in

Nouvelles révélations de Claude Covassi, l’ancien espion du Centre islamique de Genève

Le 20 mai, cela fera trois mois que Claude Covassi a quitté précipitamment Genève pour se réfugier d’abord en Espagne, puis en Egypte. Claude Covassi, c’est cet informateur chargé par les services secrets suisses d’espionner Hani Ramadan, le directeur du Centre islamique de Genève (CIG). Pour mener cette opération, baptisée « Memphis », il a accepté de se convertir à l’islam. Claude est devenu Adil. Mais peu à peu, sa fausse conversion s’est transformée en vrai engagement religieux. Ecoeuré d’avoir trahi ses nouveaux amis, Claude-Adil a fait des aveux complets dans la presse suisse. Il y raconte que les services secrets suisses lui ont demandé de piéger Hani Ramadan, de fabriquer de fausses preuves afin d’impliquer le Centre islamique dans le recrutement de combattants en Irak.

Depuis son exil, Claude-Adil a demandé à plusieurs reprises à être entendu par la Commission de gestion parlementaire sur les services secrets. Sans résultat. Il y a trois semaines, l’ancien espion avait accepté de nous rencontrer, mais en nous demandant de taire le nom du pays où il résidait. A présent, Claude-Adil révèle qu’il se cache au Caire. Et surtout, il livre des informations fort embarrassantes sur les méthodes des services secrets suisses. Dans l’interview accordée à Oumma (2 mai 2006), l’ancienne « taupe » racontait son déplacement en Syrie en janvier 2005, afin de rentrer en contact avec des musulmans partant se battre en Irak.

Il apporte maintenant des précisions : « Le Service d’analyse et de prévention (SAP) m’a demandé deux choses : d’une part d’introduire les noms des musulmans qui partaient depuis Genève en Irak dans le fichier informatique du Centre islamique et d’autre part, sur place à Damas, de demander aux futurs combattants d’écrire une sorte de testament sous forme de courrier à l’attention de leur famille, mais portant comme en-tête l’adresse du Centre islamique de Genève. J’aurai dû ensuite introduire ces courriers dans le bureau de Hani Ramadan », révèle Claude Covassi.

Des accusations suffisamment graves pour qu’Ueli Leuenberger, député écologiste, demande au gouvernement suisse s’il est « prêt à tout entendre pour faire la lumière sur l’action que le SAP a menée contre le Centre islamique de Genève ». Cet élu exige également que le gouvernement suisse assure la protection de Claude Covassi « pour que sa vie ne soit pas mise en danger par des services ou individus ». Ueli Leuenberger révèle que ce sont les services secrets suisses eux-mêmes qui ont aidé – sinon poussé – l’espion à s’enfuir, en lui finançant son voyage… Il s’agit d’une technique classique : on fait peur au témoin gênant pour l’inciter à disparaître. En l’occurrence, Claude Covassi a été agressé dans la rue le 15 février dernier et son appartement a été cambriolé le 19 février. Résultat, l’ancien espion décolle le 20 février de Zurich et part se réfugier en Espagne.

Publicité
Publicité
Publicité

Sans doute n’est-ce pas assez loin de la Suisse. Les services secrets avertissent Claude Covassi qu’il n’est pas en sécurité dans un pays de l’Union européenne. L’ancien « taupe » du CIG quitte Las Palmas pour le Sénégal, puis la Mauritanie, le Maroc, et enfin l’Egypte où dit-il, « j’y ai des amis. Je partage actuellement un appartement avec deux étudiants américains convertis à l’islam ». Mais à présent, Claude-Adil n’a plus d’argent, et ne peut donc pas rentrer à Genève.

Le gouvernement « est-il prêt à organiser le rapatriement de Monsieur Claude Covassi pour qu’il puisse témoigner devant la délégation de la commission de gestion du Parlement ? », interroge le député écologiste Ueli Leuenberger. Sans illusion, il ajoute, « visiblement, on n’a pas très envie d’entendre ce qu’il a à dire ». De son côté Hani Ramadan a écrit à Christoph Blocher, le ministre de Justice et Police, pour s’étonner de son silence. « Monsieur Leuenberger a interpellé le gouvernement à deux reprises. Aucun éclaircissement n’a été réellement donné », constate le directeur du Centre islamique de Genève.

« Quand les choses tournent mal, il y a des pays où l’on exfiltre ses agents, en Suisse on les expatrie, puis on les laisse tomber ensuite », constate amer Claude-Adil, qui a commencé la rédaction d’un livre. D’autres révélations pourraient gêner les services secrets suisses. Ainsi, l’agent syrien qui incitait de jeunes musulmans vivant à Genève à partir se battre en Irak « a quitté la Suisse pour son pays d’origine en avril 2005. Etrangement, il n’a pas été inquiété par les autorités suisses », souligne l’ancien espion.

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

“Obscurantisme à la française ou les antichambres du 21 avril 2002”

OPERATION “ASSISTANCE A PEUPLE EN DANGER”