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Egalité des hommes & des femmes

Egalité des hommes & des femmes, partie 1

« Deux poids deux mesures » nous répétons-nous à l’envi, le poison devient antidote, insidieux phénomène de mithridatisation. A vrai dire, « sans poids ni mesure » qualifierait plus justement l’entreprise de diabolisation menée par ces apprentis sorciers. Je ne devrais donc pas m’étonner, en ma naïveté meurtrière, que ces tristes sires d’ordinaire si sensibles aux droits de l’homme ne se soient point indignés quand le vénérable Shaykh Al Qardawi lança une auguste fatwa en faveur de l’assassinat du non moins inénarrable Al Qaddafî. Pas plus que peu ne s’étonnent quand Naboléon s’en va-t-en guerre sauver d’innocents civils, victimes tout aussi lourdement armés que manipulés. Nous, nous sommes lourdement manipulés mais très légèrement armés, qui un siwâk qui une plume.

Après avoir acquis mon titre d’antioccidental primaire en les colonnes même de Oumma, je pourrais bien donc devenir un iconoclaste prokadafiste tout comme l’on taxe gravement d’antisémitisme qui ne reconnaît aucun droit de chasse aux sionistes ou ne comprend pas que l’on veuille sauver les Libyens mais point les Palestiniens. Sans doute qu’en « Droit de l’homme » l’on oublie encore de nous préciser la couleur, le sexe ou la nationalité de l’homme. Au fond, me voilà soulagé d’avoir été démasqué, cela me laisse les mains libres pour penser, usage méridional comme chacun sait. Pour être complet, j’ajouterais à cela qu’une frange “de frèr et de seure”, comme parfois ils l’osent écrire, m’a d’ores et déjà voué aux gémonies, sans trop savoir au demeurant où cela se trouvait.

Or donc, ici usage académique, comme une injustice en appelle toujours une autre, il semble préférable de rechercher où justice se trouve. Et, toutes proportions gardées, nous sera ainsi fourni prétexte à initier un débat qui nous tient à coeur : l’égalité des hommes & des femmes en Islam, c’est-à-dire la validation par une religion, la nôtre en l’occurrence, de l’égalité intrinsèque des êtres.

Si l’actualité a pour vocation l’exploitation d’injustices toujours changeantes au gré des « évènements », nous trouvons en la disparité de traitements des hommes et des femmes en islam un sujet qui pour le moins se caractérise par sa constance. Le sort des femmes serait en deçà des vertus de la théorie, certes, mais que dit au juste la théorie, c’est-à-dire le Coran, à ce sujet ?

Ceci, non point que nous souhaitions faire de l’audimat, fût-il féminin, mais, qu’au nom de l’Islam, il nous a semblé que cette question était au centre de bien des débats :

1- L’homme peut-il frapper sa femme avec le Coran ?

2- Un être à part entière hérite-t-il de la moitié, et si la femme est la moitié d’un homme n’est-elle pas alors moins que sa moitié ?

3- En matière de témoignage ne faut-il pas deux femmes pour un seul homme ?

4- En matière de sexualité ne faut-il pas quatre femmes pour un homme seul ?

5- Le Prophète n’a-t-il pas dit que la religion de la femme ne valait que la moitié de celle de l’homme ?

6- Dieu n’a-t-il pas dit que les hommes était tout simplement supérieurs aux femmes ?

7- La femme ne doit-elle pas obéissance à son mari, son père ou son frère ?

8- La « fâmme », éternelle tentatrice, ne doit-elle pas se dissimuler à la concupiscence de nos mâles regards ?

9- N’est-il pas dit dans le Coran qu’elle doive rester digne en son foyer ?

10- Que sortir dans la rue est pour elle comme se pavaner au pire temps du paganisme ?

Et puis encore, ou pis encore :

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11- La femme ne sera-t-elle pas au Paradis l’objet sexuel par excellence ?

12- Ne sera-t-elle pas toujours vierge et donc toujours exposée à la défloration ?

13- Ne connaîtra-t-elle pas de répit ?

14- Est-elle éternellement condamnée à n’être que pour l’homme ?

15- L’Enfer ne serait-il pas alors plus équitable en son châtiment ?

Tant de sujets qui se vendent fort bien en format de poche de qamis et se lisent sous la burqa mais, et cela nous préoccupe bien plus encore, disparités et dissymétries majeures très fortement inscrites en l’inconscient de la Communauté comme en son manque de conscience. N’en déplaise à ceux qui se pensent ou se veulent affranchis, il s’agit là d’une donnée sociohistorique que l’on ne peut négliger, une réalité douloureuse que l’on doit entendre cependant que l’assentiment commun la réduit au silence.

Mais, alors, que dit vraiment le Coran de tout cela ? Quel est son message quant à l’égalité des hommes et des femmes ? Comment le Prophète a-t-il pu léguer des paroles qui réduisent à demi la moitié du Monde ?

« L’égalité des hommes & des femmes en Islam », ce titre serait-il une question, une affirmation ou un espoir ? A vrai dire, il est triste d’en débattre. Il est triste d’avoir tant eu à argumenter face à des traditions machistes et misogynes. Il est triste de voir et d’entendre des hommes et des femmes de notre temps se plonger volontairement dans les ténèbres de la ségrégation prétendument au nom de Dieu, au nom du Coran ou de la Sunna. Quelles terribles frustrations et quelles ignorances les poussent, tous, à ce déni d’eux-mêmes et du vrai de leur religion ?

Mais aussi, au contradicteur, probablement encore un de ces « donneurs de leçons aux autres », qui nous répondrait que les musulmans ont vraiment du temps à perdre avec un problème réglé depuis longtemps du coté de l’autre face du monde obscur, je dirais simplement ceci : Ne faites pas comme ceux d’entre-nous qui se construisent une identité sur la différence, le mépris ou la haine de l’autre. Voyez aussi la poutre qui cloue en croix votre cœur et le niqab qui vous aveugle.

La vérité, je le répète, n’a pas de camp ; le mensonge et l’erreur non plus. Les hommes dont le Coran dénonce les travers sont un seul peuple, toi et moi. Ils vivent en un seul monde, celui où le fort tend à opprimer les faibles. Et je vous poserais alors cette question : « Pourquoi affirmez-vous que la femme est l’égale de l’homme ? » Auriez vous jamais oser postuler : « L’homme est-il l’égal de la femme ? » Le présupposé mâle est universel et il ne suffit pas de l’ignorer pour en être exempt ! Et, quand certains sous-produits de votre colonisation pensent même à exiger que certaines jeunes filles de longues robes vêtues négocient leur pudeur, quelle image de la femme « mi-pute mi-soumise » traînez-vous en vos sordides recoins de non-dits ?

Mais encore, il n’ y a que bien peu assez de musulmanes osant parler de la condition des femmes en islam, comme un sentiment antiquement instillé qui ferait de leur silence la garantie de leur piété. En d’autres termes : « sois pieuse et tais-toi ». Les hommes, quant à eux, prouvent leur virilité en affirmant que toute femme, toute la femme, est tentation, fitna et ‘awra, deux mots clef du cadenas de nos fantasmes et de la prison des femmes. Que vous osiez dire que l’aliénation de notre moitié, la ségrégation insurmontable de la femme en la plupart des sociétés musulmanes ou en la tête de musulmans vivant en occident sont totalement inadmissibles anti-islamiques et contraires à la justice divine, et vous voilà aussitôt qualifié et disqualifié ; tout à la fois châtré du turban et suppôt de l’Occident. Un Occident pleinement phantasmatique dont la seule obsession serait de s’emparer de nos femmes… A la rubrique caricature, un musulman ou une musulmane n’aurait ainsi le choix qu’entre camisole religieuse ou fièvre du samedi soir.

Il est curieux si ce n’est navrant, je le concède, que nous ayons à nous poser ce genre de questions. Qui est né en son temps, celui-ci, le nôtre, ne devrait pas avoir à envisager ce sujet, l’égalité lui est intrinsèque et il l’applique à tous et donc à toutes. S’agit-il d’un questionnement religieux, qu’alors le religieux s’en trouve déclassé. S’agit-il d’un discours de partisans d’une religion, qu’alors s’impose le débat. Face à un discours officieux : on dit que les ulémas ont dit que, on dit que le Prophète a dit que, on dit que le Coran a dit que, nous sommes dans l’obligation tout du moins de réexaminer notre positionnement. Or, il n’y a de débat en islam qui ne passe nécessairement par les Textes.

Ainsi donc, un musulman se trouve dans l’obligation d’affronter ses références scripturaires, Coran et Hadîth, et les lectures plurielles et divergentes qui en sont données. Nous l’avons maintes fois dit, ces disputations sont autant d’occasions de revenir à la source de nos sources afin de mesurer et vérifier nos certitudes à l’aune du Coran ; que le Coran, tout comme le Hadît, ne soient prétextes, avocats de nos désirs et passions, fer de lance de nos folies…

Face aux quinze questions ci-dessus, en forme d’accusation, et la liste n’est pas close, faudrait-il nous contenter d’enfoncer des portes ouvertes, fussent-elles celles de l’ijtihâd ! C’est ainsi que nous envisagerons de répondre à cet essentiel vade-mecum de l’injustice au fil d’une série d’articles dont le premier à paraître démontrera, sans difficultés, que le Coran affirme et stipule la totale égalité entre l’homme et la femme, les unes et les uns. Par suite, le Coran ne pouvant se contredire, ce constat nous donnera l’occasion de comprendre les mécanismes qui permettent aux hommes d’interpréter le Texte en fonction de leur grés et usages.

Dr Al Ajamî.

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