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Emirats : Un rap du désert militant

Le militantisme n’attend pas le nombre des années, et peut revêtir toutes les formes, pour défendre une cause digne de ce nom. Avec la musique dans la peau, et l’engagement dans les veines, deux jeunes Emiratis, Salem Dahman, 29 ans et son acolyte de frère Abdallah, 24 ans, ont donné naissance à Desert Heat, le groupe de rap alternatif du désert, qui n’a d’aride que le nom, tant leurs chansons sont riches et inspirées.

Si leur look très tendance, jeans larges, T-shirts flashy, et bagues tape-à-l’oeil, ne les distinguent en rien des autres rappeurs occidentaux, leurs textes forts qui réhabilitent l’honneur des Arabes et des Musulmans, et revalorisent leur image, en fait toute la singularité dans une sphère musicale de l’outrance standardisée.

Profondément marqué par l’onde de choc désastreuse du 11 septembre, le tandem familial a choisi son mode d’expression favori pour éveiller les consciences internationales, et délivrer des messages positifs auprès des populations concernées au premier chef. De la lutte des Palestiniens, et plus généralement des Arabes, les deux artistes en herbe, conciliant vie professionnelle et passion de la scène, en sont venus à composer des mélodies sur le 11 septembre, le terrorisme, l’islam et sa perception ternie, dévoyée à dessein.

Répondant aux noms de scène d’ Illmiyah (“bien informé” en arabe), et d’Arableak (contraction d’arabe et sombre en anglais), les frères inséparables ont conjugué leurs talents au service de chansons mêlant l’arabe et l’anglais, l’une d’entre elle, très révélatrice de leur démarche, s’intitule “Did you know ?” en mémoire à l’âge d’or de la civilisation arabe : “Nos tribus se livraient à des concours de poésie (…) Saviez-vous que nous avons régné sur l’Espagne pendant huit siècles ?”, interpellent-ils.

Une autre, au titre éloquent, « Alerte terroriste » évoque les sentiments qui animent un kamikaze palestinien, alors qu’une autre affirme que les récentes difficultés financières de Dubaï ne vont pas influer sur leur moral. “Nous ne traitons pas nos femmes comme du bétail”, scande une troisième, en réponse au dénigrement de l’Occident, dont les gouvernements doivent “être plus justes” ajoutent les deux musiciens.

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Conscients de leur impact sur leurs fans, du Moyen-Orient, à l’Australie, en passant par le Canada, l’Allemagne et la France, les deux saltimbanques du rap arabe se sentent investis d’une mission d’intérêt général, pour laquelle ils ne vendront pas leur âme au diable ainsi qu’ils l’ont promis à leurs parents. Desert Heat a ainsi décliné le parrainage de firmes de cigarettes et d’alcool, qui lui proposaient de l’argent pour tourner une vidéo de promotion de leurs produits où ils apparaissaient entourés de six filles. Un grand classique du rap…

Peaufinant leur deuxième album, prévu en octobre, la plume des rappeurs du désert, loin de se tarir, donne actuellement libre cours à sa créativité sur le délicat sujet du mariage forcé des adolescentes au Yémen, le pays le plus démuni de la péninsule arabique.

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