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Diversité : le labyrinthe racial

Certains souhaitent généraliser la pratique du CV anonyme, autrement dit, demander à certains Français de masquer leur patronyme pour avoir plus de chances de trouver un travail. D’autres pensent qu’il faudrait autoriser les statistiques ethniques, c’est-à-dire permettre que soient comptés et catégorisés les habitants différents (par la peau, la religion, le nom propre) de notre pays.

D’autres encore pensent que le poids des notes de français et de culture générale au concours d’entrée des grandes écoles est trop important, il serait discriminant. D’aucuns voudraient conditionner l’octroi de fonds aux partis politiques au nombre de « divers » que comptent leurs rangs. Les deniers publics s’adapteront donc au prix -à fixer- du « noir » et de « l’arabe ». Cela se passe en France, en 2009.

Tout cela parce que nos responsables politiques sont parvenus à imposer un mot, repris unanimement comme un mantra censé exorciser d’un coup de baguette statistique les discriminations qui fracturent notre pays. Ce mot est « la Diversité ». Du CSA qui veut colorer nos écrans aux entreprises qui peuvent se former au « management de la diversité », tous sont désormais convaincus que la marche vers l’égalité passera par la diversité. L’intention est louable, parce que des territoires et des populations sont toujours exclus, aujourd’hui, des circuits économiques.

Notre pays a failli pour corriger une réalité dont nous voyons et vivons les effets dévastateurs. Même le cri de novembre 2005 n’a pas été écouté et plutôt que de l’entendre dans sa dimension française commune, les politiques ont préféré l’ethniciser et pire encore, le criminaliser. Ce faisant, ils ont choisi, à la suite des analyses les moins crédibles des émeutes, d’occulter le caractère social et politique de la contestation et de la réduire à du communautarisme racial et religieux.

Il n’y avait alors plus qu’à « vendre » le concept de « diversité » pour en faire aujourd’hui LA panacée. Par la magie sournoise des discours publics « autorisés », lutte contre les discriminations et lutte contre les inégalités sociales se sont brouillées dans un même discours, au point que la lutte des races finit presque par remplacer dangereusement la lutte des classes.

Ce glissement sémantique « contrôlé » est dangereux d’abord parce que le problème des inégalités économiques est seulement réduit à sa dimension ethnique. Avec leur « diversité », nos responsables politiques estiment avoir trouvé le moyen pour penser et panser les inégalités sociales.

Mais cette diversité ethnique permet juste d’avoir plus de gens « divers » à la table des élites et des riches… non pas d’avoir moins de pauvres ! Pas plus qu’aux Etats-Unis, dont elle s’inspire, cette politique ne réduira les inégalités : elle permettra tout au plus de mieux les gérer. La « diversité » ethnique n’est pas un remède à prescrire, mais à proscrire !

Remède dangereux aussi parce que pratiquer la « diversité » ethnique, c’est non seulement maintenir les inégalités, mais en introduire de nouvelles au sein de notre société. L’idée du racisme, qui est celle qu’on est censé combattre, est en réalité renforcée. Au lieu de pousser à l’ « indifférence raciale », si chère à nos valeurs républicaines, on va tenter de gérer des différences, dorénavant institutionnalisées !

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La France n’a jamais eu besoin de mesures spécifiques pour intégrer ou absorber jusque dans ses plus hautes instances les gens « venus d’ailleurs ». Notre Président en est le meilleur exemple ! Alors pourquoi certaines minorités ethniques, aujourd’hui, devraient-elles être « comptées » ou décomptées ?

Puisqu’apparemment on veut imiter les Etats-Unis, ira t-on comme eux au bout de la logique en créant la « police des communautés » ? Pourquoi faudrait-il abandonner nos principes simplement parce que nous peinons à les appliquer ? Drôle d’arithmétique, décidément, que celle qui sous prétexte d’ajouter des « divers » va en réalité diviser les Français et soustraire nos institutions à une vraie rénovation.

Ces comptages ethniques sont un jeu à somme nulle. S’ils améliorent la situation, cela voudrait dire que nous sommes bien dans une société raciste ! Si en revanche ils échouent à faire progresser les choses, on aura juste perdu du temps, et encore reculé le moment d’une vraie réflexion de fond. Sans oublier qu’on aura aussi renforcé la crispation de ces « divers » que l’on met aujourd’hui en équation et qui ne feront pas partie des « retenus ».

Car finalement, que révèle cette diversité ? N’est-elle pas réalité une manière de déguiser sous de nouveaux oripeaux une vision éculée dont il serait grand temps de se débarrasser, celle qui persiste à voir en certains nouveaux Français des gens « à intégrer » ?

Si l’on voulait réellement donner les mêmes chances de réussite à tout le monde, on ne ferait pas de ce sujet une question « raciale », déléguée à des personnes dont on exige une « compétence ethnique » plutôt que technique. Institutionnaliser et valider politiquement cette question de la « diversité » en lui dédiant un Commissaire ne légitime pas le problème et encore moins les solutions proposées.

Non, le sujet est trop grave pour être posé ainsi.Il serait temps que nos dirigeants redonnent toute sa place à une véritable politique éthique et non plus… ethnique. Il faut replacer au cœur de nos préoccupations l’amélioration effective du sort des plus désavantagés, au lieu de se perdre dans ce labyrinthe racial de la diversité.

Il faut aussi et surtout que les Français « divers » récusent et refusent ce piège politique qu’est la « diversité », au lieu de le nourrir. Les Français que nous sommes se ressemblent parce qu’ils se rassemblent autour du partage de principes qui ne sauraient accepter ces dangers que nous fait courir la diversité. Et ces principes doivent faire de nous tous des égaux. Et pas des egos… « divers » qui entament notre unité nationale.

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