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Les objectifs politiques et économiques de la guerre en Irak

Editorial

Malgré le succès des manifestations du samedi 15 février, la menace de guerre demeure entière. Les USA continue chaque jour de renforcer leur dispositif militaire dans le Golf où stationnent déjà plus de 150 000 hommes et trois porte-avions. L’isolement des USA au sein du Conseil de Sécurité de L’ONU n’entamera en rien leur détermination à déclencher « leur » guerre contre l’ Irak programmée depuis plusieurs mois. Car contrairement au va-t-en guerre Madelin et des pseudos experts en relations internationales qui s’évertuent à tenter de nous faire croire que cette guerre est une croisade pour la « liberté et la démocratie », un des enjeux majeurs de ce conflit est le contrôle des ressources pétrolières irakiennes qui passe inévitablement par une recomposition politique du Proche-Orient.

Les régimes arabes actuels construits sur le modèle de l’Etat-nation, ont tous échoué, aboutissant à un affaiblissement politique, économique et militaire sans précédent de ces pays et au profit de la seule et véritable puissance de la région dotée de l’arme nucléaire : Israël.

Une faiblesse de ces régimes que Samuel Huntington n’a pas manqué de souligner non sans une certaine jubilation dans son ouvrage Le choc des civilisations, en notant que la civilisation musulmane n’a pas d’Etat dominant central de « corestate » dans sa terminologie.

L’objectif politique des USA est en fait de procéder à un remplacement des élites actuelles qui ont perdu toute légitimité auprès de leurs populations respectives, par d’autres élites arabes tout aussi serviles et corrompus à travers un mécanisme institutionnel de fausse alternance « démocratique ». Les peuples de la région doivent donc s’attendre à subir une autre forme de système politique reposant encore et toujours sur des Etats fantoches soutenus par l’étranger et gérant avant tout des intérêts particuliers

Cet objectif politique est sous-tendu par un objectif économique crucial pour l’avenir des USA : la gestion du pétrole irakien.

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Premier consommateur mondial de pétrole, les Etats-Unis produisent par jour 5.9 millions de barils, et en importent 8.9 millions. Ne possédant plus l’autosuffisance énergétique des années 70, les américains voient leur approvisionnement énergétique totalement dépendant de l’extérieur. Un rapport alarmant du Département d’Etat, publié à l’automne dernier prévoit au rythme actuel de la production US, un épuisement en 2010 des réserves pétrolières américaines. L’Irak détenteur d’immenses réserves de pétrole qui rivalisent largement avec celles de l’Arabie Saoudite devenue un allié encombrant pour les USA, constitue une cible d’autant plus idéale que ce pays est totalement exsangue, en raison notamment d’ un embargo criminel qui a entraîné la mort d’un million de personnes en 10 ans.

Souvenons-nous des propos d’Henry Kissinger l’ancien Secrétaire d’Etat américain (entre 1973-1977) qui affirmait que le pétrole est « une affaire trop sérieuse pour le laisser aux Arabes ».

L’Europe actuellement minée par des divisions internes aurait pu constituer une réelle opposition face aux velléités américaines de régenter la planète. Seul l’axe Franco-Allemand rejoint par la Chine et la Russie semble pour l’instant résister à la machine de guerre US.

Car ces pays ont parfaitement mesuré les enjeux d’une guerre contre l’Irak, qui ne peut aller qu’à l’encontre de leurs intérêts, comme l’a souligné Emmanuel Todd dans son livre Après l’Empire : essai sur la décomposition du système américain, éditions Gallimard.

« La présence militaire américaine dans la région , aéronavale ou à terre, en Arabie saoudite, la lutte diplomatique contre l’Iran, les attaques à répétition contre l’Irak s’inscrivent certainement dans une stratégie pétrolière. L’énergie qu’il s’agit de contrôler, cependant , n’est pas celle des Etats-Unis, c’est celle du monde, et plus spécifiquement , celle des pôles industriellement productifs et excédentaires de la triade l’Europe et le Japon. Ici l’action américaine peut effectivement apparaître comme impériale. Elle n’est pas forcément rassurante.(…) La fixation sur le pétrole musulman révèle l’anxiété des Etats-Unis plutôt que leur puissance : d’abord la peur d’une dépendance économique désormais générale, ensuite par voie de conséquence, la peur de perdre le contrôle des deux protectorats productifs de la triade l’Europe et le Japon. »

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