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Les menteurs ne passeront pas

L’Europe entière est en deuil. L’attaque contre les citoyens espagnols est inqualifiable. La violence qui s’exerce entre militaires est déjà difficile à admettre – nos militaires ne sont que nos pères et nos frères, payés petitement pour se faire éventuellement tuer ; mais la violence aveugle contre des civils est toujours et dans toutes les situations, inadmissible ! A Madrid comme à Tel-Aviv ou à Gaza, à New-York comme à Bagdad, à Kaboul comme à Karachi, elle ne peut faire l’objet d’aucune justification. Si elle est absolument inadmissible et intolérable, elle n’en est pas moins, hélas, explicable.

Nos démocraties sont faibles – ce qui est presque un pléonasme. Faibles structurellement puisque la liberté pour tous ouvre, par définition, à tous, la possibilité de combattre la liberté. Elles sont faibles aussi dès lors que leurs dirigeants démocratiquement élus deviennent sourds et aveugles à la volonté des citoyens. La voix du peuple doit toujours être entendue. Lorsqu’elle est confisquée, manipulée, lorsque la démocratie est détournée, c’est la collectivité entière qui paie le prix du sang. Honte à ceux qui le font couler, « terroristes » ou « dirigeants ». Qui est derrière cette odieuse attaque contre l’Espagne ? Des voix s’élevaient pour désigner ETA. Puis Al Qaïda. Aujourd’hui ce sont des marocains. Demain la « résistance irakienne » ?

Le peuple espagnol était absolument et majoritairement contre la guerre américaine en Irak. Bien que démocratiquement élus, les édiles espagnols ne devaient pas se couper de la volonté éventuellement changeante des citoyens. En dernier recours, ce sont toujours les citoyens qui ont raison face aux certitudes des pouvoirs, aussi démocratiques soient ils. Les citoyens sont le pouvoir. Ils en assurent la légitimité et le délèguent par le processus électoral.

Il faut désormais mettre un terme au paternalisme politique. Un dirigeant démocratique ne peut pas faire le bonheur d’un peuple « malgré lui ». Nos dirigeants comme les leurs doivent comprendre que les citoyens sont toujours et indiscutablement plus sages que ceux qui s’emparent du pouvoir et le détournent au profit « d’intérêts supérieurs de la Nation » dont la Nation elle même ne veut pas. La sagesse ne se mesure pas à l’aune d’un savoir détenu par quelques uns. Sagesse, c’est l’autre appellation de la majorité. C’est la majorité, et elle seule, qui fait et défait la norme de la sagesse.

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Les espagnols étaient donc majoritairement contre la participation de leur pays et de leurs forces armées à la guerre contre l’Irak. Le pouvoir espagnol y était favorable ; Devinez ce qui arriva… ?

Un dirigeant n’oriente pas sa politique en fonction des éventuelles représailles contre son pays. Pourtant, il doit se poser systématiquement la question de la justice de son action et de sa justesse ; de se poser, en somme, la question de l’intérêt général des citoyens, à long terme. Ne pas se poser cette question c’est, à coup sûr, tuer la démocratie !

En réponse à cette horreur qui les touche, les espagnols choisissent de congédier les élus menteurs. Leur message est sans équivoque : une autre politique espagnole, plus juste et moins alignée sur l’unilatéralisme américain aurait pu éviter un drame à l’Espagne. Le gouvernement Aznar tombe ; la gauche anti guerre emporte le scrutin du deuil ; les citoyens reprennent la main malgré ce qui vient de toucher le Royaume. Ils affirment calmement que leur mentir est impossible !

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