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Crise civilisationnelle en terre d’Islam (partie 1 )

Le cas algérien, enjeux et dénouement

A l’occasion de l’une des cérémonies de commémoration de la fête nationale le Président Abdelaziz Bouteflika, a évoqué l’incapacité en Algérie à lire correctement les événements qui survenaient, et par suite, à leur appliquer les traitements qui conviennent.

« Les solutions, -a-t-il dit-, se présentaient comme des bâtons d’allumettes grattés l’un après l’autre pour éclairer la demeure, mais qui s’éteignaient vite, successivement, pour laisser place au même problème. » (1)

Ce constat imagé, laisse entendre que les dirigeants successifs et les élites qui sont censées les éclairer dans la réflexion et l’analyse n’ont pas été en mesure de formuler correctement l’énoncé du problème « crise nationale » et par là même de lui trouver les solutions adéquates.

Dans un ouvrage récent, l’analyste politique Ignacio Ramonet, décortiquant les éléments d’une autre crise, celle de la civilisation occidentale écrit : « La crise c’est aussi l’incapacité mentale, intellectuelle, conceptuelle à mesurer la dimension de la crise. » (2)

Il semble bien, pour ce qui nous concerne, que nous soyons tout à fait dans ce cas de figure.

La présente réflexion se propose de contribuer à mesurer cette dimension, de cerner les enjeux et la problématique qui en découlent, et d’esquisser un cadre politique susceptible d’enclencher la dynamique d’une véritable sortie de crise.

La lutte de libération des Algériens et le recouvrement de leur indépendance ne constituent pas seulement la fin de 130 années de colonisation française, ils représentent, en réalité, pour l’Algérie musulmane, la fin d’une longue période (sept à huit siècles selon les auteurs) d’une stagnation civilisationnelle qui a fini par provoquer une régression générale dans tous les domaines : économiques et sociaux, politiques et culturels.

Cette situation n’est d’ailleurs pas spécifique à l’Algérie. Elle a concerné également, avec quelques nuances, tous les pays du monde arabo-islamique et notamment ceux dont les peuples ont perdu l’initiative historique sous la tutelle d’un califat ottoman défaillant et subissant l’hégémonie occidentale.

De ce point de vue, et contrairement à ce qui peut ressortir d’une approche superficielle, nos sociétés ne sont pas en déclin ; elles se trouvent précisément à un stade où elles ont mis fin au déclin. En Algérie, la succession rapide d’événements plus ou moins marquants lors de ces dernières décennies, -lutte sanglante de libération , recouvrement d’une souveraineté longtemps effacée des mémoires, passage en force du modèle socialiste, effondrement de ce même modèle, avènement dans le désordre du modèle libéral, retour en force du modèle islamique, dérives tragiques suscitées par le rejet du fondamentalisme- sont autant de ruptures et de remises en question, qui, en tout état de cause s’avéreront à moyen terme préférables à l’immobilisme et à la stagnation.

Ces ruptures s’inscrivent dans le contexte global de décolonisation et de modernisation qui a caractérisé le vingtième siècle.

Les Etats-Nations musulmans qui se sont constitués depuis la première guerre mondiale, ont « opté » globalement pour trois types de régime :

Une minorité a ré-institué à l’échelle nationale, « l’État islamique », qui faute d’évolution de la pensée en terre d’Islam, a remis en service des institutions de l’âge d’or du Califat qui se sont avérées archaïques et inefficaces au regard des exigences de notre époque. Dans le meilleur des cas, certains de ces régimes ont puisé dans des rentes pétrolières pour « gadgétiser » leurs sociétés et leur donner les apparences de la modernité ;

D’autres nations ont été subverties par le modernisme rationaliste occidental, soit d’obédience socialo marxiste, soit de facture capitaliste et libérale ; les unes et les autres ont malgré tout réussi à tirer quelques profits de la confrontation internationale de ces deux idéologies antagonistes, parvenant à mettre en place les structures d’un État moderne, ou jetant les bases de l’industrialisation de leurs pays. Ce faisant, comme en occident, elles laisseront en chemin une partie de leur âme.

C’est à partir de ce cadre général, que l’on a vu en Algérie, naître ou renaître, se confirmer ou se durcir, les enjeux qui vont nourrir les conflits idéologiques et politiques, et alimenter les confrontations sur le terrain, soit pour imposer un projet de société, soit pour accéder au pouvoir ou pour y rester.

Dans le cadre limité de cette contribution, seuls les plus notoires de ces enjeux seront explicités dans leurs grandes lignes.

L’enjeu identitaire.

C’est celui qui a incité certains protagonistes à mettre en avant le plus de faux arguments, exposant ainsi un domaine affectif à des manipulations dont nous ne maîtrisons probablement pas tous les tenants et les aboutissants.

Si l’on s’en tient aux études ethniques les plus sérieuses, comme celles d’Ibn Khaldoun (3) qui ont servi de références à l’Orient comme à l’Occident, toutes les versions relatives à l’origine des peuples du Maghreb situent celle-ci au Moyen Orient.

Les premiers maghrébins seraient issus de deux grandes souches ; celle des Bernes, appelés aussi Al Baranis, et celle des Madghis surnommés El-Boutr. L’auteur d’Elmouqaddima cite des généalogistes berbères tels que Al Qûmi, Qahlan, Ibn Abi Lûwa, Ibn Souleimen Matmati, selon lesquels ces deux souches seraient elles mêmes issues de Berr fils de Mazigh fils de Canaân fils de Cham fils de Noé. Jallut -le Goliath adversaire de David -fût un de leurs rois, et les Philistins, ancêtres des Palestiniens étaient leurs parents.

Ces mêmes généalogistes berbères auraient établis que certaines de leurs tribus comme les Luwata, les Huwâra, les Zenata, les Zuwawa sont d’origine arabe .

Sous l’occupation romaine puis byzantine, cette spécificité ethnique, a fait que les Berbères, soumis aux rapports dominants – dominés, se trouvèrent de manière quasi-permanente en état de rébellion. On sait que Jugurtha, roi de Numidie a fini ses jours enchaîné dans un cul-de basse-fosse à Rome.

C’est au VIIème siècle, avec l’arrivée des premiers Musulmans au Maghreb, venus en expédition ou pour s’installer en simples immigrés ou en tant que réfugiés politiques ou religieux, que les Berbères entrèrent de plein pied et à part entière dans l’histoire des civilisations.

Les affinités ethniques, la découverte d’une religion qui convenait tout à fait aux préoccupations tant morales et spirituelles que politiques et sociales des populations locales, firent que l’islamisation de la contrée se déroula relativement rapidement et sans grande résistance.

Les Berbères sont évoqués très tôt dans les textes scripturaires de l’Islam. Des Hadiths du Prophète(b.d .s.l) leur prédisent un rôle prestigieux dans la glorification de l’Islam et dans la restauration des valeurs dans la société musulmanes quand ces valeurs se seront corrompues. L’Imam Ali abonde dans ce sens,et estime dans son interprétation du verset 5 de la Sourate « El Meïda » qu’en ce qui concerne le « qâoum » « qui aimera Dieu et que Dieu aimera » c’est du peuple berbère venu de l’Ouest qu’il s’agit. (4 )

Dès l’origine, ils furent avec les Persans, et un peu plus tard avec les Turcs, parmi les grands peuples qui par conviction profonde, se mirent au service de la nouvelle religion et portèrent haut le flambeau de la civilisation qu’elle a instaurée.

De grandes figures et de puissantes dynasties jalonnent cette épopée, certainement la plus glorieuse et la plus significative de leur histoire jusqu’alors.

  • Tariq Ibn Zyad, qui en 711 à la tête d’une poignée d’hommes conquit l’Espagne en trois années et en fit une terre d’Islam.

  • Maysara, contestant les mesures discriminatoires édictées par le gouverneur de Tanger,et prenant en 749 la tête d’un mouvement kharidjite (5) qu’il conduira jusqu’à l’ancienne Tahert (Tiaret) où ses successeurs instaurèrent le premier État islamique berbère plus connu sous le nom de royaume rostomide.

  • C’est au Maghreb central que vers 893, Obeïd Allah, héritier légitime de l’Imam Ali, accueilli et soutenu par la puissante tribu des Kottama -implantée dans la région de Sétif -créa le premier État chiite de la Oumma. Sa dynastie -la dynastie Fatimide -toujours soutenue par ses partisans berbères finira par s’installer en Egypte en 973, où faute d’avoir repris le Califat aux Abbassides, instaurera le sien propre, fondera la ville du Caire et érigera l’Université d’El Azhar.

  • Bologhine Ibn Ziri, le fondateur de Djazaïr-Mezghenna, notre capitale actuelle, qui au départ des Fatimides forma le projet de régenter tout le Maghreb, occupa Tlemcen, puis Fez en 979, prit le nom arabe de Youcef Abou El Foutouh, et porta le titre de Seïf ed daoula.

  • Son fils Ahmed aura un destin aussi prestigieux.

Installé par Bologhine à Achir en 1004,il se vit attribuer le pouvoir sur le Maghreb Central. Il réussira à imposer son autorité, de la région de Constantine à la ville de chlef, et fit construire la « qalaâ » des Béni-Hamed qui deviendra une véritable capitale administrative,économique et culturelle dont le rayonnement s’étendra au-delà de ses frontières. Ses descendants, En-Nacer (1067), puis El-Mansour (1089), transférèrent cette capitale à Bédjaîa (Bougie) où elle continua à répandre les fruits de la civilisation arabo-islamique dans tout le bassin méditerranéen.

Au Xième siècle les Maghrébins étaient totalement intégrés à la Oumma islamique. Ils l’étaient au point de prendre l’initiative de plusieurs réformes religieuses.

Motivée par ses foqaha, la tribu des Lemtouna partit de Sakiet El Hamra (Sahara occidental) pour imposer une doctrine de renouveau religieux, non seulement au Maghreb occidental, unifié à cette occasion, mais également à la majeure partie du Maghreb central, ainsi qu’à l’Andalous. Ce fut le mouvement des Mourabitoun (almoravides)

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L’un de leurs grands chefs, Youcef ibn Tachfin, se distingua particulièrement lors de l’épique bataille de Zellaqa (Espagne) en 1086, à l’issue de laquelle il reçut le titre glorieux de Amir el Mouslimin wa Nacir Eddin ; le Calif abasside El Mountadher le reconnut comme souverain de l’Andalous et du Maghreb.

Ce mouvement fut contesté à son tour par une autre réforme religieuse, celle des Mouahidoun (almohades). Cette réforme a été initiée par un autre grand nom de l’Islam maghrébin : Mouhamed ibn Toumert. Il est né dans la tribu berbère des Hintata dans le sud marocain vers 1087. Son nom et celui de Abdelmoumen ibn Ali, natif de la région de Nédroma, resteront attachés à la construction d’un des plus grands empires de l’époque, qui s’étendait de l’Océan atlantique à la Tripolitaine et englobait une grande partie de l’Espagne. Ce fut l’État le plus puissant de l’Afrique septentrionale et de la Méditerranée occidentale et couvrit une époque de plus d’un siècle, qualifiée par certains auteurs « d’âge d’or » du Maghreb arabe. Ce fut l’époque d’Aboumedienne Chouaïb, d’Ibn Arabi, d’Ibn Tofaïl, d’Ibn Rochd, de Maïmonid le savant juif arabisé, et de bien d’autres ; l’époque où s’épanouissait le savoir qui allait féconder l’Europe moyenâgeuse et établir les bases philosophiques et scientifiques qui allaient donner naissance à la civilisation rationaliste industrielle.

Curieusement, c’est après cette fécondation que de l’est à l’ouest, la Oumma entra en phase de stagnation puis de régression. C’est autour du XIVème siècle que le Maghreb arabe pénétra dans cette triste période que Malek Bennabi qualifie de « post-almohade » et dont on peut considérer que la remise en question, pour nous Algériens, n’a commencé en définitive qu’à partir du soulèvement du 1er Novembre 1954.

Le déclenchement de la guerre de libération a de nouveau été l’occasion pour les Berbères arabisés par l’Islam que nous sommes, de réaffirmer notre identité en répandant généreusement notre sang à l’appel de « Allah Akbar », face à des occupants qui avaient tenté en vain pendant 130 ans de nous imposer leurs valeurs, le sabre d’une main et le goupillon du prêtre de l’autre.

Se peut-il qu’un peuple qui a participé à une épopée millénaire aussi glorieuse, qui a levé haut l’étendard d’une civilisation ayant sorti l’humanité de l’antiquité barbare pour la mettre sur les rails de la modernité contemporaine, qui professe une foi adoptée par 30% de la population mondiale, se peut-il que ce peuple soit encore à la recherche d’une identité ? Il faut s’être trompé de société, ou nourrir des desseins inavouables pour se poser de telles questions.

L’enjeu islamiste.

Par suite de l’incapacité de la « Nahdha » à revivifier en son temps la société musulmane, de l’abolition du « Califat », en 1924, des accords secrets « Sykes-Picot » qui ont dépecé la Oumma islamique, de la mise sous tutelle des peuples qui avaient échappé jusqu’alors à l’hégémonisme européen, l’occident du début du XX° siècle a semble-t-il rangé l’Islam -en tant que système de gestion de société- au musée des civilisations périmées.

Rappelons qu’à la différence du Judaïsme et du Christianisme, qui n’on développé qu’une éthique, une culture et des rapports au sacré, l’Islam quant à lui, dès son apparition, a servi de fondement à l’instauration d’un État islamique, et a été la source de valeurs, de principes,de normes,qui ont dans un laps de temps étonnamment court,donné naissance à une brillante civilisation où le référent religieux était au centre de tous les aspects de la vie,de la mort,de l’après mort.

Cette prégnance du spirituel sur le croyant et sur la société musulmane, cette certitude qu’il n’y a d’organisation politique économique et sociale que celle relevant du Coran et du Hadith formalisés en Chari’â sont telles qu’aucun théologien, aucun « ‘alim », aucun musulman n’accepterait l’idée que la civilisation islamique, à l’instar des autres civilisations devrait obéir forcément aux cycles de la naissance, du développement et de la disparition des formations sociales tels qu’observés par des auteurs occidentaux.

Cela voudrait dire que l’Islam lui-même serait susceptible de disparaître en tant que norme méta sociale, devenir une coquille vide pour laisser place à un autre système de valeurs comme cela s’est produit pour les autres religions.

Cela voudrait dire que le credo selon lequel l’Islam est la synthèse parfaite de toutes les croyances précédentes, seraient susceptibles d’être remises en question.

Depuis le XIIIème siècle et la « clôture » des quatre « madhahib » (6) qui a mis fin à l’évolution de la pensée islamique et bloqué tout progrès, ces éventualités ne cessent d’hypothéquer notre système de valeurs.

On sait en effet que cette « fin de l’histoire » avant la lettre décrétée par nos « fouqaha » (7) ne se limita pas au domaine religieux. Toute activité intellectuelle étant à l’époque plus ou moins tributaire des sciences religieuses, la fermeture des voies de « l’idjtihad » (8) s’est vite étendue à l’activité de la pensée tout court. L’anathème n’a épargné ni les penseurs des époques antérieures tels que Ibn Sina, El Kindi ou El Farabi, ni ceux de la même période comme Ibn Arabi, Ibn Rochd ou Ibn Tofaïl.

Pendant des siècles cette chape de plomb qui a lentement enfoncés le monde musulman dans la régression n’a été perçue comme telle ni par les « diseurs de droit » attachés à leurs privilèges, ni par la plupart des Califes, Sultans et Emirs essentiellement préoccupés par la pérennisation de leurs dynasties.

Même la grande « nékba » qui au 19° siècle a complètement renversé les rapports de force entre une « Dar el Islam » exsangue et l’Occident triomphant,n’est pas parvenue à faire prendre conscience à nos « gardiens du temple » du retard intellectuel accumulé au cours des ans.

Pour tenter de redorer le blason de la civilisation arabo-islamique, les initiateurs de la « Nahdha » se sont contentés de prôner le retour au modèle de l’Etat islamique de Médine tel qu’il fonctionnait du temps du Prophète et des Khoulafa errachidoun.(9 )

Cette tentative a bien entendu conduit à une impasse, aidée en cela il faut bien le dire, par les assauts hégémoniques de l’Europe en quête de revanche sur Salah-Eddine- le général qui a mis fin aux croisades du Moyen Age en même temps qu’à de nouveaux marchés et à des territoires faciles à conquérir.

Ce n’est que grâce à l’action des mouvements nationalistes qu’un siècle plus tard, tous les pays arabo-musulmans à l’exception de la Palestine ont recouvré leur souveraineté formelle…

S’arrogeant le droit historique d’exercer le pouvoir sur leurs peuples, les libérateurs échouèrent cette fois-ci dans la gestion de leurs pays et dans la parade aux agressions multiformes inédites de l’Occident. Ces échecs ont tout naturellement conduit à la résurgence du modèle islamique comme système pérenne incontournable de la société musulmane.

Mais là où il eut fallu puiser dans les principes généraux posés par le Coran, la Sounna du Prophète, le consensus des oulémas, pour enrichir la pensée, la faire évoluer afin de répondre aux besoins inédits apparus dans tous les domaines, on continua à élever au niveau de dogme, des constructions intellectuelles produites par de simples juristes d’un passé lointain. Journellement, la quasi-totalité de nos « savants » et « Chioukh » nous rabâchent doctement sur toutes les chaînes de télévision, dans les mosquées et dans les livres, des prescriptions édictées par des « moudjtahidin » il y a mille ans, et nous les proposent au règlement de problèmes de la société d’aujourd’hui.

Au début du 20° siècle déjà, le Cheikh Mohamed Abdou (10) condamnait sévèrement cette attitude de ses paires allant jusqu’à la qualifier de polythéiste.

Il n’est pas douteux que c’est ce type d’attitude qui de nos jours, discrédite la « vraie religion au regard de Dieu » (11) fomente de tragiques guerres civiles, ou préside à l’instauration d’Etats plus proches de la barbarie antique que du califat abbasside.

Notes :

1.Texte du discours tiré du quotidien « El Moudjahid »du 5/7/2002

2.Ignacio Ramonet :  Géopolitique du chaos  ed .Galimard

3.Ibn Khaldoun : Peuples et Nations du monde ed .Sindbad

4.Mahfoud Kaddache : L’Algérie médiévale ed .E.N.A.L. Alger

5.Secte issue du refus de l’autorité du Calife Ali

6.Corpus juridiques produits par les quatre principales Ecoles sunnites .

7.Juriste disant le droit dans les sociétés musulmanes.

8.Effort d’adaptation du droit selon le contexte.

9.Les 4 premiers Califes réputés bien inspirés.

10.Mohamed Abdou : Rissalat Ettaouhid ed. E.N.A.G.Alger

11.Coran : Sourat :III verset :19.

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