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Compte rendu de la réunion avec Insert Communication

Comme chacun sait, une grosse campagne d’affichage intitulée « Je t’aime Israël » s’est étalée sur les devantures de commerces dans Paris et la région parisienne. Cette campagne a beaucoup choqué le public, du moins ceux qui sont au courant des exactions de l’armée israélienne dans les territoires occupés. Elle a également choqué de nombreux commerçants qui se sont retrouvés, à leur corps défendant, promoteurs d’une campagne dont ils ne se sentaient absolument pas solidaires. De nombreux commerçants se sont ainsi adressés à des associations du Collectif National Palestine, en particulier le MRAP, pour protester contre cette situation et demander des mesures.

C’est ainsi qu’une délégation comprenant des commerçants, une représentante du MRAP, un représentant de la Coordination des Comités Palestine, un représentant de l’AFPS et un représentant des milieux artistiques a demandé et obtenu un rendez-vous avec la société Insert Communication, maître d’œuvre de l’affichage de cette campagne. La réunion s’est tenue lundi 18 avril à 16 h dans les locaux de la société, représentée par son directeur commercial, M. De Chaillé. La réunion commence par une présentation de la société, dont nous avons appris qu’elle disposait d’une clientèle de 35.000 commerçants répartis dans toute la France et qu’elle appartenait à un actionnaire britannique, Duke Street Capitals. Nous avons ainsi appris que, dans les faits, les commerçants pouvaient en théorie refuser un affichage s’ils s’estiment heurtés par son contenu ou qu’il porte atteinte à la réputation ou à la neutralité de leur établissement. Dans les faits, très peu de commerçants connaissent cette disposition, la société ne leur en jamais fait part. La délégation a suggéré à M. De Chaillé de combler cette lacune, ce dont il a pris note.

En ce qui concerne la campagne elle-même, elle a mobilisé 2.200 panneaux à Paris et en région parisienne et a coûté 50.000 Euros. A la question de savoir si le BVP (Bureau de Vérification de la Publicité) avait donné son feu vert à cette campagne, M. De Chaillé n’a pas fourni de réponse claire. En réalité, ce genre de campagne est proposé par une agence (dans ce cas, l’agence MVS SARL, 120, rue Jean Jaurès, Levallois-Perret, www.mvspro.com). Théoriquement, c’est l’agence qui doit soumettre le projet au BVP. Nous allons éclaircir ce point en prenant contact avec cette agence.

Après cet échange, vient le temps de l’aveu. Petit florilège, de la bouche de M. De Chaillé :

« Je suis sûr qu’on a fait une bêtise »

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« On n’a pas su »

« On s’est fait piéger »

En fait, le dossier leur a été présenté comme une opération de mécénat. Aussi incroyable que cela puisse paraître, personne de la société Insert Communication, selon les dires de M. De Chaillé, n’a vu quelque chose de répréhensible dans l’affiche en question. Bien sûr, il s’est abrité derrière le fait qu’ils doivent traiter des milliers d’affiches. La délégation a cependant exprimé sa consternation devant le fait qu’une société d’affichage puisse méconnaître à ce point la situation au Proche-Orient et le grave danger de dérapages que pouvait entraîner cet affichage. Pour l’anecdote, la seule chose qui a fait débat au sein de la société d’affichage, c’est la présence du « je » ! La délégation a fait, à l’intention de M. De Chaillé, un rappel historique de la situation au Proche-Orient, insistant sur le déni de droit absolu infligé par Israël aux Palestiniens. Elle fait remarquer que la présence du soldat sur l’affiche montre bien que cette opération doit servir à lever des fonds pour l’armée israélienne, lui permettant ainsi de continuer à mener son œuvre de colonisation et de destruction de la société palestinienne. Ce n’est pas une première ! Des initiatives du même genre ont déjà été menées dans plusieurs villes de France, dans un climat de tension et de réprobation générale. M. De Chaillé s’étonne de n’avoir reçu que très peu d’écho des commerçants. Il rappelle qu’il a l’habitude des réactions des commerçants qui s’indignent du caractère sexuel, voire pornographique de certaines affiches. La délégation lui répond que cette absence inhabituelle de réactions devrait au contraire l’inquiéter. Elle signifie que le contrat de confiance avec les commerçants est mis à mal et que ces derniers, devant l’ampleur de la provocation, préfèrent en appeler aux associations de la société civile, voire à la justice.

M. De Chaillé ayant reconnu la responsabilité de sa société dans cette campagne indigne, la délégation lui demande comment il compte réparer le tort ainsi causé. Il est réceptif à cette demande. Il propose d’abord l’éventualité d’adresser un courrier d’excuses aux commerçants concernés, suggestion écartée par la délégation car elle resterait inconnue du public qui a subi l’agression visuelle de cette affiche. La délégation lui propose plutôt de promouvoir, à titre gracieux, une campagne centrée sur la culture palestinienne. Cette campagne devrait se traduire par l’organisation de débats, soirées festives, présentation de films dans des dizaines de cafés ou établissements assimilés à Paris et en région parisienne. Le rôle de la société Insert Communication serait d’offrir l’affichage de cette campagne, dans une dimension comparable à celle de la campagne « Je t’aime Israël ». Il donne son accord de principe, en posant des conditions. Il faut, selon lui, que cette campagne n’apparaisse pas comme une réponse à la précédente. Il émet des craintes sur d’éventuelles retombées polémiques. Nous le rassurons sur ce point en lui indiquant que, contrairement à Israël, nos associations se placent sur le terrain exclusif du droit et de l’application des résolutions internationales.

Plusieurs établissements (une trentaine de cafés) nous ont déjà donné leur accord. Il nous reste à élaborer l’affiche et la proposer à la société Insert Communication, après accord des associations concernées par l’opération et soumission au Collectif National Palestine. Nous comptons mener cette opération durant tout le mois de juin 2005, avec en point d’orgue une grande soirée festive dans une grande salle parisienne aux environs du 15 juin.

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