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Les mosquées de Tunisie renaissent à la vie et à la prière, après la fuite du tyran

En fait de rempart contre l’islamisme, inexorablement rampant ou tentaculaire, c’est selon, le despote Ben Ali, du haut de sa tour d’ivoire aux éclats ternis par la concussion et la répression, fut non seulement la sentinelle autoproclamée de sa forteresse dorée, mais également d’une laïcité autoritaire qui montait la garde aux abords des mosquées et listait les fidèles venus s’y recueillir.

Le plus célèbre fugitif de l’autocratie arabe, pour qui la France avait les yeux de Chimène jusqu’à l’ultime moment de son règne sans partage, se fit le pire ennemi de l’islam au nom d’une lutte poudre aux yeux contre un extrémisme religieux qui a eu pour effet de le hisser sur un piédestal occidental, aussi vertueux qu’artificieux.

Aux commandes de la Tunisie pendant 23 années interminables, Ben Ali n’a eu de cesse de former une armée d’indicateurs chevronnés, tous affectés directement aux mosquées réparties sur l’ensemble du territoire, et d’inciter à la délation en récompensant les séides les plus zélés.

Le tyran s’en est allé, et à peine une semaine après sa pitoyable désertion, les mosquées de Tunis renaissent à la vie et à la prière, croulant sous une affluence record de fidèles qui ont tenu à participer au recueillement collectif du vendredi, tous étreints par une émotion intense.

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Les menaces de représailles semblent s’être évaporées dans le ciel éclairci de la Tunisie, nombre de tunisiens déclarant au journal Echorouk que c’est la première fois qu’ils ont le cœur léger en pénétrant dans des lieux de culte, libérés de la crainte oppressante d’être épiés par les espions du pouvoir.

Signe du changement, plusieurs imams à la solde de Ben Ali ont été limogés, et remplacés par de nouveaux. Faisant salle de prière comble, la mosquée de Mahres, à proximité de la Casbah de Tunis, n’a pu accueillir tous les fidèles, dont nombreux sont ceux qui ont été contraints d’accomplir leur prière sur le bitume, dans les rues et ruelles avoisinantes. Dénonçant le despotisme et l’injustice, tout en s’enthousiasmant pour un soulèvement populaire sans précédent, le prêche de l’Imam s’ensuivit d’une psalmodie poignante qui bouleversa toute l’assemblée des croyants, certains ne pouvant retenir leurs larmes.

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