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Ghaza : le ratage médiatique

Instruments de rapprochement, selon l’étymologie du mot, les médias, sous la férule de dirigeants diaboliques, peuvent se transformer en matrice idéologique redoutable.Les perversions médiatiques de Timisoara, du Panama de Grenade et d’Irak font triste mine face aux outrances médiatiques actuelles américaines et israéliennes. Mensonges, bavures, rétention de l’information, manipulations éhontées, déformations et trucages de la réalité sont devenus choses courantes.

En faisant main basse sur tous les moyens d’information, les forces politiques, économiques et sociales, les groupes de pression, et plus particulièrement les trusts internationaux, ont une grande part de responsabilité dans ces dérives assassines. La couverture partielle et partiale de cette énième agression barbare perpétuée à Gaza (après Kafr Kassem, Deir Yassine, Sabra et Chatila, Cana, Beyrouth … ) suscite exaspération et révolte. Comment demeurer passif, face à cette médiatisation outrancière ?

Il nous faut non seulement dénoncer, haut et fort, les dérapages permanents de l’information, mais aussi mettre à jour les tares d’un système médiatique mondial qui, par ses défaillances et ses effets pervers, constitue une entrave au droit élémentaire de l’être humain d’être informé. Limiter la dénonciation à la seule inconscience, voire à la mégalomanie des médias occidentaux, serait injuste. Les médias d’Afrique et du Moyen-Orient sont tout autant coupables de silence et de lâcheté. Tous les pouvoirs éprouvent des tentations de verrouillage ou de restriction de la liberté d’expression ; mais là où le bât blesse, c’est lorsque les pays qui s’autoproclament chantres de la démocratie font preuve d’un déficit flagrant en matière d’éthique et de déontologie.

Avec un cynisme évident, Israël et ses affidés pratiquent le black-out médiatique total, lorsque leur jeu de transparence opaque est découvert. Avant même le début des dernières hostilités, l’appareil médiatique était verrouillé et l’establishment journaliste mis au garde à vous tellement persuadé de son bon droit, le pouvoir sioniste décrète l’interdiction du théâtre des opérations et offre gracieusement aux journalistes des images soigneusement canalisées, triées et aseptisées des carnages qu’il provoque. « Gouverner, c’est faire croire … Il faut paraître, car le peuple se prend souvent aux apparences et ne juge que par l’événement », écrivait l’homme qui a lancé les bases théoriques de la propagande.

Les descendants de l’holocauste semblent avoir bien retenu la leçon de Nicholas Machiavel. Barak, à Livni et à Olmert, véritables spécialistes dans l’art de l’intox et de la manipulation des consciences, savent comment exercer une influence pernicieuse sur les journalistes de tout bord. Face à eux, les journalistes préfèrent éviter de poser les questions qui gênent ou qui fâchent. Rares sont ceux qui refusent de reproduire in extenso leurs déclarations et plus rares encore sont ceux qui ne cèdent ni aux intimidations ni aux pressions.

Cette indulgence, coupable à l’égard de l’Etat hébreu, laisse perplexe. Les journalistes, dont le rôle est de dénoncer les abus de toutes sortes, portent une lourde responsabilité dans cette situation qui perdure. Pour éviter toute manipulation, ils se doivent de dénoncer les flagrants délits de mensonges, de pagaille, de confusion et d’embrouilles des prédateurs.

En Europe, dès qu’il est question d’Israël, l’anathème est brandi et les vrais débats escamotés. Dès les premiers jours de l’agression contre Gaza, dans leur quasi-totalité, les titres de presse français ont fait campagne pour Israël en se comportant comme des acteurs politiques à part entière. Le totalitarisme du mal qu’incarne Israël aujourd’hui, après le nazisme hier, fait que les journalistes n’osent plus écrire, penser, dire à haute voix. Israël faisant partie de la caste des intouchables, ses exactions sont mises en veilleuse, et ses gaffes dissimulées. Les médias se gardent bien de montrer les images de cortèges qui manifestent pacifiquement contre Israël. Ils préfèrent, comme à Paris, s’attarder sur des voyous casseurs, que la presse partisane assimile vite à des pro-Palestiniens.

Mais si l’aviation Israélienne cible et détruit les locaux de la Tv palestinienne, des écoles, des mosquées, des domiciles et des structures administratives, le journaliste minimisera les dégâts. Quel média a eu le courage de parler de ces centaines d’enfants assassinés en l’espace d’une semaine ? La réalité est dissimulée. La vérité subit des distorsions. Les boucs émissaires tout désignés. Les Israéliens, inspirés d’Hitler qui disait que « la propagande nous a permis de prendre, conserver, et étendre notre pouvoir », vont, par la propagande et l’agitation, créer l’événement, au prix de milliers de morts et de blessés palestiniens, pour bien se positionner dans la prochaine course au pouvoir.

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Sur les plateaux TV, les vrais débats se font rares. Le jeu se trouve pipé dès l’annonce des invités, pour la plupart des chroniqueurs, porte-voix d’Israël qui accaparent l’essentiel du temps de parole. Quel animateur peut faire taire un Max Gallo glossant sur les droits de « certains » hommes, une Elisabeth Levy aux propos alambiqués, un Paul Nahon bien pensant, un Alain Finkielkraut vicieux ou un Bernard Henri Lévy, qui ne cesse de répéter qu’Israël, quoiqu’elle fasse, qu’elle est toujours dans son droit ?

Dès les premières minutes, suinte une sémantique douteuse, un racisme latent qui se révèle parfois par inadvertance, faisant du bourreau la victime. Les glissements sémantiques sont nombreux et sous prétexte de temps limité, on omet complètement certains faits, on en tronque d’autres, alors qu’on laisse s’hypertrophier, de façon verbeuse, des commentaires politiques oiseux. Alors que la population de Gaza était bombardée sans ménagement, Reuter écrivait « Israël poursuit son offensive » contre les « activistes » du Hamas.

Les raids meurtriers sont appelés des « frappes » et le déluge d’acier, qui a fait près de 900 morts en quelques jours et des milliers de blessés, est considéré comme une riposte légitime de l’armée de Tsahal. Par ces partis pris manifestes, les télévisions occidentales ont fini par compromettre sérieusement leur objectivité. Cette nouvelle guerre, menée par Israël contre les Ghazaouis, n’a rien d’un événement. Elle n’est que la répétition depuis 60 ans d’un événement permanent.

Ce qui stupéfie par dessus tout, c’est la tétanie générale, alors que la liste des morts et des blessés palestiniens ne cesse de s’allonger et qu’un véritable drame humanitaire se profile. Il est, somme toute, trop tôt pour tirer des conclusions, mais ces semaine d’hostilités nous permet d’appréhender la réalité avec la responsabilité qu’exigent la lucidité et le réalisme. Le premier constat à faire est que dans leur globalité, les médias occidentaux ont, encore une fois, failli à leur mission, tout comme lors des précédentes agressions contre l’Irak et le Liban.

Les menaces sont sérieuses et les répercussions profondes. Même si l’offensive israélienne contre les Ghazaouis venait à cesser : une chose est certaine, cette guerre hégémonique sera longue. Obama, tout comme Bush, ne cesse de souligner son soutien indéfectible à l’Etat hébreu. Les journalistes semblent s’être habitués à l’uniforme militaire.

Sinon, comment expliquer le fait qu’ils ne réagissent que mollement, alors qu’ils sont empêchés de faire leur travail ? Pourquoi se taisent-ils lorsque l’information est cadenassée ? Pourquoi n’alertent-ils pas la Cour européenne des droits de l’homme ? Comment peuvent-ils être sans voix face au suivisme qui régit de plus en plus les salles de rédaction ? Comment peuvent-ils permettre les abus de langage et les formules à l’emporte-pièce de leurs collègues ? Lorsque les raids meurtriers font essentiellement des victimes civiles, comment se permettre de parler « dommages collatéraux » ?

On ne peut que regretter que les observateurs critiques deviennent des acteurs à part entière dans les conflits. Le combat politique se joue aujourd’hui avec les médias. Cela implique une attitude critique et sans ambiguïté face à toutes les images que nous distillent les médias. Cela oblige aussi à une mise en évidence et un approfondissement des rapports entre l’image et la réalité représentée, entre le contenu et la forme de représentation, et cela, afin d’aider ceux dont la prise de conscience est encore insuffisante et qui peuvent réagir à partir d’impulsions purement émotionnelles.

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