujours des choix et il faudra que les musulmans et les musulmanes les fassent dans la clarté. Les sœurs chrétiennes nous ont donné l’exemple.

Un autre sujet connexe doit être traité par notre communauté musulmane : il faudra qu’on fasse évoluer le regard que portent les hommes sur leurs mamans, sœurs et compagnes. Vous l’avez si bien dit : « la réalité profonde d’un corps social se révèle en examinant son comportement envers les plus faibles de ses membres ». Essayons donc de considérer dans un premier temps la même phrase avec ’communauté’ à la place de ’corps social’ !

Avec mes respects citoyens.

Pascal Hilout

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