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Le Parlement suisse accepte de recevoir Claude Covassi, l’ancien espion du Centre islamique de Genève

La délégation des Commissions de gestion, l’organe chargé au Parlement suisse de surveiller les services secrets, a accepté par écrit de recevoir Claude Covassi, l’ancien espion du Centre islamique de Genève, réfugié en Egypte depuis de nombreuses semaines. C’est incontestablement une victoire pour ce Genevois de 36 ans, converti à l’islam, et qui dénonce depuis plus de trois mois les méthodes du Service d’analyse et de prévention (SAP). Celui-ci lui aurait demandé de compromettre Hani Ramadan, le directeur du Centre islamique, afin de pouvoir l’accuser ultérieurement d’envoyer des combattants en Irak. Toutefois cette invitation contient des zones d’ombre.

« Le président m’a chargé de vous communiquer que la délégation est disposée à vous entendre officiellement lors d’une séance, ce dès que vous serez rentré en Suisse de votre propre chef. Nous déciderons ultérieurement de la date et du lieu de cette audition. Vous voudrez bien prendre contact avec moi dès que vous serez de retour en Suisse », a écrit par mail Philippe Schwab, le secrétaire des Commissions de gestion, à Claude-Adil Covassi vendredi dernier. Officiellement, le Parlement suisse vient enfin de franchir le pas, reconnaissant que l’ancien espion avait peut-être des choses à dire. Jusqu’à présent, Claude Covassi n’était qualifié que d’ « informateur supposé des services secrets suisses ». Il est intéressant de souligner que le Président de la délégation des Commissions, le sénateur Hans Hofmann, appartient à l’UDC (l’Union démocratique du centre), la formation la plus à droite de l’échiquier politique.

En effet, quelques jours auparavant, le 16 mai, Christoph Blocher, ministre de Justice et Police, et leader du parti nationaliste UDC, assurait dans une lettre adressée à Hani Ramadan, que « le SAP n’a donné aucun mandat relatif à l’intervention d’un agent provocateur, voire à l’imputation fallacieuse de moyens de preuve, et qu’il n’est nullement dans les usages de ce service de procéder de la sorte ». Rappelons que Claude-Adil accuse le Service d’analyse et de prévention (SAP) de lui avoir demandé d’introduire les noms des musulmans qui partaient depuis Genève en Irak dans le fichier informatique du Centre islamique. Ensuite, sur place à Damas, l’espion devait demander aux futurs combattants d’écrire une sorte de testament sous forme de courrier à l’intention de leurs familles, portant comme en-tête l’adresse du Centre islamique de Genève. Claude-Adil s’est rendu à deux reprises en Syrie à la demande des services secrets suisses.

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Que faut-il en penser ? Soit Claude-Adil ment, dans ce cas, l’on ne comprend pas très bien pourquoi les parlementaires souhaiteraient le rencontrer. Soit Claude-Adil dit la vérité, et le ministre de Justice et Police, a peut-être couvert un peu trop vite le SAP. Il n’est toutefois pas exclu que cette invitation de la délégation des Commissions de gestion contienne un piège. En effet, Philippe Schwab, le secrétaire de la délégation, qui s’est entretenu par téléphone avec Claude-Adil Covassi, sait pertinemment que ce dernier n’a pas d’argent. Il n’a donc pas les moyens de revenir d’Egypte en Suisse par ses propres moyens. De plus, ni la date ni le lieu de cette audition ne sont fixés. Avec les prochaines vacances d’été, l’audition pourrait tomber dans l’oubli.

L’ancien espion du Centre islamique de Genève est d’autant plus méfiant que le 22 mai, Philippe Schwab lui avait déjà proposé un rendez-vous… clandestin dans des conditions rocambolesques. Claude-Adil devait atterrir dans un aéroport d’un pays voisin de la Suisse, puis franchir la frontière clandestinement, et enfin rencontrer les parlementaires confidentiellement… Ce rendez-vous n’aurait eu aucune valeur officielle. Le 23 mai, le nouvel avocat de Claude-Adil Covassi (qui souhaite conserver l’anonymat) a aussitôt dénoncé par lettre « cette manière de faire inadmissible ». Dans un courrier adressé à la délégation des Commissions de gestion (avec une copie au ministre de Justice et Police) il a demandé que son client bénéficie « d’un sauf-conduit officiel délivré par les autorités » pour pouvoir rentrer en Suisse.

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