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Le désenchantement des figures tutélaires de l’islam (de) France

« L’origine de toutes les erreurs est, en un certain sens, la même que celle des erreurs de calcul, qui arrivent aux arithméticiens. En effet, il arrive souvent qu’à défaut d’attention ou de mémoire, nous faisons ce qu’il ne faut pas faire ou que nous omettons ce qu’il faut faire, ou bien que nous croyons avoir fait ce que nous n’avons pas fait, ou que nous avons fait ce que nous croyons n’avoir pas fait. »

Leibniz

L’UOIF vient d’essuyer un retentissant revers de la part des autorités françaises qui devrait sérieusement, à l’avenir, faire réfléchir aussi bien ses leaders actuels que leurs suivistes. Puisque deux de ses invités phares, prévus au départ, sont apparemment interdits de territoire ou en passe de l’être : Youssouf Al-Qaradhawi et Mahmud Al-Masri.

Nous ne nous focaliserons pas sur ce qui motive ces interdictions. Disons que l’UOIF donne le bâton pour se faire battre. C’est, en tout état de cause, l’un des symptômes (loin d’être le seul) d’un mouvement en décalage manifeste avec les attentes et les défis des musulmans français ou de France. La dénomination de l’organisation (Union des Organisations Islamiques deFrance) pourrait prêter à sourire si elle ne laissait pas pendante, l’idée insidieuse d’indiquer que l’organisation est à même de représenter, à tort bien évidemment, l’ensemble des musulmans de France.

En promouvant, soi-disant, un islam de France que celle-ci, pourtant, n’incarne absolument pas, de loin s’en faut. Et pour cause. C’est un islam dont les ressorts idéologiques sont essentiellement d’importation. Son positionnement, depuis des années, cumule des inconsistances inhérentes à l’absence d’objectifs précis et de cohérence dans ses représentations du monde. Pour ne rien dire du mélange des genres entre politique et religion, sans grand discernement du reste. Et nous allons essayer de le démontrer à l’aide d’exemples mineurs mais somme toute révélateurs des inconsistances en cause.

 De quel islam de France l’UOIF se fait-elle le héraut alors que depuis sa fondation (1983), l’organisation est essentiellement gérée par des personnalités qui, de par leur itinéraire propre, ont été abreuvées à la pensée exogènedes Frères musulmans ? En plus que d’avoir été socialisées, pour nombre d’entre eux, que tardivement en France et ainsi pu être pénétrées, à la fleur de l’âge, par son environnement et son histoire ?

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Où sont, dans ses rangs, les nouvelles figures françaises, émergentes, qu’elle prétend encadrer et valoriser dans l’édification d’un islam deFrance ? Depuis 29 ans d’organisation du congrès annuel du Bourget, c’est le même constat affligeant : la plupart des intervenants viennent de l’étranger dispenser la bonne parole aux musulmans français et de France. Et le devoir d’inventairede l’UOIF dans tout cela ? Y a-t-il eu seulement l’amorce d’une autocritique ?

Nous sommes par conséquent en droit de nous interroger davantage, en tant que modestes observateurs de la vie sociale, sur les contradictions de l’UOIF : l’islam de France serait-il à ce point pauvre en ressources humaines et en compétences, pourtant bien réelles au demeurant, que l’UOIF serait incapable de donner voix au chapitre à des jeunes générations françaises (introuvables ?) pas forcément acquises aux thèses de l’islamisme ou affiliées à une orientation idéologique voisine ?

Cette infantilisation chronique de ces jeunes générations en question, maintenues de la sorte sous perfusion permanente, voire cette suspicion fâcheuse à leur endroit, est naturellement le symptôme profond d’un déphasage complet entre le discours de ses officiels, leurs actes concrets d’une part et les réalités vécues par les musulmans de ce pays dans la diversité qui les caractérise, d’autre part. Il est temps que les musulmans, quelles que soient leurs obédiences, se libèrent de toute forme de figure tutélaire ou d’icône et qu’ils sechoisissent enfin.

Afin de distinguer le bon grain de la spiritualité de l’ivraie politique qui cache des desseins de domination et d’instrumentalisation de la foi, par quelques-uns, dans le cadre de stratégies clientélistes en tout genre. Force est donc de constater que l’UOIF dit ce qu’elle ne fait pas et fait ce qu’elle ne dit pas. Règle sociologique élémentaire qui, dans le cas d’espèce, est parfaitement bien illustrée. Leibniz, en exergue, est là pour nous en rappeler la substantifique matière.

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