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Rencontre avec Obama

Changement se style à la Maison Blanche : Barack Obama a inauguré son séjour à Strasbourg par une rencontre avec les habitants de la ville dans une salle de sport, dépassant ainsi le cadre des rencontres strictement officielles auxquelles ses prédécesseurs nous avaient habitués. Je ne reviendrai pas sur le charisme – bien réel – du personnage, et sur ses talents d’orateur : sa campagne électorale nous l’a suffisamment prouvé. Que retenir de cette rencontre ? Deux choses me paraissent significatives : l’une sur la forme, l’autre sur le fond.

Sur la forme, après le discours, la parole a été donnée aux lycéens, nombreux à avoir été invités, et à eux seulement. Ce silence imposé à la classe politique, aux journalistes, à tous ceux qui, habituellement, sont considérés comme faisant l’opinion mérite d’être souligné, même si l’on n’ a pas toujours évité le comique, une jeune fille d’origine hongroise lui disant que son nom en hongrois signifiait « abricot » (sárgabarack en fait).

J’entends de là de bons esprits s’écrier déjà « C’est du bonapartisme ! » sans se rendre peut être compte du progrès qu’à représenté en son temps le bonapartisme sur une classe politique orléaniste enfermée dans son égoïsme et sa vision étroite du monde, qui n’avait pas hésité, tenant les rênes de la IIe République, à supprimer de fait le suffrage universel. Cette option était courageuse, elle a été prise, félicitons nous en.Sur le fond une chose m’a plus particulièrement frappé : « l’Amérique change – a-t-il dit – mais elle ne doit pas être la seule à changer. »

Oui, il semble bien, au moins dans les discours – car il est trop tôt pour juger encore des actes, que l’Amérique soit en train de changer : la main tendue à l’Iran lors du discours d’investiture semble marquer la volonté d’infléchir un certain nombre d’orientations à la politique étrangère américaine.

Il faut en être conscient : rien ne pourra être bâti sans l’Iran dans la région : réelle puissance régionale, jouissant d’une identité forte et ancienne, d’une culture brillante, d’une langue qui se place au troisième rang mondial des langues circulant sur le Net, l’Iran, quelles que puissent être les réserves que l’on puisse émettre sur certains aspects de sa politique, est et se sait l’un des pivots majeurs de cette région du monde.

Trente années de politique de « containment » n’ont pas brisé l’Iran. Peu de peuples autant que les Iraniens ont réussi à survivre avec un tel courage, une telle énergie, et aussi, parfois, avec une telle élégance, au sang de la révolution et de la guerre. Sachons, là aussi, au-delà des discours officiel, voir ce peuple d’Iran qui nous tend la main. Les Iraniens ne demandent qu’à être traités pour ce qu’ils sont, d’égal à égal. C’est un droit fondamental que l’on doit accorder à tout individu. Pourquoi et surtout au nom de quoi le leur refuser ?

Sur un autre point l’Europe devrait également changer : sur la Turquie, ce bon élève de l’Alliance occidentale au moins depuis la Guerre de Corée – puissance incontestablement européenne depuis le Traité de Paris du 30 mars 1856. Les rebuffades insultantes que les dirigeants européens font subir à ce pays doivent cesser. Est-il admissible que l’on fasse encore, comme A. Merkel, par exemple, le fait aujourd’hui, du refus de l’entrée de la Turquie en Europe un thème de campagne électorale ?

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Peut-on, lorsque l’on se prétend Européen, ignorer à ce point les avancées démocratiques de la Turquie qui sont soulignées de façon claire par le Conseil de l’Europe et son Assemblée parlementaire – sinon à dénier aux institutions européennes tout intérêt ?

Peut-on, alors que la confusion entre pouvoir judiciaro – militaro – politique était de mise en Turquie avant 2001, ne pas saluer – un exemple parmi tant d’autres, avec l’abolition de la peine de mort – l’échec de la tentative d’interdiction de l’AKP par la Cour suprême de Turquie et tenter au contraire d’encourager une véritable séparation des pouvoirs, base de tout régime démocratique, par un changement d’une constitution issue du coup d’Etat militaire de 1980 ?

Ce seraient là des projets plus honorables et de bien plus de grandeur que l’égoïste repli sur soi.

Je le dis d’autant plus volontiers aujourd’hui que je n’ai jamais été suspect de complaisance à l’égard des Etats – Unis : j’ai envie de prendre Barack Obama au mot et de lui poser ici, sur « Oumma.com » la question que je n’ai pas pu lui poser dans la salle :

« Pensez-vous, Monsieur le Président, avoir la capacité d’amener vos alliés à ce que vous avez appelé une « diplomatie plus intelligente, ou à tout le moins plus juste et plus réaliste ?

« Que la foi, la charité et l’espérance, vous encouragent vous guident et vous soutiennent dans cette action. »

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