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La réponse de Sadek Sellam à celle de Dany Benoteau

En vous substituant à Mme le Maire des Ulis pour répondre à la lettre ouverte que je lui ai adressée au sujet des ingérences politiques dans les affaires du seul culte musulman, vous ne faites que confirmer, avec même une certaine précision, la volonté d’interventionnisme de la municipalité.

Vous cherchez à justifier après-coup cette drôle de conception de la laïcité. Pour cela, vous essayez de prouver-laborieusement- la « légitimité » des protégés de la municipalité. Puis vous complétez votre tentative de démonstration par des chicayas excessives destinées à accabler les musulmans que vous voulez écarter.

L’association para-municipale vous semble plus légitime parce que ses collectes sont « plus fructueuses ». Ainsi vous faites de l’argent le principal critère sur lequel se fonde la municipalité pour décerner des labels de légitimité. Selon cette singulière légitimité par l’argent les religieux chrétiens qui ont prononcé un vœu de propreté n’aurait jamais grâce à vos yeux. Au moment, où la municipalité a décidé d’imposer ses musulmans, ceux-ci n’avaient pas encore organisé leurs collectes.

Donc si la débrouillardise est leur seule vertu invoquée par la municipalité pour justifier son choix, cela montre que ceux qu’elle a préférés n’ont pas d’autres formes de légitimité. Si vous étiez un tant soit peu au fait de la nouvelle ambiance qui règne dans les mosquées, vous auriez fait l’économie d’un pareil argument. Car c’est bien à cause de la légitimité par l’argent que l’atmosphère de certaines mosquées a fini par devenir insupportable.

Vous justifiez la décision de faire de la mosquée un appendice de la mairie (ou de la section locale du PS) en accablant les musulmans qui vous déplaisent. Selon les témoignages sûrs de nombreux chercheurs de haut niveau de la faculté d’Orsay, dont l’impartialité est moins sujette à caution, sur ce point du moins, que celle de la mairie, vous proférez des accusations excessives à des fins polémiques et d’autojustification.

Si les contestataires de la contestable politique musulmane municipale sont accusés de violence verbale, ne serait-ce pas parce que l’imaginaire de certains hommes politiques reste encore marqué par le profil du brave travailleur immigré qui nettoie les trottoirs, rase les murs et se tait. Le fait que les musulmans attachés à leur indépendance soient décomplexés vous paraît d’autant plus anormal que vous semblez encore attaché à la résignation de ces travailleurs silencieux et fatalistes. Ceux qui vous résistent vous paraissent « violents » parce que vous avez une nette préférence pour ceux ont une souplesse d’échine.

Vous cherchez à justifier ces préférences en attribuant aux musulmans indépendants une « idéologie ». Quelle idéologie ? En êtes-vous à confondre religion et idéologie ? Si l’Islam avait été une idéologie comme les autres, il aurait sans doute disparu avec le Califat omeyade et les socialistes des Ulis n’auraient pas eu à faire étalage de leurs incohérences.

Si dans les discussions sur l’esplanade de la mairie, la maire a eu recours à des arguments semblables aux vôtres, on comprend que les musulmans indépendants outrés par un flagrant parti-pris aient été amenés à élever la voix. Mais de là à leur attribuer une « idéologie » que vous décrétez de relier à « l’islam dur des Compagnons », il y a un pas que votre souci de trop prouver et votre tendance à diaboliser vous amènent à franchir allègrement. Qui vous avez dit que l’islam des Compagnons était « dur » ? Les musulmans mous que la mairie a choisis pour leur mollesse ?

Vous ferez bien de leur conseiller de mieux connaître l’histoire de l’Andalousie afin que cet illustre précédent puisse inspirer leur conduite au lieu d’être réduit à l’état de slogan émaillant des phrases bien tournées des discours électoraux.

Vous nous servez enfin l’inévitable poncif de la « division » des musulmans. Savez-vous que cet argument facile provoque des éclats de rire depuis que les ex-conseillers ministériels (issus généralement du Parti Socialiste) sur l’islam l’invoquent systématiquement quand on attire leur attention sur la maigreur de leur bilan ? On sait maintenant que l’un de ces conseillers a essayé d’utiliser l’organisation du culte musulman comme prétexte pour inciter certains de ses visiteurs à devenir des permanents de son petit parti. Les socialistes des Ulis, qui ne séparent pas encore le politique et le religieux, ne sont pas les mieux placés pour invoquer cet argument-bateau.

D’autant que c’est leur politique qui reste à l’origine d’une discorde durable. Et c’est eux qui ont débauché des membres de la plus ancienne association pour les amener à servir de faire-valoir aux musulmans municipaux, ou para-municipaux, Vous nous expliquez ces quelques défections par la « lassitude ». Ne serait-ce pas parce que les intéressés étaient plutôt impatients de bénéficier de la « baraka » municipale ?

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Au sujet du « ritualisme sommaire », c’est surtout la mairie qui y contribue, en octroyant chichement les mètres carrés pour ramener les activités culturelles à la portion congrue.

Votre comparaison avec l’église et la synagogue est fort intéressante parce qu’elle rappelle que la mairie ne se permettra jamais avec les Chrétiens, ni avec les Juifs, l’interventionnisme qu’elle s’autorise avec le seul Islam : c’est la preuve que le principe d’égalité n’inspire pas la politique musulmane municipale. Quant à la comparaison des superficies des différents lieux de culte, elle ne tient pas compte des différences d’ordre démographique, ni du différentiel des taux de pratique. Et la mosquée reçoit un nombre important de chercheurs et d’étudiants venant du campus d’Orsay. C’est d’ailleurs cela qui donne au conflit des Ulis une résonnance internationale. Une fois rentrés dans leur pays, ces chercheurs qui restent informés de l’évolution de ce sempiternel contentieux, en donnent des explications sensiblement différentes de celles improvisées à la mairie et alentours.

Si j’ai bien compris, la mairie se permet aussi de mettre son grain de sel dans le groupe interreligieux. Pour avoir beaucoup contribué aux dialogues entre les religions, je peux vous dire que celles-ci peuvent très bien se passer des « bons offices » municipaux, surtout quand ces derniers manquent de désintéressement. Pour s’être érigé en passage obligé dans les relations entre les religions, l’ancien maire communiste, qui se prenait pour le « petit père du peuple » de Montreuil, et avait de la laïcité une conception brejnevienne, a préparé calmement sa défaite électorale, dans laquelle les électeurs musulmans eurent leur part. Enfin, je ne vois pas ce qui vous fait déduire de ma lettre qu’elle exclut toute possibilité d’entente entre les associations.

Au contraire, j’estime que si la mairie cesse ses interventionnismes par favoritismes interposés, un compromis équitable serait envisageable. Cela suppose qu’elle renonce à opposer « ses » musulmans, jugés « modérés » parce que dociles, à ceux qui pour avoir refusé la politique des faits accomplis, se trouvent accusés arbitrairement méchamment de radicalisme, pour leur attachement à leur indépendance et à celle du culte musulman. Pour l’heure, leur conception de la laïcité semble plus saine que celle des socialistes municipaux que les élus d’Europe-Ecologie sont les premiers à contester en petits comités.

Un politique républicaine ne devrait pas se contenter d’incriminer Rousseau et Voltaire… Un élu qui a le sens des responsabilités devrait se ressaisir quand il voit que ses premiers choix sont une source de discorde. Et une mairie a plus de capacité de dépassement des conflits qu’une association sans moyens, dont les membres ont comme l’impression d’être combattue sourdement uniquement pour leur esprit d’indépendance.

Cela étant, j’ai adressé ma lettre ouverte à Madame le Maire dont les Internautes attendent une réponse que j’espère plus convaincante. Si elle daigne répondre, elle pourra nous éclairer sur la légalité du versement de 17000 euros au prétendu médiateur qui aura surtout utilisé ce montant pour combler les déficits de sa revue. On sait que ce singulier médiateur conseille un ministre maghrébin des « affaires » religieuses sur les mosquées en France. Selon une rumeur persistante, les musulmans préférés de la municipalité des Ulis seraient en contact avec cet individu, ce qui expliquerait leur débrouillardise dans les collectes. Seule la Maire pourrait mettre fin à ces rumeurs, ou…les confirmer.

En vous remerciant de votre intéressante contribution à ce débat nécessaire, je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

PS- Je me permets de vous recommander la lecture des nombreux commentaires apportés à ma lettre sur d’autres sites. Vous gagnerez à méditer particulièrement les révélations sur les sérieux problèmes créés par les favoritismes pratiqués par d’autres municipalités. A Clichy, la majorité municipale socialiste a décidé d’attribuer le projet de mosquée à un islamo-affairiste habitant dans le Nord et qui a constitué des associations dont aucun membre n’est de Clichy.

Vous imaginez les tensions résultant des mécontentements des musulmans de la commune dont les demandes de lieu de culte avaient été ignorées, et qui se sentent méprisés. A Lille, le même bénéficiaire du favoritisme du maire de Clichy s’est vu attribué des locaux que la municipalité a retirés à l’université pour lui permettre de parler au nom d’un « institut » que l’on soupçonne d’être surtout une pompe-à-fric. Si l’on en croit vos critères financiers, ce charlatan serait le plus légitime uniquement parce qu’il a pu faire des collectes considérables !

Mais, hélas, les fonds collectés au nom de la mosquée de Clichy et de « l’institut » de Lille, ne servent ni à la prière, ni à l’islamologie… Vous n’êtes pas sans savoir que les municipalités de Clichy et de Lille sont à majorité socialiste, comme celle des Ulis. Est-ce un hasard ? Je vous le demande.

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