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PSYCHO-HISTOIRE

Le regretté Isaac Asimov, bien que scientifique, fut un brillant vulgarisateur et un auteur de science-fiction surdoué. Dès 1940 il tentait d’analyser, dans son cycle littéraire « fondation », les causes, les conséquences et les méthodes de traitement possible de la chute d’un empire.

Il avait alors imaginé une nouvelle discipline : la Psycho-Histoire dont le but était de pouvoir traduire, à partir d’un échantillonnage suffisant de la diversité, les probabilités des comportements et des évolutions possibles des systèmes à l’œuvre dans l’histoire humaine.

Faisons alors un peu de science-fiction à partir des évènements du 11 septembre 2001 sans se préoccuper des aspects bassement matériels de type pipe-line, OPEP, croisade médiévale et autres sornettes, destinés à tenter de faire comprendre l’incompréhensible à l’ignorant de base, c’est-à-dire l’adulte qui a cessé de croire au père Noël, le sot à l’utilité du bulletin de vote. Personnellement, je préfère ceux qui croient encore au père Noël, c’est beaucoup plus amusant.

Par conséquent, je vous propose de faire de la science-fiction psychiatrique. Il existe en psychiatrie, comme dans toute religion (au sens étymologique du terme : ce qui tente de faire lien), plusieurs écoles, quoique chez les psychanalystes lacaniens certaines ressemblent plutôt à des sectes en terme d’effectif, ce qui n’empêche pas l’un de ces courants (la psychanalyse) de s’autoproclamer comme mode de pensée universelle issue d’un messie viennois du XIXe siècle.

L’un des courants du XXe siècle, celui des thérapies dites systémiques, initié par Bateson, plus connu par son mariage avec l’ethnologue Margaret Mead, s’intéresse plus précisément à la nature des systèmes (dont les systèmes familiaux), de ses composants, des interrelations qui animent ceux-ci. Son application la plus courante en pratique de soins est celle des thérapies familiales.

Le patient est considéré comme un des éléments, mais pas le seul, d’une famille remise en question dans ses valeurs et dans ses mythes. Le thérapeute tente alors de jouer au casque bleu : grosso-modo, on se pose, on prend de la distance, on réfléchit et on discute : la paix ou la guerre ? Si oui, pourquoi et comment ? Et ce, afin de permettre à l’environnement de trouver un nouvel équilibre.

J’aime beaucoup lire la presse et regarder la télévision de crise depuis le 11/09/2001. Tout le monde y va de son avis anxieux, pour ne pas dire de son ’ caca nerveux ’, sur ce qui se passe, sur ce qui ne passe pas, ce qu’il conviendrait de faire, mais sans trop savoir comment. Par ailleurs, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais tout fonctionne de manière assez surréaliste au quotidien :

Entre les banques et les compagnies d’assurance qui n’arrivent plus à éditer vos extraits de compte ou prévisionnels de facture, pour cause de passage à l’Euro.

Entre les livreurs qui n’ont jamais la bonne adresse.

Entre les gens qui n’écoutent leur répondeur que dix jours plus tard, ce qui vous en fait perdre dix de plus.

Entre ceux qui ne savent plus trop quoi répondre aux guichets.

Entre les 15 à 20% d’employés qui se sentent harcelés.

Et toutes ces choses…

Bref, l’impression d’une fourmilière qui aurait reçu un sacré coup de pied.

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Heureusement les voix des répondeurs des services en dérangement sont toujours aussi chaleureuses.

Appelons un chat, un chat, et notre société, une société obsessionnelle qui décompense.

Rappelons de manière caricaturale que la névrose obsessionnelle est un trouble anxieux de l’homme, adulte, soucieux d’ordre et de propreté, caractérisé par un mode de pensée magique (par exemple : c’est la guerre, ça va passer rapidement), une méticulosité extrême (par exemple : avez-vous été au bureau 43§%bis récupérer l’alinéa @ 

Son but : un travail stable et ordonné, des plans de financement mondiaux étalés sur l’éternité, être propre sur soi, avoir une maison, un jardin, une télévision/ordinateur/électroménager/voiture dernier modèle garanti deux ans, financé sur longtemps avec options de rachat, un chien, une femme, un ou deux enfants, des amis et voisins courtois, quelqu’un comme Truman (le héros de cinéma, pas le boucher atomique) avant son évasion en quelque sorte.

Quel que soit le courant auquel un thérapeute puisse appartenir (psychanalytique, neuro-développementaliste, systémique, cognitivo-comportementaliste, etc…), force est de constater qu’en bout de course, il a affaire à un sujet tellement peureux face à la maladie ou à la mort qu’il en oublie de vivre et ne peut survivre qu’en donnant force sens à des détails sans importance, quitte à empoisonner l’existence des autres (et ce, sans bacille du charbon, il faut le faire !).

Bien souvent le thérapeute ne peut pas grand-chose pour lui (comment apprendre à quelqu’un à aimer vivre ?) et il s’attardera surtout à soulager son entourage, épuisé par ce très ennuyeux personnage.

J’ai le vague sentiment que, depuis son suicide collectif entre août 1914 et mai 1945, notre société, à l’instar de notre obsessionnel, a l’absurde idée obsédante qu’elle pourrait tout contrôler, tout vérifier et tout prévoir (naissance, vie, mort… Après la mort aussi peut-être ?). Et qu’en plus, elle transmettrait cette idée comme mythe fondateur éternel et immuable aux générations suivantes, de gré, ou de force (quitte à aller faire prescrire par le dresseur-psy de la Ritaline®, des anxiolytiques, des hypnotiques, des antidépresseurs, des antipsychotiques, des anti-paniques et des cures de parole… au récalcitrant, jeune de préférence, pas forcément issu de la même culture que nous en plus et qui voudrait juste un peu jouir de l’existence, ce cuistre).

Seulement voilà, à l’extérieur des belles frontières de notre empire, des barbares (au sens romain du terme, c’est-à-dire, ceux qui ne sont pas nos esclaves mais qui n’ont pas la citoyenneté impériale), n’aiment pas nos jeux du cirque et en ont décidé autrement.

Et, horreur, ils sont incontrôlables. On ne sait pas qui ils sont, où ils sont, ce qu’ils veulent, pourquoi ils le veulent, ni comment ils vont l’obtenir. En tout cas, ils nous rendent dingues.

Alors, on court, dans tous les sens, pour tout, pour rien, n’importe où et n’importe comment, et surtout même si on ne veut pas se l’avouer, ON A PEUR… Quitte à péter un câble. Et surtout, on regrette… De ne plus connaître le chemin du bonheur puisqu’à force de tout ranger dans des cartons à chapeaux, l’obsessionnelle société, qui nous apprît à canaliser nos vies, en a perdu la circulaire depuis longtemps à la suite d’une erreur de procédure.

En plus, les barbares ont réussi leur coup ! Preuve irréfutable qu’ils ’ contrôlent ’ mieux la situation que nous ! On est foutus !

À ce stade se pose la question du traitement du trouble obsessionnel compulsif, mais nous y reviendrons plus tard.

La morale de cette histoire : il n’y en a pas, à moins d’en trouver une par vous-même plutôt qu’attendre que d’autres la choisissent à votre place.

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