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Lettre ouverte aux députés

Paris, le 2 Février 2004

Mesdames, messieurs les Députés,

Vous vous apprêtez à voter un texte sur la laïcité, visant à interdire dans les établissements scolaires « les signes et tenues qui manifestent ostensiblement l’appartenance religieuse des élèves  ».

On prétend que cette loi est nécessaire pour rappeler les valeurs de la République.

C’est faux ! Une loi d’exclusion n’est pas apte à rappeler les valeurs de la République qui s’opposent à toute forme de discrimination.

Rappelez-vous, que la laïcité est le principe qui permet à chaque élève et chaque individu de disposer de sa liberté de conscience.

Comment la laïcité serait-elle mise en danger par le fait que la liberté de conscience soit ostensible ou visible ? Au contraire voir à l’école, comme ailleurs la liberté de conscience, et la diversité des convictions s’extérioriser, est la marque d’une laïcité aboutie et assumée.

Refusez, de voter une loi qui est contraire au principe constitutionnel de liberté de conscience et de culte, et contraire au droit constitutionnel à l’enseignement.

Le danger pour la France n’est pas la visibilité de la deuxième religion de France à l’école ou ailleurs, mais bien l’intolérance religieuse, qui prétend s’immiscer dans le culte même d’une religion en en interdisant la pratique dans certains lieux. C’est une atteinte grave à la liberté de conscience, liberté essentielle à toute démocratie respectueuse des Droits de l’Homme.

Le monde sera témoin de votre vote.

En effet, nombre de textes internationaux consacrent la liberté de conscience, dont la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, mais aussi la résolution n° 36/55 votée en assemblée générale de l’ONU en 1981, qui prévoit que « Nul ne peut faire l’objet de discrimination de la part d’un Etat, d’une institution, d’un groupe ou d’un individu quelconque en raison de sa religion ou de sa conviction  ». La France ne peut se permettre, sans perdre son âme, de voter un texte qui va à l’encontre de ces principes.

Souvenez-vous de Lamartine qui plaçait les principes au-dessus des enjeux politiques et militait pour le suffrage universel alors même qu’il devait entraîner l’arrivée au pouvoir de Louis-Napoléon. Il disait le 7 octobre 1848 « Oui, quelque chose qu’il arrive, il sera beau dans l’histoire d’avoir tenté la République ».

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Osez la République de Lamartine « la République d’enthousiasme, de modération, de fraternité, de paix, de protection à la société, à la propriété, à la religion, et à la famille. »

Placez, vous aussi, les principes au-dessus des calculs électoralistes élaborés suite à un certain 21 avril. Soyez plus fort que ceux qui veulent faire entrer la France dans un cycle infernal d’intolérance aux relents nauséabonds des années Vichy.

Déjà, les méfaits de cette loi, non encore votée, se font jour. En effet, déjà, d’aucun médecin se croit autorisé à interdire l’accès de leur salle d’attente et de leur cabinet à des femmes voilées, des boulangères refusent de les servir, des banques de les laisser accéder à leurs agences, des juges de les entendre en audience, des employeurs de les pousser à la démission ou de refuser de les embaucher, et bien d’autres vexations qui sont indignes de notre République.

Refusez, de participer au dénigrement d’une partie de la population française.

Refusez, d’être les complices d’une politique d’apartheid.

Honorez la France par votre conscience de l’absolue nécessité de préserver toutes les expressions de la liberté de conscience : au nom de la LIBERTE, de l’EGALITE et de la FRATERNITE.

Soyez parmi les justes :

Votez NON à ce texte !

Pour le Collectif des Musulmans de France

Zoubir DAOUD

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